Potiers de Guinée : Entre sueur, argile et lutte pour survivre

Dans l’ombre des grandes industries et de la modernisation, le métier de potier subsiste tant bien que mal, porté par la passion et le savoir-faire ancestral de ses artisans. À Conakry, Maître Salli Bilaly Bah, chef d’un atelier de poterie, nous ouvre les portes de son quotidien marqué par des défis de taille.

La première difficulté à laquelle sont confrontés les potiers est l’accès aux matières premières. « Nous nous débrouillons comme nous pouvons. Les matériaux de base, comme les caisses et les bouteilles de camions, sont achetés ou parfois apportés par des clientes. Ensuite, nous mélangeons du sable et de la terre rouge pour obtenir la boue nécessaire à la fabrication des marmites », explique Maître Bilaly Bah.

Mais l’approvisionnement reste un parcours semé d’embûches. « Il y a eu une période où nous n’arrivions plus à nous procurer ces matériaux. Aujourd’hui, même si les prix sont élevés, nous parvenons tout de même à en trouver. Dans les magasins, le kilo de matière première se vend à 12 000 francs guinéens, tandis que certains fournisseurs nous le cèdent à 10 000 francs. »

Outre la difficulté d’approvisionnement, les potiers doivent composer avec l’évolution technologique qui bouleverse leur secteur. L’essor des marmites électriques et des ustensiles en aluminium réduit progressivement la demande pour leurs produits artisanaux.

« Les clients viennent de temps en temps, mais il n’y a pas de régularité. Certains jours, nous restons jusqu’au soir sans vendre une seule marmite », confie Maître Bilaly Bah, le regard empli d’inquiétude.

Malgré ces épreuves, ces artisans gardent espoir et espèrent une prise en compte de leur situation par les autorités. « Nous voyons d’autres corps de métier bénéficier d’aides et d’accompagnements. Nous aussi, en tant qu’artisans, nous avons besoin d’un soutien pour évoluer. Malheureusement, nous n’avons pas encore trouvé de porte ouverte », regrette-t-il.

Dans un contexte où les traditions artisanales risquent de disparaître sous la pression de la modernité, l’appel de ces potiers mérite une attention particulière. Soutenir ce secteur, c’est préserver un patrimoine, un savoir-faire et des emplois pour de nombreux Guinéens.

 

Mohamed Diallo pour Planete7.info 

Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.

Accueil
Radio
Tv
Replays