N’Zérékoré : Les gestionnaires de télécentres face à la concurrence de l’électricité
L’arrivée du courant électrique dans la ville de N’Zérékoré, située en région forestière, bouleverse une activité autrefois prisée par de nombreux jeunes sans emploi : la gestion de télécentres. Ces points de services, autrefois essentiels pour recharger les téléphones et fournir d’autres services de communication, voient leur fréquentation chuter drastiquement, laissant les gérants dans une situation précaire.
Le mardi 3 septembre 2024, l’équipe de Planete.7 Info est allée à la rencontre de plusieurs gestionnaires de télécentres pour recueillir leurs témoignages sur cette nouvelle réalité. Mamadou Aliou Diallo, diplômé et propriétaire d’un télécentre, déplore la baisse dramatique du nombre de clients depuis l’électrification de la ville.
« L’arrivée du courant dans la ville a énormément impacté notre activité. Avant, nous recevions beaucoup de téléphones à charger, mais depuis que l’électricité est disponible, presque personne ne vient. Seuls les étrangers qui n’ont pas de chargeurs à domicile continuent de faire appel à nos services. Depuis ce matin, je n’ai reçu que deux téléphones, une radio et une torche à charger », explique Mamadou Aliou Diallo, visiblement désabusé.
En plus de la rareté des clients, Mamadou Aliou Diallo se plaint également des comportements désagréables de ceux qui persistent à fréquenter son télécentre. « Certains clients viennent déposer leur téléphone, puis reviennent 30 minutes plus tard en disant qu’il n’est pas chargé à 100 % et refusent de payer. Nous sommes contraints de céder pour ne pas perdre la clientèle restante », ajoute-t-il.
Le constat est partagé par Siba Lamah, un autre gérant de télécentre. « Avant l’arrivée de l’électricité, notre activité marchait bien. Mais aujourd’hui, tout le monde a le courant chez soi. Ce sont désormais les services de transfert de sons, de vidéos, et autres qui attirent les clients. Les recharges de téléphones, c’est devenu rare », souligne-t-il.
Pour certains, comme Ibrahima Sory Sidibé, la situation a nécessité une adaptation. « Si hier, notre activité principale était la charge, aujourd’hui, avec l’électricité, nous avons dû diversifier. Nous continuons à faire des recharges, mais cela représente une infime partie de nos revenus. Désormais, nous nous concentrons sur les dépôts et retraits d’argent via Orange Money, les transferts de sons et vidéos, et nous avons même ouvert une salle de PlayStation », explique-t-il.
Face à ces défis, les jeunes gestionnaires de télécentres appellent à l’aide. Ils sollicitent le soutien de l’État et des bonnes volontés pour les aider à créer de nouvelles activités génératrices de revenus, afin de s’adapter à cette nouvelle ère où l’électricité bouleverse leur quotidien.
Pépé Blaise Théa pour Planete7.info