Nzérékoré : Les citoyens s’expriment à l’approche du 66ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée
À quelques heures des célébrations marquant le 66ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, les habitants de Nzérékoré partagent leurs réflexions sur cette période charnière de l’histoire du pays. Certains se remémorent les premiers pas vers la souveraineté, tandis que d’autres dressent un bilan des six décennies passées. Notre rédaction est allée à la rencontre de citoyens qui témoignent de leur vécu et de leurs attentes pour l’avenir.
Pour El Hadji Souleymane Fofana, l’anniversaire de l’indépendance est une occasion idéale pour réfléchir au chemin parcouru et envisager des pistes pour le développement. « Sékou Touré avait amorcé un projet solide pour la Guinée. Si nous avions poursuivi sur cette voie, les Guinéens ne connaîtraient pas la faim aujourd’hui. Il avait envoyé des machines dans les PRL, maintenant appelés quartiers, pour encourager la culture du riz. Malheureusement, le message n’a pas été bien compris. Il avait donné les moyens de nourrir la population et exigeait des normes. Le développement de la Guinée ne pourra être effectif que si l’on tire des leçons de cette période. » affirme-t-il.
Patriarche de Nzérékoré, Lambert Koikouya Zogblemou se remémore les moments précédant l’indépendance avec une vive émotion. « Nous étions encore jeunes, mais l’atmosphère était chargée d’espoir. Des figures locales comme Yaramon et Mania Doré mobilisaient la population. À l’école, je côtoyais des enfants de colons, dont un ami, fils de douanier, qui m’a confié que sa famille devait quitter la Guinée. C’est alors que nous avons pris conscience que quelque chose de grand se préparait. Le mouvement pour l’indépendance, dirigé par Sékou Touré, un syndicaliste aguerri, a marqué le début d’une nouvelle ère pour notre pays », se souvient-il.
Pour Douno Diarra, l’indépendance de la Guinée a suscité de l’espoir, mais les promesses initiales se sont rapidement évanouies. « À l’époque, nous étions unis, tout le monde se saluait en s’appelant « camarade ». Il y avait une paix qui, malgré les difficultés, permettait de vivre sereinement. Aujourd’hui, les régimes successifs ont failli à maintenir cette unité. Je suis déçu de la situation actuelle. Ce que nous avons besoin maintenant, c’est d’un président capable de rassembler tous les Guinéens », souligne-t-il avec amertume.
Assis derrière sa machine à coudre, Baldé Mamadou Saliou, maître couturier, est lui aussi préoccupé par l’avenir du pays. « Nous avons notre indépendance, mais il nous manque encore quelque chose de fondamental : le sens de l’intérêt collectif. Les dirigeants qui se sont succédé ont prononcé de beaux discours, mais leurs actions n’ont pas suivi. Pour que la Guinée décolle, il est temps de passer à des actes concrets », insiste-t-il.
Depuis le 2 octobre 1958, date historique de l’accession à l’indépendance sous l’égide d’Ahmed Sékou Touré, la Guinée a parcouru un long chemin. Cependant, les citoyens de Nzérékoré expriment des sentiments mitigés : la fierté d’une souveraineté conquise, mais aussi la frustration d’une nation qui peine à concrétiser les rêves de ses pères fondateurs. À l’approche de ce 66ème anniversaire, l’appel au changement est plus fort que jamais.
Pépé Blaise Théa pour Planete7.info
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