Nouvelle Convention Collective des Mines : Une Avancée Historique pour les Droits des Travailleurs en Guinée

La République de Guinée a franchi une étape décisive ce vendredi 14 février 2025 avec la signature de la convention collective des mines, carrières, industries minières et assimilées. Cet accord historique, fruit de 15 mois de négociations acharnées, vise à renforcer les droits des travailleurs tout en garantissant un cadre stable et compétitif pour les employeurs du secteur.

Dans une salle comble du Palais du Peuple, les principaux acteurs du monde du travail, représentants syndicaux, patronat et autorités gouvernementales  ont unanimement salué cette convention comme un modèle de dialogue social réussi.

Dans son discours, le président du Mouvement Syndical Guinéen a insisté sur le caractère incontournable de cette convention collective, qui s’inscrit aussi bien dans le droit du travail guinéen que dans la législation internationale du travail.
« Après la signature de la présente convention collective révisée, elle sera le référentiel auquel tous les acteurs du secteur seront soumis, sans exception. Le dialogue social en entreprise et dans les secteurs professionnels est un pilier essentiel pour garantir la paix sociale, le bien-être des travailleurs et la croissance des entreprises. »

Il a salué l’implication du gouvernement dans la médiation entre les syndicats et le patronat, ainsi que la volonté commune d’aboutir à une réforme équilibrée.

Présent lors de la cérémonie, Mohamed Ouattara, Inspecteur Général du Travail, a détaillé les points fondamentaux abordés par cette convention, insistant sur les avancées majeures pour les travailleurs et les employeurs : « Cette convention que nous signons aujourd’hui traite de plusieurs sujets essentiels. Tout d’abord, les droits syndicaux et la liberté d’opinion, car nous savons l’importance du mouvement syndical dans l’histoire de notre pays et dans son avenir. Les travailleurs ont désormais le droit de s’associer librement et d’agir pour la défense de leurs intérêts professionnels. Ensuite, nous avons consacré un volet important au dialogue social, qui a joué un rôle clé dans ces négociations. »

Évoquant les aspects réglementaires, il a ajouté : « La convention traite également du droit de grève, en précisant les conditions d’exercice et les services minimums à assurer pour garantir la continuité du travail et la sécurité. Concernant le contrat de travail, nous avons intégré la loi sur le contenu local, en mettant l’accent sur la priorité d’embauche des Guinéens et des travailleurs licenciés pour raisons économiques ou de santé. La convention régule aussi les périodes d’essai, les engagements définitifs, ainsi que les conditions de licenciement et les indemnités de départ à la retraite. »

D’autres thématiques essentielles ont été abordées, notamment les conditions de travail et de salaire, l’application du principe « à travail égal, salaire égal », l’hygiène et la sécurité en milieu professionnel avec l’obligation pour les employeurs de fournir des équipements de protection individuelle, ainsi que la formation professionnelle et l’apprentissage.
« Un point important concerne la retraite, avec la fixation des conditions de départ et le paiement d’une indemnité conventionnelle. Cette convention apporte cinq grands changements majeurs, dont l’instauration d’une grille fixant le salaire de base minimum d’entrée dans le secteur. »

Ahmed Kanté, président de la Fédération des Employeurs des Mines et Carrières de Guinée (FEPAM-GUI), a quant à lui rappelé l’ampleur des discussions qui ont précédé cet accord : « Nous avons eu des heures et des heures de discussion, et aujourd’hui nous pouvons être fiers du résultat obtenu. Cette convention ouvre la voie à une amélioration progressive des revenus des employés du secteur minier et immobilier. Tous les cinq ans, de nouvelles discussions permettront d’apporter des ajustements pour garantir de meilleures conditions de travail. »

En saluant le travail de la Confédération Générale des Entreprises de Guinée (CGE-GUI), il a insisté sur le fait que cette convention collective est assortie d’une grille salariale révisée, un élément fondamental pour les travailleurs.

De son côté, Ismaël Diakité, président de la Chambre des Mines de Guinée, a souligné la portée sociale et économique de cette signature, qu’il considère comme un véritable nouveau contrat social :  « Il ne s’agit pas d’une simple formalité. Ce texte place la dignité humaine, le respect du travailleur et la solidarité au cœur de notre modèle économique. Nous avons travaillé à garantir des conditions de travail dignes, équitables et protectrices, car un salaire ne doit pas seulement permettre de vivre, il doit être un levier d’épanouissement personnel et familial. »

Mettant en avant les négociations de plusieurs mois, il a évoqué l’importance de la catégorisation des travailleurs et des perspectives d’évolution professionnelle, afin de motiver les employés et d’assurer la stabilité du secteur.

Prenant la parole au nom de la CGE-GUI, Ansumane Kaba, a mis en avant l’importance du travail collaboratif qui a abouti à cet accord : « Cette convention collective est le fruit d’un dialogue social intense et constructif. Elle servira de modèle pour la structuration et la modernisation de notre économie, avec l’ambition de couvrir 16 autres secteurs à l’avenir. »

Il a annoncé la création d’une commission permanente de concertation, qui permettra aux acteurs de poursuivre le dialogue social de manière efficace et continue.


Enfin, Faya François Bourouno, ministre du travail et de la fonction publique, a salué cette initiative, qu’il considère comme un jalon essentiel dans la vision du gouvernement pour un développement économique durable et équitable : « Cette convention illustre parfaitement la volonté du Président de la République, Son Excellence Mamadi Doumbouya, de placer le travail et le progrès social au cœur de l’agenda national. Elle s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme Simandou 2040, qui vise à faire de la Guinée une destination privilégiée pour les investissements étrangers. »

Avec cette signature, les acteurs du secteur minier guinéen s’engagent dans une nouvelle dynamique où la justice sociale, le respect des droits des travailleurs et la compétitivité des entreprises seront les maîtres-mots. Cette convention collective marque ainsi un tournant décisif pour le dialogue social en Guinée, avec la promesse d’un climat professionnel plus apaisé et d’un secteur mieux structuré pour affronter les défis économiques à venir.

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info 

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