Modestes éléments de réflexion sur les métiers de la communication en Guinée (Par Souleymane Thiâ’nguel Bah)

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Quelqu’un a dit que la politique se fait avec la tête, pas le cœur. Moi, je dis que la politique implique séduction. La séduction, c’est l’émotion et l’émotion c’est le cœur. C’est là que la communication, en particulier la communication politique rejoint l’art. Autrement dit, la comm n’est pas qu’une question technique, c’est aussi une question de créativité, d’imagination. Si la comm se limite à savoir qu’il faut un message, une cible, un canal et blabla, ce n’est pas la peine d’aller à l’école. Aujourd’hui, Google gère ça, les doigts dans le nez.
Devrait-on rappeler que lorsqu’on a déterminé la cible, il faut nécessairement la segmenter (résultant d’une enquête) parce qu’elle n’est absolument pas homogène? Si on veut vraiment atteindre notre objectif, les messages et les canaux par lesquels s’opère la transmission, c’est justement sur ces deux niveaux du schéma qu’interviennent les capacités du communicant à imaginer, être créatif et imaginatif pour construire des messages et surtout des canaux originaux, aux côtés évidemment des outils traditionnels. C’est là que s’impose la compétence artistique.

Vous vous demandez pourquoi j’écris ces lignes. C’est parce que la comm est devenue l’affaire de tous les abrutis qui peuvent pondre sur ordinateur : cible, message, canal, etc. Communiquer en Guinée, c’est reprendre ces fichus canaux usités: affiches, panneaux, dépliants, spots radio/télé, etc. Le tout dans une logique l’homogénéisation des cibles, éludant complètement leur nature hétérogène. Cette démarche est d’autant plus facile que dans les stratégies il n’existe souvent aucune évaluation du plan de communication, se contentant de résultats qui consistent à écrire qu’on va produire tel nombre d’affiches, de spots, de dépliants, etc.

Une chose est sûre: c’est qu’en l’absence de capacités artistiques, de moyens d’évaluation impliquant éventuellement un ajustement au cours du déploiement du plan, on ne peut vraiment pas savoir si l’objectif de la stratégie a atteint son objectif, sans compter d’ailleurs qu’une large majorité de ces prétendus spécialistes ne savent souvent pas à différencier une stratégie d’un plan de communication.

Autre élément, c’est dans la communication politique, en particulier pendant les campagnes électorales, que cette “bêtise” est la mieux partagée. Communiquer ici c’est faire des panneaux, des spots et surtout des tee-shirts, des pagnes, des affiches à l’effigie du leader et des meetings INDISTINCTMENT pour TOUT LE MONDE. Pour les meetings par exemple, si vous ratez le passage d’un candidat dans une ville, ne paniquez pas. Écoutez juste le mec dans la prochaine étape, parce qu’une chose est sûre: y aura les mêmes indigestes bavardages qui cassent les oreilles, les mêmes chiants klaxons de bagnoles et de motos… le gugusse écrutera que ses concurrents et surtout le président en exercice ne valent pas mieux qu’un pipi de chat ou “le pet d’une grand-mère” et que lui est superman avec sa cape rouge ou Batman venu nettoyer Gotham City ou l’inspecteur Hartigan Sin City. Les équipes des leaders ne sont pas fichues de prendre le temps d’une connaissance préalable des attentes d’une localité, de ceux à qui leur candidat est censé apporter le bonheur. On ne se pose presque jamais la question justement de la segmentation de la cible.

Au bout du compte, la question essentielle qu’il faille se poser est la suivante: les campagnes de communication des partis politiques, notamment pendant les campagnes électorales, atteignent-elles les objectifs? Ces campagnes apportent-elles de nouveaux électeurs, but ultime des merdeux tintamarres et des saletés qui dégueulent dans notre espace public? Pas sûr, parce qu’en fin de compte l’essentiel de ceux qui portent les tee-shirts et les pagnes sont déjà des militants des partis politiques, donc des guinéens déjà acquis au leader.

Finalement, de manière globale, entre les “experts” en communication et leurs clients est répété le même jeu de dupes, ou plutôt d’intérêts, puisque la plupart du temps se jouent des pots de vin, des actes de corruption.

Qu’on se le dise respectueusement mais fermement, une stratégie de comm est faite pour changer un comportement, faire adhérer une cible à une idée. Cela est-il vérifiable en Guinée? Ce n’est sûrement pas tout le temps, puisque les stratégies n’intègrent pas la plupart du temps les enquêtes de perception pour identifier notamment les lieux de blocage et des grilles d’évaluation ou des groupes tests pour d’éventuels ajustements… parce qu’il faut malheureusement conclure: IL Y A BEAUCOUP TROP DE PETITS CONS D’AMATEURS ET DE D’MPOSTEURS DANS CE MÉTIER EN GUINÉE.

ALORS, BARREZ-VOUS DE LÀ, MERDE!!!

 

 

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