Après plusieurs semaines d’arrêt, le procès des évènements du stade du 28 septembre 2009 a repris ce lundi 10 juillet. A la barre, Marcel Guilavogui qui demande à prendre la parole pour dit-il, livrer quelques vérités sur les évènements douloureux autour desquels il est co-accusé. Et c’est le Capitaine Moussa Dadis Camara qui a été ciblé principalement par plusieurs charges de Marcel.
Alors qu’il s’était illustré par son négationnisme et son silence lors de son premier passage il y a plusieurs mois, Marcel dit vouloir briser le silence et faire des révélations « qui feront trembler ». Avant que le Tribunal ne tranche en lui donnant la parole, le retour de Marcel avait d’abord suscité des contradictions dans la salle. Plusieurs avocats de la défense notamment s’y étaient opposés, estimant que Marcel avait déjà eu l’opportunité de donner toutes ses versions et que revenir avec lui ne fera que retarder le procès.
Dans une longue intervention entre lecture sur papier et explications, Marcel Guilavogui s’est nettement attardé sur Moussa Dadis Camara, l’autre présent dans le box des accusés qu’il dit l’avoir trahi. Pour lui, pas la peine de se fatiguer de chercher des preuves sur la culpabilité de l’ancien Président du CNDD dans les massacres au stade du 28 septembre 2009.
« Le Président Dadis, c’est lui le responsable de tout ce qui a été planifié pour le stade du 28 septembre. Soyons objectifs. Ce n’est pas une affaire de religion ou d’ethnie ça », affirme Marcel, avant d’inviter son ancien patron à s’assumer et demander pardon comme tout vrai leader.
« Le chef hiérarchique prend toujours sa responsabilité et assume sa défaite, si c’est un vrai militaire. Je croyais que le Président Dadis allait humblement, avec respect prendre sa responsabilité en assumant ce qu’il a planifié avec sa garde parallèle que lui même avait mise en place. D’ailleurs, venir demander pardon au peuple de Guinée qui s’attendait à cela « .
Et de poursuivre : « Mais c’est une personne qui n’écoute pas les conseils. C’est son principal défaut. Qu’il m’excuse, mais c’est ça la vérité… C’est ce qui a fait qu’il a perdu son pouvoir « .
En regardant Dadis Camara assis dans box des accusés, Marcel s’adresse même parfois directement à celui qu’il reproche dans la gestion.
» Vous avez suivi une idéologie de Machiavel qui n’a pas été profitable à vous « .
Rappelons qu’avant le début de son intervention, Marcel Guilavogui avait vu Me David Beavogui l’un de ses avocats se retirer définitivement de sa défense pour « incohérence ». Me Bereté avait aussi quitté la salle avant de revenir auprès de Marcel.
Thierno Barry
