Ça y est ! Les manifestations ont à nouveau repris, ce jeudi 16 février, à Conakry, à l’appel du FNDC. Le soutien des partis politiques, à cet appel, n’était pas cette fois assumé. Il s’est fait du bout des lèvres.
Cependant, possiblement, ces partis politiques, notamment l’UFDG, la seule grande force de mobilisation de l’inter-coalition, un tantinet hésitant à engager un bras de fer avec les militaires au pouvoir, de peur de sceller définitivement l’avenir politique de son leader, poursuivi pour des faits présumés de détournement de deniers publics, aurait sans doute travaillé, sur le terrain, avec les organisateurs connus et affichés de la manifestation.
L’objectif annoncé, d’imposer l’apocalypse, n’a été que dans le ton abondamment relayé par les médias et sur les réseaux sociaux, ce déversoir, amplificateur excessif.
L’appel aux commerçants, aux étalagistes, banques, sociétés minières, bref à tous ceux qui pratiquent une activité économique, en vue d’une paralysie totale de la capitale, n’a pas trouvé d’échos favorables auprès des concernés. Dire aussi que la justice, les droits de l’homme, le retour à l’ordre constitutionnel, sont des paillassons du régime militaire, n’a non plus incité massivement des Guinéens épris de ces vertus à se joindre à l’initiative.
En lieu et place d’une mobilisation pour défier la décision d’interdiction de manifestation prise par un pouvoir autant insensible que méprisant, dit-on, s’est alors installée une guérilla urbaine.
Des accrochages sanglants entre manifestants et forces l’ordre, appuyées par des militaires munis d’armes non conventionnelles, ont éclaté sur la route Le prince, l’axe qui n’a pas dérogé à sa fidélité de no man’s land en période de tension politique. Cela, depuis plus d’une décennie.
En dépit d’un déficit de mobilisation pour réussir le pari de la défiance d’une machine répressive mise en place contre leur mot d’ordre de manifester, le FNDC, a, par contre, bien pu se rappeler, à l’esprit des Guinéens, après un long temps d’hibernation et de grande incertitude sur son avenir.
C’était la résurrection réussie d’une organisation sociale dont la mort et le bannissement définitif dans la vie publique nationale, ont été naïvement décrétés par les autorités du pays.
Sékou Koundouno, la seule voix libre qui résonne avec fracas, à des milliers de kilomètres, depuis l’extérieur où il est contraint d’y rester pour éviter le sort que connaissent ses collègues en prison, a dirigé officiellement les opérations sur le terrain.
Le bilan macabre, deux morts, selon les organisateurs de la marche, qui est malheureusement un baromètre de réussite dans une opinion inculte (excusez de peu), a pu noircir le tableau de la gouvernance.
Et le pouvoir actuel pourrait l’avoir sur la conscience, lui qui traîne devant les tribunaux, les dignitaires du régime précédent, pour les mêmes motifs.
Au-delà de ce bilan macabre qui aura le mérite d’amener la communauté internationale à nuancer son regard approbateur de l’évolution de la transition Guinéenne, les organisateurs de la marche devraient aussi se réjouir d’avoir fait frémir la junte militaire.
La distribution de biens et d’argent, convoyés par les facilitatrices dont la mission a subitement muté, ainsi que la réquisition de l’armée qui n’a pourtant pas été une panacée, en sont une illustration.
Ces agissements renvoient l’image d’un régime, un brin inquiet et agité, au-delà de toutes les apparences.
En retour, les lignes vont bouger, inéluctablement. Elles se feront très prochainement, soit dans le sens de la souplesse, donc du dégel, ou dans celui de l’exacerbation de la fermeté.
Attendons de voir !!!
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