Mandiana : Témoignage d’un habitant sur la révolte face à l’exploitation minière destructrice

Une violente altercation a éclaté le samedi 12 octobre 2024 dans le district de Konkoë, situé dans la préfecture de Mandiana, région administrative de Kankan. Le conflit, lié à l’exploitation minière dans la zone, a conduit à un décès, selon les informations recueillies sur place.

À l’origine des tensions, les habitants dénoncent depuis plusieurs mois les activités d’une société minière accusée de porter atteinte à leur environnement. Kassim Konkoë Diakité, l’un des résidents, explique que la destruction de l’écosystème local a provoqué la colère de la population.

« Ici, l’agriculture et l’élevage sont nos principales sources de subsistance. Mais l’installation des machines d’exploitation minière, les popilins , provoque d’immenses dégâts. Nos rizières et nos plantations sont ravagées, et les produits utilisés polluants nos rivières et marigots, qui finissent  par tarir », déclare-t-il.

Diakité ajoute que les habitants ont alerté les autorités locales à plusieurs reprises, mais se heurtent à un mur d’indifférence : « Nous avons informé les chefs de district, la sous-préfecture de Dialakoro, ainsi que la préfecture de Mandiana, mais ils prétendent ne rien pouvoir faire, sous prétexte que l’autorisation vient du ministère compétent. Seul le ministre peut agir pour faire quitter cette société de nos terres. »

Face à l’inaction des autorités, les habitants ont décidé de manifester le vendredi 11 octobre 2024 en se rendant sur le site d’exploitation. Après plusieurs heures d’attente et d’appels à Mandiana et Kankan, ils ont espéré un compromis. Mais à leur grande surprise, des renforts militaires sont arrivés sur place, déployant cinq pick-up et un camion de l’armée. « Nous avons cru qu’ils allaient rétablir l’ordre, mais dès leur arrivée, les militaires ont lancé des grenades lacrymogènes et ouvert le feu », raconte Diakité.

Deux personnes ont été blessées par balles, dont l’une grièvement atteinte à l’abdomen. De plus, les forces de l’ordre auraient pénétré dans plusieurs concessions, s’emparant de biens, d’argent liquide et de matériel précieux, notamment des détecteurs d’or. Des sommes allant de 4 à 20 millions de francs guinéens auraient été volés, selon les témoignages des résidents.

Les tirs ont continué jusqu’au samedi matin, et un renfort militaire en provenance de Kankan aurait été déployé. Les habitants, déjà éprouvés par la destruction de leurs champs de maïs, de riz et de leurs plantations, s’inquiètent pour leur avenir.

« Nous nous opposons fermement à toute destruction de nos terres. Nous lançons un appel au président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, pour qu’il intervienne. Si rien n’est fait, nous n’aurons plus de terres cultivables, car notre environnement est gravement menacé », conclut Diakité.

Ce témoignage reflète le désespoir grandissant d’une communauté face à l’exploitation de ses ressources et à l’inaction des autorités.

 

Mohamed Diallo pour Planete7.info 

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