Magaye Gaye : « Il est temps de réfléchir à des politiques d’infrastructures ciblées répondant aux besoins des économies africaines »

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L’économiste dénonce, dans une tribune au « Monde », la faute des stratégies économiques du « tout infrastructures » en Afrique et défend des modèles économiques qui développent la production locale, qui permettraient d’autofinancer plus facilement ces projets et de faire reculer la pauvreté.

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement estime que l’Afrique perd 1 % par an de croissance économique par habitant en raison de son déficit d’infrastructures. Mais la question est de savoir si ces politiques de financement du quasi-tout infrastructures mises en œuvre par les gouvernements africains depuis des années peuvent économiquement être considérées comme une panacée pour l’Afrique.

Le 7e Forum international sur la finance islamique qui s’est ouvert le 20 juin à Dakar (Sénégal), portant sur le thème du « financement des grands projets d’infrastructures des pays de l’Afrique de l’Ouest », a permis de traiter de la pertinence de ces politiques.

Les projets d’infrastructures sont très capitalistiques, en général peu rentables sur le court terme et parfois exigeants en ressources concessionnelles, lesquelles deviennent rares dans les pays prêteurs en crise. D’où la nécessité de conduire des études approfondies en termes d’alternatives moins coûteuses en matière d’investissement dans les infrastructures.

Leurs spécificités résident aussi dans le fait qu’ils peuvent entraîner d’importants recrutements de main-d’œuvre à court terme, mais connaissent des difficultés en phase d’exploitation : frais d’entretien élevés souvent peu supportables pour les budgets nationaux, contrats de concession mal négociés, faible utilisation par les usagers, faible employabilité, etc.

De véritables stratégies de relance

Dès lors, ces projets ne constituent pas forcément une solution viable pour l’emploi des jeunes, dans un contexte où plus de dix millions de chômeurs viennent grossir chaque année la population inactive en Afrique.

Depuis longtemps, cet effet de mode infrastructurel a mobilisé de nombreux décideurs sur le continent et a englouti des centaines de millions de dollars sans résultats concrets. Il n’a pas permis de dynamiser, par exemple, pour l’écrasante majorité des pays du continent, les investissements directs à l’étranger (IDE), lesquels ne représentent que 3 % des IDE dans le monde. Ces IDE se concentrent sur cinq pays (Egypte, Ethiopie, Nigeria, Afrique du Sud et République démocratique du Congo).

 

Avec lemonde.fr

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