Macron a-t-il raison de continuer de voir dans la démographie africaine un frein à son développement?

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Agiter la question du taux de fécondité comme solution à la lutte contre la pauvreté, près de deux siècles après l’économiste britannique Thomas Robert Malthus, traduit un aveu d’échec des stratégies de développement. En effet, la théorie de cet économiste est critiquable pour plusieurs raisons :

Le potentiel démographique n’est plus une contrainte mais un atout (consommation et force de travail) ; dans les sociétés africaines, le nombre d’enfants peut représenter une « soupape de sécurité » en termes de retraite et de sécurité sociale.

Si la Chine avec ses 1, 4 milliards d’habitants est devenu un géant économique, elle le doit sans doute à son potentiel démographique. Il est aussi à souligner que 8 des 10 pays les plus peuplés du monde font partie des nations qui comptent (Chine, Inde, États-Unis, Indonésie, Brésil, Nigéria, Russie et Japon).

L’Afrique peut-elle se permettre de suivre un Continent européen dont le processus de vieillissement de la population inhibe les capacités à entreprendre et à innover − lesquelles sont pourtant des moteurs importants de croissance économique − ?

La persistance de la pauvreté sur le Continent résulte à notre avis moins d’un taux de fécondité élevé que de facteurs purement économiques.

Les taux de croissance annoncés, par exemple, sont souvent peu conformes à la réalité du fait de statistiques manipulées parfois pour des raisons politiques.

Le Continent aurait pu mieux faire, à la faveur de choix de politiques économiques plus vertueuses, en mettant un terme à l’énorme gaspillage de ressources publiques et en maîtrisant mieux des revenus financiers colossaux transférés hors du continent licitement sous forme de dividendes d’investissement ou illicitement (corruption).

Autres facteurs à prendre en compte : l’absence d’équité dans les stratégies d’allocation des budgets nationaux, et la prise en compte insuffisante dans les politiques de développement économique d’un secteur informel qui occupe l’essentiel de la population active. Ce secteur, entreprenant, innovant et fortement créateur d’emplois génère plus de la moitié du PIB dans certains pays.

Il faut aussi mentionner les mauvaises politiques d’aménagement du territoire, concentrant l’essentiel des activités économiques et des populations dans la capitale délaissant ainsi le secteur primaire, et les défis qui restent à relever en matière d’éducation et de formation professionnelle.

Magaye GAYE
Économiste international

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