Liberté d’expression menacée : les avocats d’Aliou Bah intensifient la bataille judiciaire
Après cinquante jours de détention, Aliou Bah, figure de l’opposition politique, demeure emprisonné, condamné pour offense au chef de l’État et diffamation via un système informatique. Face à ce qu’ils considèrent comme une atteinte grave aux droits fondamentaux, ses avocats ont tenu une conférence de presse ce jeudi pour faire le point sur les recours engagés afin d’obtenir sa libération.
Déterminé à obtenir justice, le collectif d’avocats d’Aliou Bah a multiplié les démarches. Maître Pépé Antoine Lamah a annoncé que deux actions majeures ont été entreprises : un appel devant la Cour d’appel de Conakry et une plainte déposée auprès de la Cour de justice de la CEDEAO.
« En concertation avec Monsieur Mamadou Aliou Bah, nous avons saisi la Cour de Justice de la CEDEAO avant-hier. Nous avons également demandé une procédure accélérée. L’État guinéen a été notifié hier et dispose désormais d’un mois pour répondre », a-t-il précisé.
Selon les avocats, ce recours régional vise à dénoncer des violations flagrantes des droits de leur client tout au long de la procédure judiciaire.
Me Houleymatou Bah, également membre du collectif, a alerté sur les enjeux de cette affaire qui, selon elle, va bien au-delà de la personne d’Aliou Bah.
« Ce combat n’est pas uniquement celui d’un homme, c’est celui de la liberté d’opinion en Guinée. Laisser Aliou Bah croupir en prison, c’est accepter que la liberté d’expression soit enterrée. Si ce précédent se confirme, rien ne les empêchera d’aller plus loin. D’ailleurs, toutes les radios et télévisions à forte audience ont déjà été muselées », a-t-elle averti.
Alors que l’appel suit son cours et que la CEDEAO est désormais saisie, l’affaire Aliou Bah cristallise les tensions autour de la liberté d’expression en Guinée. Son issue pourrait redéfinir les contours du débat public et des droits politiques dans le pays.
Dans un contexte où les restrictions sur les médias se multiplient, ce dossier s’annonce comme un véritable test pour l’indépendance de la justice et le respect des engagements internationaux de la Guinée en matière de droits de l’Homme.
Hawa Mohamed Soumah pour Planete7.info
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