Les 50PHD recrutés par le Gouvernement crient au scandale et attirent l’attention des plus hautes autorités.
Recrutés par le gouvernement guinéen pour rehausser le niveau du système de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’innovation au sein de nos universités, les 50PHD, après avoir mené des démarches « responsables, constructives et patientes » auprès du ministère de tutelle, ont finalement décidé ce mercredi 23 janvier de prendre publiquement la parole pour attirer l’attention des hautes autorités de notre pays et les inviter à prendre des mesures appropriées pour résoudre ce qu’ils appellent un « triple dysfonctionnement grave » qui caractérisent depuis trop longtemps le fonctionnement du ministère en charge de l’Enseignement, de la Recherche scientifique et de l’Innovation : le retard systématique dans le paiement des salaires, la discrimination salariale entre chercheurs guinéens et leurs homologues étrangers, et le manque de visibilité sur le financement des activités de recherche dans nos universités.
Dans leur déclaration lue devant la presse, ces 50PHD démontrent clairement comment tous ces dysfonctionnements entravent la requalification du système d’Enseignement, de la Recherche et de l’Innovation dans notre pays.
Le non-paiement des salaires à temps : après avoir énuméré les différentes démarches qu’ils qualifient de « responsables, constructives et patientes », menées auprès du ministère de tutelle pour débloquer la situation, ces docteurs dont certains viennent des universités européennes, américaines, asiatiques et sous-régionales, ayant décidé de rentrer pour servir notre pays, ont exprimé leur affliction causée par le traitement qui leur a été réservé par l’État qui les a pourtant non seulement recrutés mais aussi invités à abandonner des postes universitaires qu’ils occupaient ailleurs, en leur promettant des salaires encourageants pouvant aller, selon la note d’appel à candidature, jusqu’à 28 millions GNF pour un assistant titulaire d’un doctorat. En violation flagrante de l’article 19 de la loi portant statut général des agents de l’État, qui consacre le principe de la sacralité du salaire d’un agent public qui accomplit son travail, l’Administration refuse pourtant de payer leurs salaires depuis le mois d’octobre. Ce « refus injustifié », disent-ils, a non seulement des répercussions négatives sur leur travail mais aussi sur leurs vies familiales et professionnelles. Ils exigent donc le paiement immédiat de leurs salaires (octobre, novembre, décembre et janvier).
Discrimination salariale entre eux et leurs collègues étrangers : un autre problème majeur qu’ils ont soulevé lors de cette conférence de presse concerne les disparités salariales entre les docteurs étrangers et leurs homologues nationaux. Les chercheurs guinéens, souvent attirés par la volonté de servir notre patrie, se retrouvent historiquement discriminés par leur propre État qui les soumet à des conditions salariales moins favorables que celles de leurs homologues étrangers. Pourtant, ils ont été tous recrutés selon les mêmes concours, pour les mêmes services et avec les mêmes diplômes et qualifications. Un professeur étranger qui enseigne en Guinée touche par exemple un salaire mensuel de 43 millions GNF, alors que son homologue guinéen de grade professeur ne touche qu’un salaire de base de 14 millions GNF. Ils demandent ainsi l’intervention des hautes autorités pour rectifier cette injustice scandaleuse qui n’existe nulle part dans le monde et qui ternit l’image de notre pays. Pendant que le ministère offre à leurs collègues étrangers des meilleures conditions de travail, ils excluent sans raison légale et injustement des docteurs guinéens admis au concours et confirmés par l’arrêté portant publication des résultats, dixit les « 50PHD ».
Manque de visibilité sur le financement de leurs activités de recherche : l’autre problème qu’ils ont mis au grand jour réside dans le manque de visibilité sur le financement de la recherche en Guinée. Selon eux, ce manque de visibilité complique le financement des projets de recherche et d’innovation et décourage les jeunes talents de s’engager dans une carrière scientifique. Il invite leur département à mettre en place des mécanismes de financement claires pour garantir une répartition équitable et efficiente du budget destiné aux projets et aux programmes rattachés au titre 5 (« Investissements ») du budget alloué au ministère dans le cadre de la Loi des Finances.
Ils ont clôturé la conférence de presse en exprimant la nécessité d’une réponse urgente de la part des hautes autorités de notre pays pour amener les services compétents de l’État à prendre des mesures idoines pour garantir des paiements réguliers des salaires, améliorer les modalités de financement de la Recherche et de l’Innovation et corriger les disparités salariales qui écornent l’image de notre pays.
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