Le secteur numérique en Guinée : Entre avancées notables et défis persistants
Lors de la deuxième journée du Forum économique d’Émergence en Guinée (FEEM), Mamy Diaby, PDG de HA2M TECHNOLOGIES et ancien Directeur Général de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), a dressé un état des lieux du secteur numérique en Guinée. Il a mis en lumière les progrès réalisés tout en pointant du doigt les obstacles qui entravent encore le plein essor du numérique dans le pays.
Mamy Diaby a souligné les avancées remarquables effectuées ces dernières années, notamment en matière d’accessibilité à Internet. « Il y a seulement 15 à 20 ans, la Guinée ne comptait que 42 000 internautes. Aujourd’hui, plus de 50 % de la population a accès à Internet », a-t-il rappelé. Ce bond spectaculaire a été rendu possible grâce à des investissements massifs dans les infrastructures télécoms, notamment le déploiement de câbles sous-marins et l’expansion du réseau de fibre optique.
La modernisation des infrastructures a transformé le quotidien des Guinéens. « Il y a dix ou vingt ans, qui aurait imaginé qu’on pourrait envoyer de l’argent instantanément d’un téléphone à Conakry à un parent à Dabola ? Aujourd’hui, c’est une réalité », a illustré Diaby, mettant en exergue l’impact tangible du numérique sur les services financiers et la vie quotidienne.
L’une des transformations majeures a été la transition du faisceau hertzien vers la fibre optique. « Autrefois, nous dépendions des faisceaux hertziens, très vulnérables aux conditions climatiques. Désormais, avec la fibre optique, nous disposons d’une technologie stable et performante qui garantit une connectivité fiable et rapide », a expliqué le PDG de HA2M TECHNOLOGIES. Cette transition a contribué à une augmentation spectaculaire du taux de pénétration d’Internet, passé de 0,1 % à 50 % en une quinzaine d’années.
Malgré ces progrès, le secteur numérique en Guinée reste confronté à des défis majeurs. Mamy Diaby a pointé du doigt l’absence d’une vision politique claire et ambitieuse pour le développement du numérique. « On ne peut pas construire un secteur numérique performant sans une stratégie étatique cohérente et de long terme », a-t-il insisté.
Un autre obstacle de taille concerne le rapatriement du point GN, qui n’a toujours pas été concrétisé par le gouvernement. « Il est inconcevable que la Guinée ne dispose toujours pas de son propre point GN. Cela pose un problème majeur en termes de souveraineté numérique », a-t-il déploré.
En outre, le manque de compétition dans le secteur constitue un frein à l’innovation et à la réduction des coûts pour les consommateurs. « Il est alarmant qu’un seul acteur économique domine le marché du numérique. Le monopole nuit à la compétitivité et à la qualité des services », a-t-il averti.
Face à ces défis, Mamy Diaby plaide pour une action concertée entre l’État, le secteur privé et les acteurs technologiques afin d’insuffler une nouvelle dynamique au numérique guinéen. Il estime que des mesures urgentes doivent être prises pour renforcer la gouvernance du secteur, encourager l’investissement dans les infrastructures et favoriser l’émergence d’acteurs nationaux capables de rivaliser sur le marché.
« Si la Guinée parvient à lever ces obstacles, elle pourra pleinement exploiter le potentiel de l’innovation numérique et offrir à ses citoyens un avenir connecté et prospère », a conclu le PDG de HA2M TECHNOLOGIES.
Le secteur numérique en Guinée est à la croisée des chemins : riche en opportunités, mais confronté à des défis structurels majeurs. L’heure est venue d’agir pour transformer ces avancées en un véritable levier de développement économique et social.
Hawa Mohamed Soumah pour Planete7.info
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