La Guinée face à un tournant décisif : L’importance du recensement citoyen

Sous la pression des médias sociaux, le Président guinéen a décidé de fixer la date du référendum pour la nouvelle Constitution : il se tiendra dans six mois, le 21 septembre prochain.

Cette période de six mois doit être décisive pour tous les citoyens Guinéens, de l’intérieur comme de l’international.

L’avenir du pays est en jeu.

La mobilisation doit être citoyenne, responsable et engagée.

Le gouvernement a annoncé une opération de recensement de la population électorale pour certains ou de toute la population pour d’autres. La communication reste confuse.

Pourtant, c’est une occasion historique : tous les citoyens doivent s’engager dans la réussite de ces opérations, en participant activement à l’information, à la formation et à l’organisation sur le terrain.

Le gouvernement souhaite écarter les partis politiques de ce processus.

Cependant, la société civile doit prendre toute sa place, en rappelant que le recensement n’a pas qu’une finalité électorale ou politique : il est aussi économique et social.

Lors de mes travaux de préparation pour des projets de développement économique et social en Guinée, j’ai été confronté à une réalité troublante : l’absence de codification des communes et d’identification des rues et habitations.

J’avais alors élaboré un système de codification propre pour identifier l’ensemble des communes. L’identification des rues, elle, devrait être faite localement, en concertation avec les citoyens, pour attribuer aux rues des noms inspirés de personnalités locales, de villes partenaires, d’arbres, de fruits, d’artistes ou encore de métiers…

Une telle organisation permettrait de bâtir un véritable fichier de base pour tous types de recensements dits « immobiles ».

Aujourd’hui encore, les opérations reposent sur des documents mouvants : extraits de naissance, cartes d’identité, numéros de téléphone, factures d’eau et d’énergies ou attestations, sans adresses physiques exactes ni reconnues.

Pourtant, dans tous les systèmes modernes d’identification, l’adressage est fondamental.

La société civile guinéenne doit donc s’impliquer activement, quitte à le faire bénévolement, pour faciliter l’identification et le recensement de tous.

Il faudrait procéder méthodiquement : d’abord décompter le nombre d’habitations, puis d’habitants, par secteur, puis quartier, avant de comptabiliser par commune.

Ainsi, une commune estimée à 10 000 habitants ne devrait pas en recenser moins de 5 000 ou plus de 15 000.

Il serait aussi urgent et important d’ouvrir des bureaux, en partenariat avec les sociétés civiles locales, et les associations de guinéens à l’étranger pour compter, accompagner toutes celles et ceux qui peinent à obtenir un extrait de naissance (document exigé pour le recensement) ou d’autres pièces administratives afin qu’ils puissent se faire recenser.

Au-delà de l’aspect politique, il s’agit d’un enjeu citoyen.

Le recensement est clé pour l’état civil et facilitera l’accès aux documents administratifs : ouverture de lignes téléphoniques, de comptes mobile money, de comptes bancaires, d’obtention de passeports, et surtout reconnaissance de la citoyenneté.

Avoir ses papiers, c’est posséder une arme démocratique pour peser sur les décisions publiques.

En plus de ses dimensions politique et citoyenne, le recensement est aussi un instrument fondamental pour les politiques publiques : ajuster les moyens aux besoins réels d’une commune (écoles, hôpitaux, infrastructures).

Une commune de 10 000 habitants, dont 35 % sont des enfants de moins de 15 ans (soit 3 500 enfants), doit être dotée d’infrastructures adaptées : routes, ponts, écoles, structures de santé et équipements sportifs.

Sans un véritable recensement, impossible d’estimer avec précision le nombre d’habitants, leurs besoins sociaux, économiques, ni le potentiel économique et humain du pays.

Enfin, sur le plan économique, un bon recensement est un atout majeur : les entrepreneurs pourront mieux étudier leurs marchés cibles (enfants, jeunes, femmes, personnes âgées).

Avec l’identification des rues et habitations, le commerce en ligne pourrait exploser, créant des milliers d’emplois, boostant la croissance des entreprises et augmentant les recettes fiscales de l’État.

L’État a donc tout intérêt à réussir ce recensement et à sensibiliser largement la population sur ses enjeux, y compris pour garantir la crédibilité des futures échéances électorales.

De mon côté, je vous partagerai une partie de mon travail de codification qui permet d’identifier et de localiser plus facilement une commune selon sa région.

Par Tidiane DIALLO

Expert Consultant HPI en Développement Territorial

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