La France doit cesser de tirer les ficelles des organisations africaines (par Magaye Gaye)

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Je viens de lire les développements qui suivent dans le journal français le monde. Je suis tombé des nues.

« Les Comores à la présidence de l’Union africaine, une aubaine pour la France »

Paris a facilité l’accession de la petite île de l’océan Indien à la tête de l’UA en incitant le Kenya à retirer sa candidature. Le président comorien est un habitué de l’Elysée, qui apprécie son opposition ouverte à l’invasion russe de l’Ukraine.

Moroni a même failli voir cette occasion s’évaporer au dernier moment. Le Kenya membre lui aussi du bloc de l’Afrique de l’Est, en lice pour la présidence 2023 a longtemps présenté une candidature concurrente. Nairobi a fini par la retirer après une série de tractations et une discrète demande de la France. Paris s’est activé en coulisses pour refréner les ambitions de William Ruto, tout juste élu président du Kenya, et laisser le champ libre à l’archipel…

Si la perspective d’une présidence comorienne intéresse la France, c’est que les deux capitales sont proches…

« D’abord, la France voulait éviter des dissensions au sein de l’UA, confie un responsable comorien. Puis il y a la possibilité pour nous, les Comores, de jouer un rôle de médiateur. Nous pouvons passer des messages, notamment au Sahel où le Mali a des problèmes avec la France ».

Mon avis

1-La France doit s’écarter de la gestion de notre devenir continental. Ce qu’elle vient de faire dans cet épisode de la désignation du Président en exercice de l’Union Africaine (l’UA) est dangereux et sera négativement décryptée et sanctionnée par les opinions publiques africaines. Vu la persistance de la France à vouloir jouer les premiers rôles en lieu et place des pays du Continent, et ce par une stratégie de forcing irrespectueuse, j’anticipe de nouvelles défections dans la Françafrique après celles du Mali, du Burkina Faso et de la Centrafrique.

2 -L’UA gagnerait à être plus crédible en ne permettant à aucune « puissance » internationale d’influencer ses décisions. Comment est-ce que le Kenya et les Comores ont-ils pu accepter un compromis aussi déshonorant pour l’image de l’Afrique ?

3-Les stratèges africains devraient engager des réflexions urgentes afin de voir comme contrecarrer cette menace de l’omniprésence française qui je le répète ternit notre image en termes de capacité à prendre nous-mêmes nos décisions. Ce qui est inacceptable c’est de voir ce pays passer par les organisations internationales africaines pour régler ses problèmes géopolitiques. Les stratèges africains devraient être très vigilants sur ce que j’appelle la triple Déconnexion :

a) casser le leadership du Nigéria pour l’isoler des autres pays de la CEDEAO et de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)

b) séparer l’Afrique dite « noire » et celle dite « blanche’

c) affaiblir et prendre le contrôle des locomotives anglophones du Continent (Kenya, Afrique du Sud, Ghana, Maurice etc.) en les amenant à adhérer à l’Éco version francophone.

 

Magaye GAYE

Économiste International

Professeur à l’Institut Supérieur de Gestion de Paris 

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