La CEDEAO à l’épreuve des faits intrépides. (Bella Kamano)
Quel diantre aurait-il arrimé la politique à la CEDEAO? Oui, l’on est bien en droit de s’interroger, tant les déconvenues sont devenues récurrentes.
Le dernier sommet de la conférence des chefs d’Etat vient de démontrer une fois encore, qu’entre sa dénomination évocatrice et la chose politique, son inefficacité est insurmontable.
Face aux pays en transition, notamment, la Guinée, le Burkina, le Mali et le Niger l’impuissance de la caduque institution sous-régionale donne raison à ses détracteurs.
Si le fameux communiqué final de ce sommet n’apporte rien de nouveau, il a quand même le mérite d’asseoir la conviction des citoyens de sa zone, qu’elle a un besoin vital de faire une mue fondamentale.
Quelle boutade internationale, de parler de levée d’interdiction de voyager du président, du premier ministre et du ministre des affaires étrangères guinéens ? Si ce n’est d’ailleurs, un tatbir institutionnel (autoflagellation Chiite).
La vacuité de ce communiqué final n’a d’égal que la stérilité de ses sanctions prises à la lueur brillante des négociations qui aurait précédée l’aube des sanctions.
Parlant de l’accord qu’elle-même a signé avec les autorités de la transition guinéenne, ledit communiqué relève implicitement, qu’il y’a progrès mais que, ces progrès ne sont pas significatifs. Alors, la question est de savoir, à qui faut-il reprocher ce manque de progrès significatif ?
Pire, est la position malicieuse que la CEDEAO y adopte, s’agissant du financement du retour à l’ordre constitutionnel et qui contraste avec le contenu de l’accord qu’elle a volontairement signé.
A cette allure, l’institution pourrait apprendre à ses dépens que, les condamnations d’un coup d’Etat à fortiori consommé, sont classiques mais les sanctions ne sont pas indispensables.
Surtout lorsqu’on a eu une attitude coupable face à la mission de prévention qui est la vôtre. Car même en pleine guerre, la diplomatie a toujours son siège entre les positions belligérantes.
Il est indéniable que, tant que la CEDEAO se mettra au service du jeu des puissances étrangères, elle passera à côté des enjeux de l’heure dans sa circonscription.
Mais comment l’éviter, alors qu’elle a choisi d’être sous perfusion financière comme ses États membres ? Conséquence d’une pathologie très contagieuse qui s’appelle, mauvaise gouvernance.
Également, il n’est pas futile de rappeler que, la série des coups d’États intervenue dans la sous-région, a favorisé l’avènement au pouvoir d’une génération aux discours nationalistes, heureusement bien accueillis.
Et c’est le résultat d’un diagnostic sans appel, fait des vieilles relations entre ces puissances étrangères et ces pays respectifs. Même si, c’est la France qui en est devenue la bête noire.
En Guinée par exemple, lorsque le ministre des affaires étrangères, Morissanda Kouyaté déclare devant les ambassadeurs accrédités que, pour le paraphraser ; tout pays qui va refuser son sol à une autorité guinéenne, ses ressortissants se verront refuser celui de la Guinée.
Ou, lorsqu’il dit avec emphase en France que, tout rapatriement sauvage d’un guinéen, sera répondu par le renvoi du citoyen du pays auteur. Ces extraits de discours illustrent parfaitement, la nature de la politique étrangère souveraine de la nouvelle génération de dirigeants.
Plus éloquente expression de cette mentalité nationaliste, et qui est par ailleurs indicateur d’une certaine lassitude, a été mise en exergue par le président de la transition malienne. Sans ménagement aucun, il a chassé la mission militaire française (Barkane) de la terre de ses ancêtres.
Au Niger, le Général Thiani, président de la transition, après avoir réuni les preuves des agissements subversifs de l’ambassadeur français, l’a déclaré persona non grata.
Rien que ses discours décomplexés, intrépides et actes patriotiques suffisent pour que, l’archaïque CEDEAO choisisse soit, de changer de fusil d’épaule pour être en phase avec son époque, soit de retourner à sa vocation première.
Bella Kamano