Jordan Garcia, consul honoraire de la République de Guinée pour l’Etat de Californie a accepté d’évoquer l’actualité sociopolitique de la Guinée avec notre rédaction. En séjour à Conakry depuis quelques jours, il s’est prêté à nos questions sur la conduite de la transition dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, la tenue du procès des massacres du 28 septembre, le projet Simandou entre autres.
Le diplomate franco-espagnol est également revenu sur la prochaine visite de l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo le 7 mars prochain. Lisez !
-Planete7 : Bonjour Monsieur, SVP présentez-vous à nos lecteurs.
Jordan Garcia : Bonjour je m’appelle Jordan Garcia, je suis le consul honoraire de la République de Guinée pour l’Etat de Californie depuis 2012 maintenant. Je représente les intérêts de la Guinée en Californie mais aussi ceux des Guinéens qui y vivent. Je suis né en France mais je suis d’origine espagnole et toute ma famille vient d’Espagne et c’est pourquoi j’ai un nom espagnol. Je vis aux Etats-Unis, ça va faire 23 ans maintenant.
La Guinée est en chantier
-Bien pour commencer, quel regard portez-vous aujourd’hui sur la conduite de la transition en Guinée par le CNRD ?
J.G : Moi je ne fais pas de politique mais ce que j’ai remarqué par contre ce que depuis un an on voit quand-même qu’il y a beaucoup de chantiers. La Guinée est en chantier, je sens que le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya c’est quelqu’un que j’ai rencontré plusieurs fois, c’est quelqu’un qui travaille et qui a une vision. Je suis au Palm Camayenne, je vois la plage qui a été faite en deux semaines, on n’a jamais vu ça en 11 ans avant. Je pense que c’est quelqu’un qui travaille, son équipe et lui sont des travailleurs, on est sur une bonne voie. Et les gens le disent que la situation est un peu difficile ici mais elle est difficile partout dans le monde entier.
-Malgré les efforts, la transition se heurte à un problème avec les acteurs politiques notamment le FNDC, les forces vives de Guinée qui projettent une marche pacifique le 09 mars prochain. Est-ce opportun de faire des manifestations actuellement ?
J.G : Comme je ne fais pas de politique, je représente la Guinée c’est difficile pour moi de répondre à cette question mais je suis quelqu’un qui est toujours ouvert au dialogue. Je pense que le dialogue c’est ce qui est primordial à l’heure actuelle.
-Il y a également le procès des massacres du 28 septembre qui se tient actuellement à Conakry. N’est-ce pas une bonne chose dans la conduite de la transition ?
J.G : En dehors de la transition c’est quelque chose qui est important parce que y a tellement eu de tueries au stade du 28 septembre, je pense que c’était nécessaire et puis ça duré, on a attendu pratiquement 11 ans avant que ça ne se fasse pour des raisons qu’on ignore. Je pense qu’il faut saluer quand-même ce procès, nous allons voir les aboutissements, pour les familles des victimes c’est quelque chose de vraiment important.
C’est une des plus grosses mines de fer au monde
–Votre commentaire sur la relance du projet Simandou ?
J.G : c’est un peu la saga du Simandou on pourrait en faire un feuilleton. Mais je pense qu’il y a vraiment une volonté du président actuel de faire avancer les choses. Et c’est quelqu’un qui est très pragmatique. Je pense que c’est à l’intérêt de la Guinée que ce projet avance. C’est une des plus grosses mines de fer au monde, avec une telle teneur, c’est important pour la Guinée.
-On va également aborder l’actualité du continent avec vous. Que vous inspire ce qui se passe en Tunisie avec cette chasse aux ressortissants de l’Afrique au sud du Sahara ?
J.G : tout d’abord je voulais saluer ce qu’a fait le président et le ministre des affaires étrangères, envoyer un avion pour récupérer les Guinéens qui sont en détresse là-bas. On n’a pas vu ça souvent dans le passé, c’est quelque chose qu’il faut vraiment saluer. J’ai vu les images, ça m’a fait vraiment chaud au cœur, c’est un peu symbolique ce que j’ai vu. Et c’est vraiment triste de voir qu’un président en Tunisie se comporter comme ça. Ça fait partie de l’Afrique, le racisme on le voit partout, c’est toujours d’actualité, moi je le vois aux Etats-Unis, on le voit aussi en France avec la montée de l’extrême droit…c’est quelque chose que je n’arrive pas à comprendre, ça me dépasse de voir un président tenir de tels propos. J’ai l’impression qu’on trouve des excuses, qu’on essaye de faire sa promotion pour sauver son pouvoir, je crois que c’est complètement déplacé.
-Vous êtes en Guinée pour préparer la venue très prochaine de l’ancien président du Nigéria, Olusegun Obasanjo. Quel est l’objet de cette visite aux autorités de la transition ?
J.G : C’est quelqu’un que je connais depuis quelques années, on a préparé sa visite avec l’ancien consul général des États-Unis à Lagos et bien entendu avec le gouvernement guinéen, le ministère des affaires étrangères et aussi avec le président du CNT qui m’a beaucoup aidé là-dessus. Monsieur Obasanjo comme le savez c’est une personnalité qui ressemble un peu au président Colonel Mamadi Doumbouya, ils ont un parcours un peu identique. Monsieur Obasanjo voulait absolument rencontrer le président Doumbouya donc j’ai organisé ça. Donc il arrive le 07 mars le matin, il vient d’une part pour rencontrer le président le président de la transition mais aussi il a un souhait de développer deux projets agricoles en Guinée : un projet de ferme d’ananas d’environ 450 hectares et puis un projet de ferme de volaille de 150 hectares. J’ai déjà échangé avec le ministre de l’agriculture sur ce sujet, je pense que ça va être de bonne voie. Le président Obasanjo et le colonel Mamadi Doumbouya ont une vision commune un peu comme Sankara l’avait. C’est des panafricains et ils veulent que l’Afrique soit autosuffisante et qu’on transforme les choses en Afrique pour créer de l’emploi et de la richesse et pour que l’Afrique soit forte. On a discuté avec le ministre de l’agriculture de terrains à Boké pour ces projets et on est en train de voir également d’autres endroits mais Boké est l’endroit probablement prioritaire mais encore à discuter. Lui va venir assez rapidement pour juste deux jours, mais son équipe surement rester un peu plus longtemps. Je pense que c’est quelque chose qui est bon pour l’Afrique, bon pour la Guinée et c’est de investissements africains.
-Votre mot de la fin ?
J.G : Moi je suis content d’être en Guinée, je suis content de représenter la République de Guinée. C’est un pays qui a énormément de potentiel, je pense qu’on sur des bons rails maintenant et j’espère qu’on va aller de l’avant, parce qu’il faut vraiment que le pays décolle maintenant, on ne peut se permettre d’être encore en retard, on voit le Sénégal, la Cote d’Ivoire où ils en sont, je sais que la Guinée a le potentiel pour aller à ce niveau-là. Il faut que tout le monde soit uni, ensemble qu’on fasse avancer la Guinée.
Interview réalisée par Pathé Diallo pour Planete7.info