Guinée : Transition et Perspectives, Ibrahima Diallo du FNDC au Journal d’Afrique
L’opposition guinéenne est-elle muselée ? C’est la question qui se pose après les déclarations fracassantes d’Ibrahima Diallo, responsable des opérations du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), invité du Journal d’Afrique sur TV5 Monde. Dans un contexte où la transition militaire dirigée par le général Mamadi Doumbouya enchaîne les arrestations et suspend les activités politiques, l’opposant dénonce une véritable confiscation du pouvoir.
Alors que la junte promettait un retour progressif à l’ordre constitutionnel, les trois derniers mois ont été marqués par une répression accrue. Une trentaine de partis politiques, dont le RPG Arc-en-Ciel d’Alpha Condé, ont été suspendus, et les manifestations restent interdites depuis mai 2022. « Nous avons des médias fermés, des citoyens emprisonnés ou portés disparus, et des partis dissous », a dénoncé Ibrahima Diallo, soulignant une politique d’intimidation visant à éteindre toute contestation.
Dans le même temps, le FNDC accuse la junte d’organiser des rassemblements favorables à Mamadi Doumbouya, encadrés par les forces de sécurité, alors que toute mobilisation de l’opposition est systématiquement réprimée. « L’opposition ne peut pas faire campagne, alors que les partisans de la junte sont autorisés à occuper la rue », s’indigne le responsable du FNDC.
Le Premier ministre avait pourtant assuré que 2025 serait une année électorale, avec un référendum constitutionnel suivi de présidentielles et de législatives. Mais, selon Ibrahima Diallo, cette promesse n’est qu’un leurre. « Il n’y a ni constitution, ni fichier électoral, et le recensement est suspendu faute de paiement des agents », a-t-il affirmé, mettant en doute la sincérité du calendrier avancé par la junte.
Dans ce climat d’incertitude, la question d’une candidature de Mamadi Doumbouya agite la scène politique. Officiellement, le chef de la junte avait juré qu’aucun membre du CNRD ne se présenterait à la future présidentielle. Mais les signaux envoyés sur le terrain disent tout le contraire. « Tout porte à croire que Mamadi Doumbouya prépare sa candidature, en dépit de ses engagements initiaux », prévient le FNDC.
À mesure que le temps passe, l’opposition et la société civile voient leur marge de manœuvre se réduire dangereusement. Si la junte semble jouer la montre, le FNDC, lui, continue de sonner l’alerte. Le retour des civils au pouvoir reste incertain, et pour Ibrahima Diallo, seul un sursaut citoyen et une pression internationale accrue pourraient inverser la tendance.
La transition guinéenne, qui s’annonçait comme une parenthèse temporaire, risque-t-elle de se transformer en un pouvoir militaire pérennisé ? À quelques mois d’échéances électorales encore hypothétiques, l’avenir démocratique de la Guinée demeure suspendu à un fil.
Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info
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