Guinée – Métier de tapissier : Entre passion et défis, Oumar Sadjo Bah interpelle les autorités

Comme bien d’autres professions artisanales, le métier de tapissier en Guinée est confronté à de nombreux obstacles. Entre la difficulté d’accès aux matières premières et l’irrégularité des commandes, les artisans peinent à vivre pleinement de leur activité. À cela s’ajoutent des problèmes de sécurisation des espaces de travail et des impayés qui fragilisent davantage leur quotidien.

C’est dans ce contexte que notre rédaction est allée à la rencontre d’Oumar Sadjo Bah, maître tapissier et propriétaire d’un atelier. Ce dernier a accepté de partager son expérience, marquée par des hauts et des bas, mais aussi par une résilience admirable.

« Actuellement, la situation du pays est difficile. En plus, notre atelier est installé dans une zone réservée, ce qui nous expose constamment à des menaces de déguerpissement. Nous vivons dans l’incertitude et rencontrons de nombreuses difficultés », confie-t-il avec amertume.

Au-delà des contraintes liées à l’espace de travail, l’artisan déplore également l’incivisme de certains clients : « Certains viennent récupérer des fauteuils et disparaissent sans solder leur dette. C’est un manque de respect pour notre labeur. »

Mais l’épreuve la plus douloureuse pour lui reste l’incendie de son atelier en 2020, un drame qui lui a coûté une perte estimée à près de 29 millions de francs guinéens. Malgré cette tragédie, il a su se relever, non sans peine : « Aujourd’hui, je me débrouille comme je peux pour subvenir à mes besoins, sans avoir à m’endetter. Ce n’est pas l’idéal, mais c’est toujours mieux que ce que j’ai vécu à cette époque. »

Face à ces difficultés, Oumar Sadjo Bah plaide pour un accompagnement des pouvoirs publics, notamment en matière d’infrastructures adaptées : « Si les autorités nous aident à obtenir un emplacement stable et sécurisé, ce serait un grand soulagement. Nous voulons travailler dignement, sans crainte d’être chassés du jour au lendemain. Avoir un métier, c’est une fierté, et nous préférons bâtir notre avenir ici plutôt que de partir à l’aventure dans l’incertitude. J’interpelle le Président Mamadi Doumbouya afin qu’il prenne en compte la situation des jeunes ouvriers comme nous. »

Dans un pays où l’entrepreneuriat artisanal joue un rôle clé dans l’économie locale, les doléances de ces artisans méritent d’être entendues. Un soutien structurel pourrait non seulement garantir la pérennité de leur métier, mais aussi contribuer à lutter contre le chômage des jeunes en Guinée.

Mohamed Diallo pour Planete7.info 

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