Dans un entretien exclusif accordé à votre quotidien en ligne, le président du parti Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée (LDRG) s’est exprimé ce mardi sur le dernier développement de l’actualité sociopolitique de la Guinée. Mamadou Oury Diallo a abordé trois principales thématiques qui cristallisent l’actualité en Guinée ces derniers temps.
Il s’agit de la manifestation des Forces Vives de Guinée projetée le 5 septembre prochain, l’an 2 du CNRD et la panne du dialogue politique. Sur ses sujets, le président de la LDRG donne son avis et propose également des pistes de solution.
1) Sur la manifestation des forces vives le 5 septembre prochain.
J’ai effectivement pris connaissance de l’appel à des manifestations lancé par un groupe des forces vives. Il est utile de commencer par préciser que dans le contexte de cette transition, les forces vives de la nation comprend deux groupes : il y a d’abord la Conférence des coalitions politiques et des faîtières de société civile ; puis, il y a un conglomérat d’autres formations politiques et organismes de la société civile qui n’ont pas d’abord trouvé un nom pour leur groupe. C’est ce groupe qui appelle à des manifestations le 5 septembre. Ça c’était une sémantique importante à clarifier car il n’est pas normal qu’un groupe s’approprie le concept de Forces Vives qui est une institution républicaine de la transition.
Par ailleurs, pour revenir au fond de votre question, aussitôt que j’ai pris connaissance de cet appel à manifestation de ce groupe, j’ai alors lu le contenu de leur appel. Grosso modo, ils expliquent leur appel à manifestation par la nécessité de rectifier la transition. Mais rectifier quoi exactement ? On ne rectifie que quelque chose qui ne va pas dans le bon sens. Notre transition de la refondation n’est certes pas parfaite, mais tout le monde est d’accord qu’elle avance dans le bon sens dans tous les domaines. Que ça soit sur le plan économique, le plan sociopolitique, le plan du rassemblement, le plan de l’État de droit, le plan de la bonne gouvernance, le plan des réformes de l’État, etc. Sur tous ces plans nous avançons dans le bon sens. Qu’est-ce qu’il y a donc à rectifier ? Même s’il advenait que ce groupe estime qu’il y ait quelque chose à rectifier, mais pourquoi privilégier tout de suite la violence et la rue ? Même dans le cadre de la transition notre pays a des voies républicaines et informelles de manifester des désaccords : le CNT est ouvert, la Primature est ouverte, le cadre de dialogue inter-guinéen permanent est ouvert ; vous avez aussi les facilitatrices et les religieux. Pourquoi ce groupe veut toujours nous ramener à l’ère des conflits et de la violence ?
Donc, si je ne nie pas à ce groupe la légitimité d’avoir ses propres opinions, cependant je désapprouve totalement les appels à la violence. Je les invite plutôt à rejoindre le groupe de la Conférence des coalitions politiques dans le cadre du dialogue interguinéen qui a été créé à cet effet en vue d’une transition apaisée et réussie. En tout état de cause, mon parti, la LDRG, invite l’ensemble des populations guinéennes à se désolidariser totalement des appels à la violence. Nous avons déjà parcouru la partie la plus longue de la transition. Pour le peu qui reste à parcourir, ne cherchons pas à retarder le train. Tout au contraire, soutenons et encourageons le Gouvernement pour compléter les réformes engagées et pour avancer dans le chronogramme.
2-L’An 2 du CNRD avec des projets de célébration sous forme de campagne.
Je suis effectivement ce débat entre ceux qui estiment qu’il est légitime de célébrer l’anniversaire de l’avènement du CNRD au pouvoir, et ceux qui estime que cela va à l’encontre du principe édicté par le Col. Mamadi DOUMBOUYA de bannir les comités de soutien. Jusqu’à récemment je dois vous avouer que je ne voyais aucun inconvénient à ce que des artistes célèbrent la libération que représente l’avènement du CNRD au pouvoir. Comme plusieurs de nos compatriotes, je considère aussi que cette date représente encore une véritable libération pour notre nation. Cependant, nous ne pouvons pas faire abstraction du contexte. Faire abstraction du contexte conduit souvent à des résultats totalement contraires à ce que nous attendions. Le contexte a changé dans la mesure où le même groupe réactionnaire s’est invité de façon négative pour lancer des appels à la violence. La sagesse invite donc les uns et les autres à la prudence. Peut-être qu’il serait mieux indiqué de reporter le concert pour une date ultérieure et de choisir un thème qui ne cristallise pas les divisions. Il faut savoir distinguer les choses les plus importantes des choses les moins importantes.
Par contre, pour moi et pour mon parti la LDRG, cette date du 5 septembre est synonyme de bilan à faire. Mon équipe et moi nous travaillons pour justement dresser un bilan sans démagogie des deux ans de l’avènement du CNRD au pouvoir. Nous attendons aussi surtout une prise de parole du Chef de l’État, le Président de la République, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA pour éclairer la nation sur les réalisations et surtout sur ce qui reste à faire les prochains mois pour clôturer avec succès la transition.
3- Le dialogue politique en panne depuis longtemps.
Je ne dirais pas le dialogue politique est en panne. Mais vous avez raison, il y a une certaine frustration de la part de la Conférence des coalitions politiques et des faîtières de la société civile guinéenne qui sont parties dans le Dialogue Inter-guinéen. Mon parti appartient à ce groupe des forces vives de notre nation qui soutient le projet progressiste du CNRD ainsi que le chronogramme du retour à l’ordre constitutionnel conclu avec la CEDEAO. Nous sommes supposés donc être des alliés objectifs du CNRD. Nous estimons que dans le cadre du chronogramme du retour à l’ordre constitutionnel, il y a quelques éléments qui méritent à ce qu’on se concerte. Notamment sur le décret concernant la nomination des conseils de quartier, ainsi que le financement des activités du chronogramme. Cette concertation est nécessaire afin qu’on se donne les meilleures idées pour sortir, tous, par le haut de cette transition. La réussite du CNRD sera égal notre réussite. L’échec du CNRD sera aussi notre échec. Voilà pourquoi j’invite le Gouvernement à ne pas négliger ses alliés objectifs, surtout en cette période très importante pour la consolidation des acquis de la transition.
Je conclurais donc en disant que le dialogue politique n’est pas en panne. Mais il est important pour le gouvernement de trouver le temps de l’animer.
Entretien réalisé par Pathé Diallo pour Planete7.info