Guinée : Les défenseurs des droits des femmes sonnent l’alerte sur les violences et l’impunité
Le mardi 24 décembre, à Conakry, le collectif des organisations de défense des droits des femmes en Guinée a tenu une conférence de presse poignante pour dénoncer l’escalade des violences basées sur le genre (VBG) et les meurtres ciblant les jeunes filles. Cette initiative intervient dans un climat d’indignation nationale, marqué par le viol et l’assassinat atroce de Mahawa, une fillette de six ans, dans les toilettes d’une école.
Oumou Kaïri Diallo, présidente des Jeunes filles Leaders, n’a pas mâché ses mots pour décrire l’insécurité grandissante qui pèse sur les jeunes filles. « Aujourd’hui, il est devenu risqué pour une jeune fille de quitter son domicile. Les prédateurs peuvent être des proches, comme un oncle ou un cousin. En tant que parents, nous ne pouvons pas interdire à nos enfants d’aller à l’école, mais il est insupportable de les voir revenir dans des cercueils, victimes de viols et de meurtres. »
Elle a pointé du doigt l’inaction des autorités judiciaires : « Prenons l’exemple de la petite Aïcha : un mois après son décès, son père n’a reçu aucune réponse. Tant que justice ne sera pas rendue, les parents vivront dans la peur constante pour leurs filles. Nous exigeons une concertation interministérielle urgente pour sécuriser les lieux essentiels tels que les écoles, les marchés et les quartiers. »
Anne Fatou Souaré, présidente de l’ONG WAFRICA, a pour sa part insisté sur la responsabilité incontournable de l’État dans cette lutte. « En tant qu’ONG, nos actions sont limitées par un manque criant de ressources. L’État doit s’impliquer activement en allouant des moyens conséquents via le budget national et des projets de développement structurants. Le ministère de la Sécurité, notamment, doit prendre cette problématique à bras-le-corps et instaurer des dispositifs concrets pour sécuriser les écoles. »
Son intervention a mis en lumière une réalité effrayante : « Chaque jour, des bébés sont violés dans des lieux censés être sûrs, comme les écoles. C’est une honte pour notre pays, qui aspire pourtant à se développer. Aucun parent ne devrait recevoir un appel lui annonçant la mort tragique de son enfant. »
À travers cette conférence de presse, le collectif a lancé un appel à une mobilisation immédiate des autorités. Il demande non seulement une justice exemplaire pour les victimes, mais aussi une prévention efficace des violences, à commencer par des campagnes de sensibilisation, le renforcement des lois et une meilleure protection des enfants dans les espaces publics.
Le message est sans équivoque : l’inaction des autorités nourrit un sentiment d’impunité, mettant en danger la vie de milliers de jeunes filles en Guinée.
Ce cri d’alarme résonne comme un ultimatum : il est temps que l’État prenne ses responsabilités pour garantir aux enfants et aux femmes une sécurité essentielle à leur épanouissement et à celui de la nation tout entière.
Hawa Mohamed Soumah pour Planete7.info
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