Grippe aviaire : Le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage débloque 34 milliards GNF pour sauver la filière avicole
Un tournant décisif pour la filière avicole guinéenne. Trois ans après l’épidémie de grippe aviaire qui a ravagé les élevages de Koya et Forécariah, le gouvernement, à travers le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, a officialisé ce mercredi la signature de 95 conventions avec les éleveurs affectés. La cérémonie, placée sous la haute présidence du Premier ministre Amadou Oury Bah, s’est tenue dans la salle polyvalente de la Plage Camayenne en présence des acteurs clés du secteur et de ses partenaires techniques et financiers.
L’épidémie de grippe aviaire de mai 2022 a plongé la filière avicole guinéenne dans une crise sans précédent. En réponse, l’État a immédiatement déployé des mesures de protection sanitaire, conduisant à l’abattage massif de 4 012 928 poules pondeuses et à la destruction de 141 160 œufs, pour un coût total de 12,8 milliards de francs guinéens.
« La grippe aviaire est une menace redoutable pour notre cheptel. Grâce à l’action rapide des services vétérinaires du ministère, nous avons pu circonscrire l’épidémie à temps. Mais ses conséquences économiques ont été dévastatrices », a rappelé Halimatou Sirandou Diallo, Directrice nationale des productions animales.
Conscient de l’impact socio-économique de cette crise, le gouvernement a mobilisé 34 milliards de francs guinéens pour soutenir 111 fermes touchées et relancer durablement le secteur. Ce financement est le fruit d’une collaboration entre l’État, la Banque mondiale, le Fonds de développement agricole (FODA) et d’autres partenaires stratégiques.
Le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Félix Lamah, a souligné l’importance de cette relance : « Le secteur avicole joue un rôle central dans notre quête d’autosuffisance alimentaire. En réduisant notre dépendance aux importations d’œufs et de volailles, nous renforçons notre souveraineté alimentaire et stimulons la production locale. »
Dans cette dynamique, le Fonds de Développement Agricole (FODA) a débloqué 15 milliards de francs guinéens, financés par le Budget National de Développement (BND), pour accompagner 97 fermiers. Alpha Oumar Foly Diallo, Directeur général du FODA, a détaillé les conditions de ce soutien : « Les bénéficiaires rembourseront ces fonds à taux zéro sur une période de 18 mois, avec un échéancier en trois paiements. Un dispositif rigoureux de suivi technique et financier sera mis en place pour garantir une utilisation optimale des ressources. »
La gestion des fonds repose sur cinq signataires : le FODA, le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, la Direction nationale de l’alimentation et des productions animales, l’interprofession avicole et les aviculteurs bénéficiaires.
Pour Aboubacar Dansoko, représentant de la Fédération Interprofessionnelle des Aviculteurs (FINA), cet accompagnement financier est une opportunité à saisir avec rigueur : « Ce soutien est un levier, mais la réussite dépend de nous. Chaque éleveur doit faire preuve de transparence et adopter des pratiques modernes et durables pour garantir la viabilité de notre secteur. »
Cet appel à la responsabilité s’inscrit dans une volonté plus large d’assainir et de moderniser la filière, en mettant l’accent sur la formation des éleveurs, l’amélioration des infrastructures et la résilience face aux crises sanitaires.
Au-delà de la relance immédiate, le Premier ministre Amadou Oury Bah a plaidé pour une réforme structurelle du secteur : « Il est impératif de mettre en place des mécanismes de protection, notamment des assurances agricoles, pour prémunir nos producteurs contre de futurs chocs sanitaires et économiques. »
Ce plaidoyer ouvre la voie à une réflexion plus large sur la sécurisation des investissements agricoles, afin de garantir une stabilité à long terme aux producteurs guinéens.
La signature de ces conventions marque une étape décisive dans la reconstruction du secteur avicole guinéen. Grâce à un accompagnement financier structuré, un encadrement technique renforcé et un engagement collectif, la filière entame un nouveau chapitre, sous le signe de la résilience et de la modernisation.
Alors que les regards se tournent vers l’avenir, les autorités et leurs partenaires réaffirment leur détermination à faire de l’aviculture un pilier stratégique du développement agricole national.
Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info
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