Grâce présidentielle pour Dadis Camara : entre espoir et colère à Conakry
À peine quelques mois après sa condamnation, l’ancien chef de la junte de 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara, retrouve la liberté. Un décret du président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a annoncé sa grâce, une décision qui suscite des réactions contrastées au sein de la population de Conakry.
Si certains y voient un geste en faveur de la réconciliation nationale, d’autres dénoncent une atteinte à la crédibilité de la justice. Notre rédaction est allée à la rencontre de citoyens pour recueillir leurs avis.
Dans la commune de Ratoma, à Cosa, Mamo Haba exprime son enthousiasme : « Nous sommes profondément heureux d’apprendre cette nouvelle. Toute la région forestière est en liesse à l’idée de voir son fils sortir de prison. Nous remercions le président Mamadi Doumbouya pour cet acte que nous jugeons salutaire. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons privilégier la réconciliation et la paix. La libération du capitaine Dadis s’inscrit dans cette dynamique, et c’est la Guinée qui en sort gagnante. »
Même sentiment du côté de Mohamed Lamine Soumah, qui ne cache pas son enthousiasme : « C’est une immense joie pour nous. Nous attendions ce jour avec impatience, et aujourd’hui, notre souhait est enfin exaucé. Nous félicitons le général Mamadi Doumbouya pour cette décision. Personnellement, j’aimerais voir le capitaine Dadis Camara revenir sur la scène politique et, pourquoi pas, briguer à nouveau la présidence. »
Mais cette décision ne fait pas l’unanimité. Pour Ibrahim Sory Camara, c’est une véritable désillusion : « C’est une insulte aux citoyens guinéens. Le procès a pris fin il y a à peine quelques mois, et déjà, les auteurs des crimes sont libérés. Comment peut-on croire en la force de la justice dans notre pays dans de telles conditions ? Il y a quelques jours, on évoquait l’indemnisation des victimes, et aujourd’hui, un décret accorde la grâce présidentielle à ceux qui ont été reconnus coupables. C’est un véritable affront. Je suis profondément déçu. »
La grâce accordée au capitaine Moussa Dadis Camara soulève donc des avis divergents. Entre ceux qui y voient un pas vers l’apaisement national et ceux qui dénoncent une entrave à la justice, le débat est loin d’être clos. Reste à voir quelles seront les répercussions politiques et sociales de cette mesure sur l’opinion publique et sur le processus de réconciliation nationale.
Mohamed Diallo pour Planete7.info
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