Geraud Moussaire DG de Rio Tinto: « Le projet Simandou en tout c’est un investissement de 15 milliards de dollars »

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Le directeur général de Rio Tinto était l’invité d’Espace TV dans l’émission questions d’actu du jeudi 23 février 2023. Dans cette grande interview à bâton rompu, Geraud Maoussaire est revenu sur le grand projet Simandou notamment les blocs 3 et 4 avec Rio Tinto et les négociations avec le gouvernement Guinéen. Il a répondu aux questions de notre confrère Jacques Lewa Leno. Suivez !

 Jacques Lewa Leno (JLL) : Bonsoir à tous. Bienvenue dans Question d’actualité. Ce soir, nous évoquons le projet Simandou. Vous le savez il a connu plusieurs arrêts, plusieurs reprises aussi. Le dernier accord permet donc la création d’une co-entreprise autour du chemin de fer. Mais, vous avez quand même Winning Consortium et Rio Tinto qui se trouvent sur les 4 blocs finalement. Ce soir pour évoquer les blocs 3 et 4 avec Rio Tinto, je reçois pour vous Geraud Moussarie. Monsieur bonsoir.

Geraud Moussarie (GM): Bonsoir

JLL : Vous êtes le directeur général de Rio Tinto Guinée, vous êtes donc là depuis plus d’une année. Rio Tinto et Simandou c’est une vieille histoire. Vous êtes là depuis longtemps mais vous, vous êtes arrivé il y a plus une année seulement, dites-nous à quel niveau vous avez trouvé les négociations entre votre société et le gouvernement guinéen ?

GM : Merci beaucoup. Effectivement, c’est une vieille histoire qui dure depuis quelques années. Mais j’aimerais dire que ce n’est pas surprenant parce que des projets de la taille de Simandou, des projets de classe mondiale, il faut un certain temps pour que les choses se mettent en place. Et aujourd’hui, je dirais que les étoiles sont alignées. Pourquoi ? Parce que, d’une part le marché du fer de Simandou, c’est un fer à haute teneur, un fer vert en fait qui est très demandé par les clients aujourd’hui. Donc, le marché et le client sont aujourd’hui prêts pour le fer de Simandou. Nous avons déjà un marché important qui est demandeur. La deuxième chose, c’est qu’au cours des dernières années, beaucoup de choses se sont passées. En fait, la mine et le tracé du rail, ont été dé-risqués. Pourquoi ? Parce que sur le tracé de la mine Rio Tinto et Simfer ont fait beaucoup de travaux pour comprendre les quantités, la qualité du minerai de fer. Sur le tracé WCS a fait de grandes avancées ; ils ont commencé la construction. En fait, aujourd’hui, quand je suis arrivé en Guinée, le projet était déjà dé-risqué par rapport à autrefois. Et puis un élément important, c’est qu’ici nous avons la volonté très forte du gouvernement de la transition d’avancer avec ce projet et également du côté de Rio Tinto, la volonté très forte de notre CEO d’avancer sur ce projet. Ce qui fait que les étoiles se sont alignées et aujourd’hui nous travaillons vraiment d’arrache-pied pour faire avancer ce projet.

JLL : Il faut quand même dire qu’il y avait déjà un accord avec le gouvernement déchu, les autorités de la transition l’ont remis en cause sur certains aspects. Est-ce que, parce que ça, ça ne dépend peut-être pas de vous forcément, mais est-ce que vous pouvez nous dire ce qui ne passait pas bien. Qu’est-ce qu’on vous a dit ? Parce que les autorités l’ont dit mais il y a des non-dits peut-être. Qu’est-ce qu’on vous a dit de ce qu’on reprochait à l’accord que vous avez signé auparavant ?

GM : En fait, je n’ai pas tous les détails sur l’historique. Je suis vraiment arrivé ici en Guinée pour faire avancer le projet. Je me suis vraiment focalisée là-dessus. Je sais que ce qui était très important pour son excellence le président de la transition, c’étaient deux choses. Un, c’était que le projet avance vite. Démarre enfin et avancent vite. Et deuxièmement, que le projet se fasse selon les normes internationales de l’IFC. Ce que nous mettons en place aujourd’hui.

JLL : Et surtout que le code minier soit aussi respecté notamment dans le cadre justement des parts qui doivent revenir à l’Etat guinéen.

GM : Absolument, le code minier ….

JLL : Il y a les 15% qui sont revenus après.

GM : Le code minier bien entendu, comme vous le savez Rio Tinto est une société côtée en bourse. Donc, on répond bien sûr à toutes les normes requises de nous. On publie nos rapports, nous sommes tenus bien sûr de respecter tous les codes miniers et les accords qui sont en place, la législation en vigueur absolument. Par contre, vous avez raison de souligner qu’il y a eu des négociations ensuite pour établir les parts de chacun. Ce qui a été fait lors de la création de la CTG, la Compagnie du TransGuinéen qui, pour le souligner est aussi une grande avancée qui n’existait pas il y a quelques mois. Qui a été créée en juillet 2022 et sur lesquelles nous avons abouti à un accord sur les termes clé en décembre et qui aujourd’hui est en terme de finalisation.

JLL : Comment va se faire la construction du chemin de fer ? On dit bien la Guinée entre avec 15 pourcents mais gratuitement donc sans financement. Ce qui veut dire que le gros du boulot revient aux sociétés qui s’engagent sur l’exploitation de ces minerais de fer. Comment ça va se faire ? Comment c’est réparti concrètement sur le terrain ? Qu’est-ce qui revient à Rio Tinto en termes d’actions ?

GM : Donc en fait c’est un projet qu’on dit de classe mondiale, pourquoi ? C’est un des plus gros projets miniers sur la planète. Qui rassemble des acteurs très connus dans le marché du fer. Rio Tinto, le premier vendeur de fer mondial sur les marchés internationaux. Baowu qui est en train de rentrer dans le partenariat est le premier producteur de fer.

JLL : Baowu sera avec Rio Tinto ?

GM : Donc Baowu va rentrer dans le partenariat dans la CTG. En fait dans WCS qui est un actionnaire de la CTG. En fait, ces acteurs se rassemblent et comment le travail va être divisé ? C’est un travail de très grande ampleur. Puisque, non seulement, nous avons le développement de deux mines mais aussi un tracé de chemin de fer qui va à 650 km de longueur, qui va traverser six des huit régions administratives de la Guinée et un port. Et donc, il est important pour garder la vitesse et maintenir les standards internationaux de bien se répartir le travail entre les différents acteurs.

JLL : Est-ce que déjà c’est fait ou c’est n’est pas encore fait ?

GM : Donc aujourd’hui, je dirais que certains des éléments sont très clairs. Par exemple, chacun développe sa mine, aujourd’hui Rio Tinto est en train de développer d’ores et déjà sa mine.

JLL : Mais quand vous dites développer la mine, concrètement qu’est-ce qui est déjà en train d’être fait sur le terrain ?

GM : Alors, les voies d’aménagement, préparer les terrains, construction des camps. Nous avons commencé aujourd’hui le tronçon qui va relier les deux mines l’une avec l’autre, mettre la mine à niveau pour recevoir les équipements. Pour donner une idée de manière concrète, l’année dernière, on avait environ 350 employés direct chez Rio Tinto. Aujourd’hui, nous sommes à 600 environ. 1 500 si on inclut les emplois directs et indirects et on doit passer à 3 000 à la fin de cette année. Sans compter les employés des sous-traitants qui sont de plusieurs milliers également. Donc comme vous le voyez, nous sommes déjà en travaux. Maintenant, la mine de Rio Tinto et ses partenaires…

JLL : On n’est pas encore au stade de l’exploitation ? en début d’exploitation ?

GM : Tout à fait.

JLL : Parce que dans l’accord, on a bien pu lire que c’est au terme de la réalisation du tracé que l’exploitation va commencer. C’est bien cela ?

GM : Donc en fait les travaux sont en cours. Et l’exploitation commencera, comme vous le dites, à la fin des travaux.

JLL : Mais en ce qui concerne le tracé, puisque ma question de départ c’était celle-là. Vous dites vous allez vous répartir le travail pour faire le chemin de fer. Pour les Guinéens qui nous écoutent, donc de Beyla   jusqu’au port de Moribaya, à Forécariah, 650 kilomètres. Est-ce que concrètement il y a une répartition qui est faite ? Qu’est que chaque compagnie est déjà en train de faire par rapport au chemin de fer ?

GM : Oui d’accord tout à fait. Donc les mines sont développées par les partenaires. Pour le chemin de fer, lui sera réalisé par la CTG, la Compagnie du TransGuinéen.

JLL : Donc la Compagnie du TransGuinéen, compagnie dans laquelle la Guinée est actionnaire à 15 %.

GM : Tout à fait. Vous avez raison de la souligner. Donc en fait, les travaux du chemin de fer sont réalisés par la CTG. Ils avaient déjà été commencé par WCS et aujourd’hui dès que la finalisation des accords sur la CTG seront acquis, ce qui je pense est en très bonne voie, nous allons revoir une remobilisation imminente sur ce tracé.

JLL : Et c’est encore la CTG qui s’occupera de la construction du port ?

GM : Tout à fait. Alors pour maintenir la vitesse, ce qui se passera sans rentrer dans, évidemment, trop de détails, c’est que le travail qui était déjà en cours sera continué mais on se répartir les tâches de façon à les optimiser le plus possible. Mais ça sera sous la Haute Autorité de la CTG.

JLL : Vous avez donc la moitié sur le Simandou, les blocs 3 et 4. Il y a déjà une prospection qui a été faite. Vous parliez tout à l’heure de la teneur du fer. Qu’est-ce que l’exploration a révélé à votre compagnie ?

GM : En fait l’exploration a révélé non seulement les quantités gigantesques de Simandou mais aussi la qualité exceptionnelle du fer de Simandou. C’est un fer à haute teneur, ce qui veut dire que quand on fait la transformation de ce fer-là, on n’est pas obligés de polluer autant. En fait, on n’émet pas de gaz carbonique. C’est très différent du fer à faible teneur. Pour une tonne d’acier, on produit deux tonnes de gaz carbonique. Aujourd’hui, on connaît l’importance du sujet de la décarbonisation, que ce soit à la fois en Guinée où le gouvernement nous demande de respecter les normes internationales et standards internationaux ou pour Rio Tinto pour qui les standard ESG, les standards environnementaux sont très très importants. Donc en fait, ce fer « vert » ou ce fer à haute teneur est un fer qui lors de sa transformation va très peu polluer et donc il est vraiment très demandé sur les marchés. Surtout ces dernières années, il y a énormément d’intérêt par les acheteurs de minerai de fer d’acheter un minerai « vert », un minerai à forte teneur de fer.

JLL : Alors en termes de quantité, qu’est-ce que l’exploration a révélé ?

GM : Ecoutez, c’est pour donner une idée, c’est le plus grand gisement de la planète qui n’est pas encore en production. Donc ça va le mettre parmi les plus grands comme Carajas au Brésil ou c’est Pilbara en Australie. Ça le met vraiment dans la ligue des grands. Et pour Rio Tinto, c’est très important parce que nous aurons besoin de levier de croissance en tant que premier vendeur de fer sur la planète, en termes de « sea freight », c’est très important que dans notre portefolio que nous puissions regénérer en fait ces approvisionnements.

JLL : Vous n’avez pas une idée précise des quantités qui pourraient sortir des blocs 3 et 4 ?

GM : Je pense que les annonces seront faites quand on va terminer les négociations en termes de production et d’exportation, ex-cetera.

JLL : Alors venons-en à présent aux emplois. Vous avez effleuré la question déjà. Et vous avez commencé le recrutement pour certains travaux déjà en vue de l’installation de la compagnie. Qu’est-ce que vous avez comme projection en termes d’emplois directs ?

GM : Donc aujourd’hui pour rappel, on a en projet 600 emplois directs aujourd’hui. Ce chiffre devrait doubler d’ici la fin de l’année et au niveau de tout Simandou, ce qui inclut nos partenaires, nous allons arriver autour de 10.000 emplois à la fin de l’année quand on inclut en plus les emplois indirects. Quand on inclut vraiment toute la masse de travailleurs non seulement directs et indirects.  Mais je pense qu’un volet intéressant, c’est aussi de voir que ces emplois génèrent aussi beaucoup de formation. Donc nous sommes vraiment très impliqués à l’intérieur de la société mais aussi avec des partenaires pour faire, on va dire des renforcements de capacités.

JLL : Parce que c’est quand même pour la première fois qu’on va exploiter le fer dans notre pays. Pour la bauxite, c’est déjà beaucoup de choses, l’or, le diamant et ex-cetera. Lorsque vous dites des partenaires, il s’agit donc des formations que vous allez solliciter d’ailleurs ou vous avez aujourd’hui les compétences sur place qui peuvent vous aider dans le renforcement des capacités ?

GM : Tout à fait. Donc, nous travaillons avec le centre de formation professionnelle de Beyla. Nous avions quand je suis arrivé il y a un an et demi environ 30 étudiants. Nous en avons aujourd’hui environ 120 et nous visons les 200 avant la fin de l’année. Nous travaillons pour faire venir des professeurs, faire venir équipements vraiment renforcer. C’est important de souligner que ce n’est pas seulement pour les métiers de la mine qu’on le fait. Mais aussi tous les métier annexes. Parce que en fait, Simandou peut être un levier de croissance important pour la Guinée. Pas seulement autour de la mine mais aussi tout le long de son corridor. Et cet axe de transport de 650 km permet d’ouvrir vraiment les régions guinéennes au marché. Donc, on parle de formation et d’effet de levier. Nous avons aussi en vue ce qui peut être fait autour du transport par exemple l’agribusiness. Si vous permettez de donner un petit exemple rapide. Donc en Mongolie, Rio Tinto est présent depuis des années et a vraiment construit avec ses partenaires autour de la mine un vrai écosystème économique qui ont transformé le paysage économique de la Mongolie. Aujourd’hui plus de 90 % des achats par les opérations sont en contenu local. Et nous avons ramené une partie de cette équipe, ici en Guinée, pour nous aider à créer, on espère, le même succès.

JLL : Le même succès. On sait que le débat sur le contenu local est en vogue dans le pays. Il y en a autour de l’exploitation de la bauxite où parfois, on se pose beaucoup de questions. Vous nous dites ce soir monsieur le directeur que vous ce sera quelque chose que vous respecterez, notamment les emplois qui peuvent être occupés par les Guinéens le seront sans problème ?

GM : Absolument, c’est un projet guinéen. C’est un projet qui doit être un projet inclusif.  Aujourd’hui 90 %, 86 pour être exact, de nos employés sont guinéens. Et les expats qui viennent, viennent pour une durée limitée pour vraiment s’assurer de la formation et du transfert de compétences. Mais le contenu local c’est plus que les emplois, c’est aussi la formation, on l’a évoqué, et c’est aussi la sous-traitance.

JLL : La sous-traitance justement. Quelles sont aujourd’hui, si vous voulez les compétences qui sont sollicités dans le travail que vous allez entamer.

GM : Aujourd’hui, nous sommes très heureux de pouvoir déjà travailler avec des entrepreneurs guinéens dont IBS et GPC qui sont déjà sur le chantier en train de nous aider dans l’effort de la construction. Et nous souhaitons pouvoir vraiment élargir le nombre de sociétés guinéennes qui vont nous aider sur les chantiers mais aussi au-delà dans les opérations. Je suis moi-même administrateur dans la bourse de sous-traitance qui est l’outil de développement du contenu local en Guinée, que nous soutenons beaucoup. Et c’est un effort de longue haleine, je pense, mais nous sommes très engagés dans cet effort-là pour qu’au fil du temps, on voit vraiment s’étoffer le nombre d’entreprises guinéennes qui prennent part dans l’exploitation du minerai de fer.

JLL : L’objectif c’est 2024 ou 2025 plus tard pour aller vers si vous voulez l’exploitation ? Est-ce que c’est à cette date-là qu’on peut espérer voir les premières quantités partir de Simandou ?

GM : Les dates, vous avez raison de le rappeler, sont très importantes parce que dès le départ, on a un échéancier très serré et aussi des normes internationales à respecter. Les négociations en cours pour la finalisation de la CTG sont entrain de produire, on va dire, un certain nombre de données dont on va dire un nouvel échéancier. Ce que je peux vous assurer c’est que nous faisons absolument le maximum. Des équipes travaillent avec acharnement pour, même pendant les négociations, continuer la construction, continuer la formation pour arriver dans les meilleurs délais possibles.

JLL : C’est donc possible 2024 ?

GM : L’objectif, c’est d’aller dans les temps et d’aller dans les standards. Et les équipes sont en cours de négociation aujourd’hui, il est important de finaliser les accords de la CTG. Bien sûr qui va reprendre la construction. Donc ça c’est vraiment l’objectif ultime en ce moment mais les attentes sont comprises et nous faisons le maximum pour les respecter.

JLL : L’exploitation minière produit des richesses mais en même temps et parfois lourdes de conséquences sur le plan environnemental pour les populations impactées, c’est quoi votre plan là-dessus ? Votre plan, si vous voulez de reforestation ou de soutien quand même de la campagne d’entretien de l’environnement ?

GM : La question environnementale et biodiversité est très très importante parce que la Guinée est extrêmement riche dans sa biodiversité. Et nous construisons un projet qui va traverser six des régions sur 650 km, développement de deux mines, développement d’un port. Donc cela amènera évidemment beaucoup de défis. C’est que je peux vraiment avancer, c’est que Rio Tinto travaille dans les normes internationales, dans le respect de l’IFC. Pour nous, le respect de ce qu’on appelle ESG, donc toutes les normes de gouvernance sociétale et environnementale, sont au cœur de notre travail. Et aussi pour rappel, Rio Tinto étant côté en bourse, nous nous sommes tenus de donner des informations régulièrement, publiquement sur notre performance dans ce domaine-là.

JLL : En termes de financement de ce volet, le volet environnemental, est-ce que vous avez des choses à communiquer ?

GM : En fait ce que ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes très engagés sur ce volet-là. Nous avons des équipes mobilisées autour de chaque question. Des équipes pour la flore, des équipes pour la faune, des équipes pour tout ce qui est traitement des déchets. Des gens qui ont toujours été là depuis des années, qui sont aujourd’hui de véritables experts. Ce qui est très encourageant, c’est que nous travaillons de manière très dynamique et constructive avec nos partenaires de WCS. Le dialogue est très constructif sur ces points-là et nous avançons de concert. Maintenant, il est important que cet effort de gouvernance environnementale soit partagé au-delà de notre société. Nous avons fait un atelier avec la société civile en novembre l’année dernière, conjoint avec WCS, pour informer et consulter la société civile sur nos plans et nos performances. Nous allons continuer de régulièrement engager la société civile sur ces points.

JLL : Alors la société civile va donc être consulter régulièrement pour les questions environnementales. On va peut-être parler de la responsabilité sociétale de l’entreprise. C’est quoi votre politique dans ce sens ? A quoi au-delà des emplois directs que vous allez offrir, à quoi les populations impactées et peut-être les populations qui seront touchées par le chemin de fer peuvent s’attendre ?

GM : En fait, tous les risques ont été analysés au niveau de l’étude d’impact au départ et donc ils sont connus. Ils ont été présentés et nous devons travailler sur ces risques, non seulement avec nos partenaires mais aussi avec les communautés et avec le gouvernement. Donc ce ne sont pas des choses que nous travaillons, on va dire voilà, en solo et c’est très très important que nous consultions à chaque étape pour expliquer pour comprendre les différents points de vue et faire en sorte que les plans que nous mettons en place soient adéquats pour tout le monde.

JLL : Mais quels sont déjà ces plans-là.

GM : Pour vous donner des idées par exemple, il y a des actions qui ont été faites sur le terrain. Constamment, nous sommes en train de revoir les plans de la mine. On a des caméras infrarouges qui suivent les mouvements des animaux. On a remarqué que dans certains endroits où nous allions développer la mine, cela allait déranger certains habitats de chimpanzés. Nous avons modifié le plan de développement de la mine. Chaque semaine va apporter de nouveaux défis parce que chaque semaine apportera de nouvelles informations.

JLL : Qu’est-ce que vous allez faire là où les chimpanzés se trouvent. Vous les abandonnerez là ou pour un moment et peut-être leur retrouver un habitat plus appréciable. En tout cas un habitat similaire qui ne porte pas ou ne comporte peut-être pas du fer. C’est quoi la stratégie ?

GM : Nous avons toute une équipe qui est dédiée à ces questions parce que la question des chimpanzés très importante. Nous devons respecter l’habitat des espèces en place. Et donc je dirais qu’il n’y a pas une ou deux mesures, il y a tout un plan qui est en place. C’est pour ça que nous connaissons leur habitat. Comme j’expliquais, on a des caméras infrarouges, on les suit, on a dans les experts qui comprennent leurs habitudes. L’idée, c’est de les déranger le moins possible. Donc là où nous pouvons éviter même de les déranger, nous allons l’éviter. Mais il est possible aussi qu’il y ait des zones, et l’idée chez nous, ce n’est pas simplement de faire un offset, une compensation, c’est de faire une différence positive. Partout où nous allons déranger l’habitat, nous cherchons à faire plus que compenser. C’est un petit peu la philosophie que nous avons. Maintenant comme j’ai évoqué tout à l’heure, nous apprenons tous les jours.

JLL : Oui mais dans l’étude que vous avez réalisée, est-ce que vous pouvez partager avec nous ce que cela pourrait représenter en termes d’impacts. En termes d’obligations de votre part à refinancer par exemple le logement. On parlait de l’habitat des chimpanzés mais les habitants des êtres humains aussi. Parce que ce n’est pas à exclure ça.

GM : Tous ses aspects sont vraiment contenus dans nos plans PARC. Ça fait des années que nous sommes sur Simandou. On va dire que ces questions ne sont pas nouvelles. Les études d’impact sur les populations et l’habitat. On fait l’objet d’une étude environnementale et sociale depuis assez longtemps qui est partagé avec le gouvernement. Et sur tous ces points-là, nous avons des plans. Nous avons une équipe en place qui travaille avec le gouvernement et qui travaille avec les communautés. Maintenant, je serai ravi de vous inviter à notre journée consultation. La journée est consacrée à tous ces questions pour aller vraiment dans le détail. Il n’y a aucune question taboue. Nous travaillons en parfaite transparence. Nous avons besoin des objections et des commentaires de chacun pour faire mieux. Donc, nous sommes vraiment à l’écoute sur tous ces points-là. Ce que je peux vous dire c’est que les plans sont en place. Les plans se font toujours en consultation avec les communautés et avec le gouvernement.

JLL : On va peut-être l’évoquer pour terminer l’observation de certains commentateurs autour de l’actualité minière dans notre pays. C’est finalement ce chemin de fer qui va être tracé. On l’a dit, il ne va pas être seulement utilisé pour le transport des minerais mais c’est aussi pour les populations. Sauf qu’il se trouve que le chemin qui est tracé passe parfois très loin des grandes villes. Ce qui obligerait, n’est-ce pas, les populations à trouver d’autres moyens de déplacement pour arriver à la gare ferroviaire. Est-ce que dans votre dans votre plan avec la CTG, on a intégré cette dimension ?

GM : En fait, le tracé du chemin de fer n’est pas quelque chose que nous avons établi nous-même. C’est un tracé qui nous a été fourni. Le périmètre a été fourni aux sociétés. Donc vraiment, nous avons fait le tracer dans un certain périmètre qui nous a été donné. Le deuxième point : c’est vrai que la fonction du chemin de fer à l’origine, c’est quand même d’exploiter Simandou. Mais la vision du gouvernement, qui est vraiment très compréhensible, c’est de pouvoir aussi utiliser ce chemin de fer pour le transport des cargos ou des passagers. Et nous on pense surtout au domaine agricole pour pouvoir ouvrir toutes les terres arables au marché. Donc ça c’est vraiment là quelque chose en plus. Tous ces aspects vont être considérés par la CTG. L’objectif étant de pouvoir quand même amener le minerai de fer de Simandou rapidement sur les marchés et dans les normes internationales.

JLL : Qu’est-ce que cela va représenter pour la Guinée en termes de revenus de revenus ?

GM : Nous avons chez Rio Tinto Simfer une équipe d’économistes qui ont préparé un modèle pour vraiment bien anticiper les revenus qui revenir au pays. Parce que comme on sait parfois le développement de grands projets, ça peut être un bien fait mais ça peut aussi apporter certains nombres de défis. Donc, nos économistes en place ont développé un modèle qui permet d’anticiper, bien sûr, il y a plusieurs scénarios parce que le prix du fer fluctue, mais de bien comprendre ces revenus. De quel ordre ils vont être et comment ils peuvent impacter les revenus du gouvernement. Sachant qu’aujourd’hui si on part sur une moyenne de revenus du gouvernement d’environ 4 milliards de dollars par an, je dirais que ces revenus seront d’un apport substantiel. Il appartiendra bien sûr aux hautes autorités de partager. En termes de gouvernance chez Rio Tinto, nous sommes tout à fait transparent et ce modèle économique que nous développons…

JLL : non la gestion on est bien d’accord revient exclusivement à l’état.

GM : Voilà. Et en fait, ce modèle nous le développons avec des institutions. Et, nous avons pour mission de le partager, de le transmettre vraiment gouvernement pour aider, on va dire à anticiper l’arrivée de ces flux monétaire et réfléchir à éventuellement…

JLL : 4 milliards de dollars par an. Vous l’avez dit comme ça ou bien ça pourrait être ça ?

GM : Non 4 milliards de dollars, c’est en moyenne ce que je comprends avec les revenus de l’État aujourd’hui. Si on part de ça comme un chiffre de base, je dirai les revenus attendus de Simandou vont être un apport conséquent par rapport à ça. Mais je ne voudrais pas m’aventurer à donner des chiffres pour l’instant parce que je pense que c’est encore en train d’être modélisés. Mais ce que je peux affirmer c’est que ces modèles vont être transmis de façon que les autorités puissent être bien informés et surtout bien anticiper la gestion de ces revenus.

JLL : Dernière question. Qu’est-ce que cela va vous coûter vous personnellement en termes d’investissement ?

GM :  Le projet Simandou en tout c’est un investissement de 15 milliards de dollars. Donc c’est vraiment considérable. C’est l’un des plus grands projets miniers de la planète. C’est l’équivalent du PIB de la Guinée dépensé sur plusieurs années. C’est vraiment un apport en capital qui est très significatif. C’est le plus gros projet chez Rio Tinto ce moment.

JLL : Vous prenez la moitié des 15 milliards ?

GM : Alors en fait le financement, c’est un petit peu plus complexe. On pourrait résumer comme ça. Mais c’est un peu plus complexe parce que c’est en fonction du découpage du travail. Mais oui, tout à fait, on peut résumer que Rio Tinto est un des plus grands financiers du projet, c’est sûr avec ses partenaires WCS et Baowu.

JLL : Géraud Moussarie merci beaucoup d’être venu sur ce plateau.

GM : Merci à vous.

 

Avec Espace TV 

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