Formation, parcours professionnel, féminisme, stade Petit Sory : Madame Houray Bah nous ouvre son cœur (Interview)

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Elle est probablement la seule femme à la tête d’un complexe sportif en Afrique, madame Houray BAH est la directrice du Stade Petit Sory de l’homme d’affaire KPC et présidente de l’ONG AMALI pour l’émancipation des femmes.

Après six années dans la société de téléphonie Areeba, et ce dans plusieurs départements notamment la clientèle, le commercial puis le marketing son parcours est aussi passionnant que quand c’est elle-même qui le décrit dans une interview.

Survivante assumée, féministe dans l’âme pour les droits de la femme, ce rôle occupe également madame Bah. Dans cette interview qu’elle nous a accordé, dame Houray revient sur tous les points importants dans sa vie tant professionnelle que personnelle. Bonne lecture

Bonjour madame, pour commencer, j’aimerais savoir, comment vous vous définissez ? 

Je me définis en tant que femme normale tout simplement.

J’aimerais à présent qu’on revienne sur votre formation et parcours professionnel. Commencez d’abord par nous faire un petit tableau de votre formation et des postes que vous avez eu à occuper jusque-là ?

J’ai obtenu mes deux baccalauréats en Sciences Mathématiques, c’était à Fria (à l’époque, c’était deux bacs, bac 1 et bac 2), donc les deux bacs en sciences mathématiques. Ensuite, admise au concours en Physique-chimie à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry où j’ai obtenu un DEUG (Diplôme d’Étude universitaire Général). Parallèlement, je me suis inscrite à Koffi Annan où j’ai obtenu un autre DEUG en Économie générale. M’étant mariée entre temps et devenue mère aussitôt, vu l’intensité des cours j’ai entamé des cours à l’IPM (Institut Professionnel Moderne), où les horaires étaient beaucoup plus flexibles où j’ai obtenu une Licence en Administration Commerciale Bancaire. Puis entre temps pendant que j’avais déjà entamé mon parcours professionnel, j’ai passé une License en Marketing à l’UNIC de Guinée.

Parcours professionnel, à présent ?

J’ai obtenu mon premier emploi chez areeba (MTN) dès après mes études, au service clientèle. Je puis vous dire que ce fut une expérience enrichissante de gérer différents clients à tout moment d’abord en distanciel via le call center, puis en présentiel au front office. Ensuite je suis devenue commerciale entreprise, sachant que dans mon portefeuille je m’occupais des institutions, du gouvernement, des entreprises publiques et privées. J’ai passé six ans au total chez areeba, marquée par une démission pour aller chez Orange en 2009, mais cela n’a duré à peine 3 mois, pour que je me retourne au département marketing chez MTN où ça a été une expérience exceptionnelle.

En 2012, pour des raisons personnelles, j’ai quitté MTN pour créer mon entreprise de nettoyage industriel, communication marketing et événementiel corporate, Guinée Hygiène Multi-Services (GHMS sarl) désormais dénommée Belion Sarlu.

Vous êtes également féministe, à quand cela remonte et pourquoi ce choix de vous engager pour cette cause ?

C’est suite à une expérience personnelle, que j’ai créé mon ONG en 2014. Survivante de violences conjugales extrêmes où j’ai été admise d’urgence à la clinique pasteur, puis en France, où je suis restée 2 mois. Les pesanteurs sociaux-culturelles que j’ai subi lorsque j’ai entamé la procédure de divorce, m’ont amené à conclure que si je subi tout cela alors je n’ose même pas imaginer ce que vivent les autres femmes particulièrement celles démunies. D’où la naissance de l’ONG AMALI pour l’émancipation des femmes afin de, ne serait-ce que partager mon expérience.

Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui vos droits (LES FEMMES) sont respectés en Guinée ?

Je ne peux nier qu’il y a eu des avancées dans ce sens, toutefois le chemin est encore long. Aujourd’hui, on voit l’État se saisir de certains dossiers, surtout quand c’est ébruité, cependant malgré tout, la lenteur de l’appareil judiciaire peut être quelque fois insupportable. C’est un problème sociétal et gouvernemental, il faut surtout l’application de la loi de façon ferme.

J’aimerais à présent qu’on change de registre, pour parler de votre carrière, directrice d’un stade de football quand même. J’ai envie de dire ce n’est pas évident de voir les femmes dans ce genre de secteur, même en Europe faut le signifier. C’est quoi le secret ?

Il paraît qu’il n’y en a pas, « il paraît », il faut que je vérifie cela (rire). Il va falloir demander à mon patron Mr KPC. Je suis cependant certaine, en tant que manager aguerri, il savait probablement que j’avais les compétences requises pour pouvoir manager convenablement ce stade. Et sans prétention aucune, c’est ce que j’essaie de faire au mieux. Loin d’être parfaite, je n’hésite jamais à demander ce que j’ignore et ayant une équipe formidable qui a à peu près la même vision que moi.

Il n’y a pas pour moi de métier d’hommes ou femmes, surtout quand ce n’est pas physique, Pour moi, c’est une entreprise comme une autre.

Parlez-nous du centre de formation, Hafia Foot School ?

C’est un programme que nous avons démarré par des stages en prélude à cette l’ouverture qui s’est déroulée en décembre 2022. En avril et en juillet 2022, nous avons organisé deux stages de foot où une trentaine d’enfants ont participé en avril et environ soixante en juillet. Cela a été un succès selon les feedbacks des uns et des autres. Aujourd’hui, le centre permet à toutes les familles, de pouvoir inscrire leurs enfants qui rêvent de devenir footballeurs ou qui aiment tout simplement le foot.  Bénéficier d’une formation dans un environnement adéquat avec des coachs de qualité. Ceux-ci sont des coachs du Hafia FC et des enseignants titulaires de l’éducation nationale française en EPS du lycée français de Conakry. Le programme est de trois séances par semaine pour 1 heure 30 par jour/catégorie. L’âge requis pour les jeunes est de 5 à 17 ans pour un coût de 550 mille GNF par mois (maillot et assurance compris).

Vos perspectives, que cela soit dans le domaine féministe ou managériale ?

  • Notre ambition à moyen terme est que le SPS devienne un lieu de vie unique en Guinée aussi bien dans le domaine du foot que pour les évènements culturels. Que lorsqu’un promoteur ou institution sportive souhaite faire un événement culturel et/ou sportif, qu’il pense d’abord à Petit Sory, puis à Petit Sory, ensuite à Petit Sory, pour la qualité du service avant de songer à ailler ailleurs.
  • Pour les filles et femmes je rêve qu’on vive épanouie et qu’on soit fière d’être guinéenne de par le respect et soin qu’on nous accorde.

 

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