Faiblesse du Taux de Réussite au Baccalauréat : Analyse de Michel Pépé Balamou du syndicat national de l’éducation
Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction ce mercredi, Michel Pépé Balamou, secrétaire général du syndicat national de l’éducation, a dressé un constat accablant du système éducatif guinéen.
Réagissant aux résultats du baccalauréat 2024, marqués par un taux de réussite de seulement 24%, Pépé Balamou a pointé du doigt des défaillances à plusieurs niveaux.
« Les 24% de taux de réussite au baccalauréat sont vraiment dérisoires et reflètent en réalité le niveau des enseignements et des apprentissages. Les responsabilités sont situées à tous les niveaux : les parents d’élèves manquent d’encadrement parental, ce qu’on peut appeler la démission parentale, c’est-à-dire le suivi des enfants à la maison ; les enseignants, par endroits, ne distribuent pas convenablement leur programme d’enseignement ; et l’État n’établit pas les conditions nécessaires pour l’amélioration des enseignements et des apprentissages en ne motivant pas suffisamment les enseignants », a déclaré Pépé Balamou.
Michel Balamou a souligné la nécessité d’une remise en question profonde du système éducatif « Nous sommes vraiment déçus, et ce résultat ne fait pas honneur à l’école de la République de Guinée. Il va falloir remettre en question tous nos enseignements et nos apprentissages, et revoir notre façon de faire pour obtenir un système éducatif de qualité. »
Pour le secrétaire général du syndicat national de l’éducation, le problème ne se limite pas aux examens. « Les examens sont l’aboutissement d’un long processus d’enseignement et d’apprentissage. Si ce processus est bien développé, les examens produiront des résultats vraiment fructueux. Il va falloir travailler en amont sur les classes intermédiaires, faire en sorte que les enfants soient rigoureusement enseignés et évalués, et que ceux qui doivent passer passent, et ceux qui doivent redoubler redoublent la classe pour que ceux qui se présentent aux grands examens méritent d’être là. »
Michel Pépé Balamou a également évoqué le problème des fraudes lors des examens. « En dépit de nombreux cas de fraude signalés ici et là, les résultats montrent que même en copiant, les enfants ne savent pas quoi copier. »
Il a en outre attiré l’attention sur le déficit d’enseignants : « Il faut résoudre la question des enseignants. Par endroits, il y a un déficit d’enseignants dans nos écoles. Il faut élaborer une politique de valorisation pour rendre le secteur éducatif attractif et motiver suffisamment les enseignants par des mesures incitatives. »
Enfin, le syndicaliste a insisté sur la nécessité de réformer les programmes d’enseignement. « Je pense que si on travaille sur tous ces éléments, ainsi que sur la réforme des programmes d’enseignement, cela nous permettra d’obtenir de meilleurs résultats. »
L’appel de Michel Pépé Balamou à une réforme en profondeur du système éducatif guinéen est clair. La prise en compte de ses recommandations pourrait être un pas significatif vers l’amélioration des taux de réussite et la qualité de l’éducation en Guinée.
Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info
