Exclu/OMVS: La raison non avouée par les autorités guinéennes sur leur suspension

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On en sait davantage sur les dessous qui auraient motiver la décision du gouvernement guinéen à suspendre sa participation au sein de l’OMVS. La non prise en compte des intérêts stratégiques de la Guinée évoquée officiellement est-elle suffisante? D’autres raisons sont-elles cachées? Ce sont entre autres des questions que nous avons posées dans une interview qu’un citoyen qui suit de près l’actualité de l’OMVS a accordée à notre rédaction. Notre source a sollicité s’exprimer sous l’anonymat.

Planete7: Bonjour M. Comprenez-vous la position de la Guinée en évoquant le retard du barrage de Koukoutamba?

La question de Koukoutamba évoquée parmi les raisons qui motivent la décision de la Guinée ne saurait à elle seule être suffisante, vue que beaucoup de projets de l’organisation connaissent la même réalité. La plupart des projets financés suivant le modèle EPC-F, (avec apport de financement par l’entreprise) ont connu de retard. Vu le contexte international actuel, beaucoup de projets de l’OMVS n’ont pas vraiment décollé. En plus du barrage Koukoutamba en Guinée, il y a celui de Gourbassi au Mali, tous deux avec des entreprises chinoises, le projet de construction de la ligne de transport électrique haute tension Manantali – Bamako, financé par AFD est aussi considérablement ralenti.

Barrage Koukoutamba

La raison est donc ailleurs?

La principale raison à mon avis, c’est la question de sous représentativité de la Guinée par rapport aux autres pays membres de l’OMVS, ce qui est une réalité. Lorsque la Guinée a rejoint l’OMVS en 2006, il avait été décidé qu’elle devrait intégrer toutes les structures de l’organisation. En plus du Conseil des Chefs d’État qui est l’instance suprême, le Conseil des Ministres, le Haut-commissariat dont le siège est à Dakar et les Cellules Nationales (une dans chaque pays membre), l’OMVS a aussi des sociétés spécialisées dont la Guinée n’appartient qu’à la SOGEOH (Société de Gestion de l’Energie des Ouvrages du Haut Bassin) dont le siège est à Conakry. Son intégration dans les autres sociétés à savoir, la SOGEM (Société de Gestion de l’Energie de Manantali) et sa filiale SEMAF (Société d’Exploitation de Manantali et Félou) sis au Mali, la SOGED (Société de Gestion du barrage de Diama) et la SOGENAV (Société de Gestion et d’Exploitation de la Navigation) sis à Nouakchott n’est pas encore effective.

Manantali au Mali

Au Haut-Commissariat quelques postes sont attribués à la Guinée mais le nombre est inférieur à celui des 3 autres pays. Jusqu’en 2013, les deux postes clés (le Haut-Commissariat et le Secrétariat Général) tournaient entre la Mauritanie et le Mali, le siège étant à Dakar. C’est lors du Conseil des Chefs d’État de 2013, que M. Kabinet KOMARA a été désigné Haut-Commissaire au compte de la Guinée. Pour contenter le Mali dont c’était le tour en principe, le poste de Haut-Commissaire Adjoint lui a été attribué. A la fin du mandat de la Guinée en 2017, le Mali a récupéré le poste de Haut-Commissaire, la Mauritanie et la Guinée ont respectivement pris les postes de Haut-Commissaire Adjoint et de Secrétaire Général.

Quel est le dernier élément qui a plus motivé cette décision de la Guinée? 

Avec la résolution de l’OMVS créant les postes de Secrétaires Généraux pour toutes ses sociétés en attribuant au pays siège, le Sénégal a occupé le poste de Secrétaire Général de l’OMVS. Pour palier probablement aux difficultés de fonctionnement et conflits d’attribution, le poste de Haut-Commissaire Adjoint qui devrait revenir à la Guinée n’a pas pourvu. Je ne sais pas s’il y a une résolution formelle qui élimine ce poste, toujours est-il que lors du dernier conseil des Chefs d’Etats (tenu le 18 juillet par Visio conférence, ndlr), la Guinée a sollicité en vain ce poste. Ce refus pourrait grandement expliquer la décision de la Guinée de suspendre sa participation.

Au passage, il faut signaler que la Guinée accumule beaucoup d’arriérés de cotisations. Toute chose à éviter dans ce genre d’organisations pour ne pas être privé de ses droits. Il faut s’efforcer pour s’acquitter de ses obligations.

Quelles peuvent être les conséquences de cette suspension?

Ni la Guinée, ni les autres pays n’ont intérêt au retrait de la Guinée de l’OMVS qui est un des organismes de bassin les mieux réussi à travers sa « Charte des Eaux » qui dispose « est propriété commune et indivisible des Etats Membres de l’OMVS, tout ouvrage commun ». « Les ouvrages communs sont et demeurent pendant toute la durée de leur vie, propriété commune et indivisible des Etats Membres de l’organisation » toute chose qui permet d’éviter beaucoup de conflits comme c’est le cas ailleurs.

Merci à vous pour toutes ces informations et analyses !

Je vous en prie.

 

 

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