Dynamique des prêts chinois à l’Afrique. Cas Guinéen : Que doit la Guinée à la Chine et qu’a-t-on fait de cet emprunt ?

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Dynamique de la dette Chinoise en Afrique

Selon les dernières estimations de la base de données Chinese Loans to Africa (CLA),[1]entre 2000 et 2023, les créanciers chinois ont prêté environ $ 182,28 Milliards à 49 pays Africains et à 7 organisations régionales multilatérales africaines. Durant cette période, les prêts chinois étaient majoritairement dirigés vers les secteurs de l’énergie ($62,72 Milliards), du transport (($52,65 Milliards, des TIC($15,67 Milliards) et financier ($11,98 Milliards).

En 2023, le montant global des prêts s’élevait à $4,61 Milliards à 8 pays africains et à 2 organisations régionales multilatérales africaines. Ce montant, bien que le plus élevé depuis l’avancement du Covid19, reste de loin plus bas que la moyenne pré-covid19 qui était estimé annuellement à plus de $ 10 milliards (période de l’initiative Belt and Road,2013-2018). Preuve que pendant et juste après la crise, la Chine était obligée de prendre soin d’elle-même d’abord.

En terme de classement des principaux bénéficiaires africains (top 5) des crédits chinois, l’Angola ($46 Milliards ) vient en tête, suivi de l’Ethiopie ($14,5 Milliards), de l’Egypte ($9,7 Milliards), du Kenya ($9,6 Milliards) et du Nigéria ($9,6 Milliards).


[1] Cette base de données enregistre les prêts des Institutions financières chinoises, des banques commerciales, des entités gouvernementales et des des entreprises chinoises aux Etats , Entreprises publiques et Institutions multilatérales de l’Afrique.

Graphique 1 : Top 15 des débiteurs africains envers la Chine 2000-2023 ( ils font 80% du total des prêts chinois en Afrique) En dollars des Etats-Unis

Source : Auteur, Base de données CLA

Que doit la Guinée à la Guinée à la Chine ?

A la date du 31/03/2023, l’encours de la dette Guinée s’élevait à 64 688 156 Milliards GNF (soit $7,6 Milliards) dont $4,3 Milliards au titre de la dette extérieure (Direction Nationale de la Dette et de l’Aide Publique au Développement), pour voir plus de détails sur la dette guinéenne (cf. Mon article sur la dette publique et alternatives pour le financement des projets structurants)

Selon les statistiques de Chinese Loans to Africa (CLA),[1], aujourd’hui, la Guinée doit aux créanciers chinois, environ $2,8 Milliards soit 36,8% de l’encours totale de notre dette et près de 65% de la dette extérieure.

Quant à l’utilisation des ces crédits, il ressort que plus de la moitié ont servi à financer les projets du secteur de l’énergie (54%) dont trois projets majeurs (barrages hydroélectriques de Tinkisso, Kaléta et Souapiti) , suivi du secteur des transport (24,7%). Pour plus de détails sur les projets financés (cf. Tableau annexe).

[1] Cette base de données enregistre les prêts des Institutions financières chinoises, des banques commerciales, des entités gouvernementales et des des entreprises chinoises aux Etats , Entreprises publiques et Institutions multilatérales de l’Afrique.

Répartition des secteurs bénéficiaires des prêts chinois (cumul 2000-2023) (en Dollars des E.U)

Source : Auteur, Base de données CLA

Quel risque y-a-t-il à s’endetter davantage auprès des créanciers chinois ?

Depuis près de 20 ans, la Chine est devenue une alternative au pays africains qui peinent à se financer auprès de créanciers traditionnels, principalement membres du club de Paris. Ces créanciers imposent généralement plusieurs conditions et sont parfois très risquophobes. Le pays a donc profité à l’instar de beaucoup d’autres pour s’endetter auprès des créanciers chinois (majoritairement des créanciers commerciaux) non membres du club de Paris.

La principale crainte est qu’en cas de défaut de paiement, la dette n’ayant pas été contractée dans le cadre des accords du club de Paris, il n’y aucune garantie que ces créanciers vont accorder des allègements à l’instar des pays membres du club de Paris. En effet, les créanciers du club de Paris, généralement accordent un allègement (rééchelonnement ou en cas de traitements concessionnels, une réduction des obligations du service de dettes pendant une période définie). Ceci pour aider le pays en défaut à rétablir sa situation financière. Ceci constitue un risque pour le pays.

Peut-on aujourd’hui dire que ces $2,8 Milliards ont été utilisés à bon escient ?

L’endettement en tant que tel n’est pas nuisible tant qu’il sert à financer des projets productifs ou qui boostent l’activité économique. Dans le cas de cas de la Guinée, pas besoin de l’évaluation d’un expert, non, point besoin !

Avons-nous l’électricité ?

Avons-nous les infrastructures de transport?

Avons-nous les 50 000  logements sociaux de Kansonyah ?

Avons-nous une bonne connectivité à internet ?

Avons-nous un opérateur national de télécom (Sotelgui) ?

Loin de moi, les débats de la politique politicienne…. Mais voyons les faits, les chiffres…..

Pourtant les guinéen(nes) paieront cette dette d’une manière ou d’une autre cette dette….

Annexe : Projets financés par les prêts chinois 2000-2023

Source : Auteur, Base de données CLA

Fin

 

Auteur: Gaston BEAVOGUI, Consultant, Ingénieur Statisticien Economiste

Tél: +224625079414/gaston20beavogui@gmail.com

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