Drame au stade du 3 Avril de N’Zérékoré : Le témoignage poignant d’une journaliste rescapée
Le 1er décembre 2024, le stade du 3 Avril de N’Zérékoré a été le théâtre d’événements tragiques qui ont bouleversé la région. Lors d’un match doté du trophée Mamadi Doumbouya, des violences ont éclaté, provoquant chaos et panique. Parmi les victimes figurait Maïkan Fofana, journaliste reporter d’images au groupe Dabo Médias, qui a perdu son équipement de travail et a subi des blessures graves.
Dans un témoignage bouleversant, Maïkan Fofana revient sur ce qu’elle a vécu ce jour-là. « Nous étions au stade pour couvrir le match. Tout s’est dégradé lorsque l’arbitre a sorti un carton rouge contre un joueur, ce qui a provoqué la colère des supporters de Labé et de certains joueurs. Les insultes ont fusé, des tensions ont éclaté, et la situation a rapidement dégénéré. La police a alors lancé des gaz lacrymogènes, créant un vent de panique. Nous avons tenté de fuir, mais une foule dense bloquait les issues. Pris dans la bousculade, je me suis évanouie. À mon réveil à l’hôpital, j’ai compris la gravité de la situation. »
Malgré l’absence d’intervention des forces de l’ordre, Maïkan Fofana a pu compter sur l’aide des habitants. « Ce sont des jeunes de N’Zérékoré qui m’ont sauvée. Un jeune m’a reconnue et a alerté un proche. Ils m’ont sortie du stade et ont contacté mon directeur, qui m’a ensuite conduite à une clinique privée pour des soins appropriés. Je leur en suis éternellement reconnaissante. »
La journaliste a subi d’importantes blessures, notamment au niveau des yeux, des pieds et de la poitrine. « J’ai dû passer des radiographies et suivre un traitement médical intensif. Mes yeux sont encore rouges, et la douleur persiste. C’est grâce au soutien de ma direction que j’ai pu recevoir les soins nécessaires. »
Outre les blessures physiques, Maïkan Fofana déplore la perte de tout son matériel professionnel : « J’ai perdu ma caméra Panasonic, mon téléphone, mon trépied, ma carte de presse et même mon gilet d’identification. Ces objets étaient essentiels pour mon travail. La gestion sécuritaire de cet événement était catastrophique. Comment peut-on organiser une telle rencontre dans un stade non achevé, avec si peu d’agents de sécurité ? »
La journaliste pointe également du doigt le mauvais positionnement des véhicules de police, qui ont entravé l’évacuation des spectateurs : « Les pick-up garés devant les issues ont bloqué la sortie. Les premières personnes à sortir ont été contraintes de grimper sur les véhicules, et nous, dans les vagues suivantes, avons été piétinés par la foule. »
Cet épisode dramatique met en lumière les carences dans l’organisation et la sécurisation des grands événements en Guinée. Maïkan Fofana appelle les autorités à prendre leurs responsabilités : « Il est impératif de renforcer la sécurité et de prévoir des infrastructures adaptées pour éviter de tels drames. Les spectateurs et les professionnels des médias doivent pouvoir travailler et assister aux événements en toute sécurité. »
Alors que le pays pleure les victimes de cette tragédie, le témoignage de Maïkan Fofana rappelle l’urgence d’améliorer les conditions de sécurité dans les stades et autres lieux publics pour prévenir de futures catastrophes.
Pépé Blaise Théa pour Planete7.info
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