Diplomatie active ou manque de stratégie ? (Par Aboubacar NAÏS OIHAB)
Le rapport des Assemblées annuelles du FMI et du Groupe de la Banque Mondiale offre une lecture mitigée des opportunités potentielles pour la Guinée. Un examen approfondi s’impose pour les enjeux sous-jacents. Derrière cette dynamique apparente, il est impératif d’analyser, avec une rigueur technique, les paramètres qui conditionneront la portée réelle de cette participation sur le plan économique et financier.
Bien que la visite de courtoisie et les échanges avec les administrateurs des pays partenaires soient indispensables, l’absence d’engagements financiers et techniques concrets soulève des interrogations. Une telle approche, sans garanties fermes, risque de s’enliser dans le symbolisme diplomatique, dépourvue de retombées économiques substantielles.
L’exposé des ministres guinéens sur la résilience de l’économie, souffre de rigueur statistique. La résilience économique ne se proclame pas, elle se matérialise par des indicateurs macroéconomiques robustes et des données chiffrées indiscutables. Quelles sont les récentes performances en termes de croissance ? Comment les chocs exogènes ont-ils été absorbés, et quels secteurs ont su résister ou prospérer ? Dans l’arène internationale, où la concurrence est exacerbée, il est impératif de dépasser les déclarations abstraites et de présenter des preuves quantitatives solides, pour conférer une légitimité incontestable aux échanges, avec les bailleurs de fonds et partenaires financiers.
La demande d’un appui budgétaire de 100 millions USD à la Banque Mondiale, bien qu’importante, s’interroge sur l’alignement stratégique du financement. Cet appui budgétaire semble général, alors que les besoins de la Guinée, notamment en infrastructures, en énergie et en services de base, sont nécessairement des financements ciblés. Pourquoi ne pas orienter cette demande vers des investissements à long terme, tels que l’amélioration des infrastructures de santé, de transport ou d’énergie, qui stimuleraient la croissance économique durable plutôt qu’un simple comblement budgétaire ?
L’absence de mention des priorités spécifiques de la Guinée par rapport aux thématiques globales débattues à Washington laisse à penser que la délégation guinéenne n’a pas su imposer ses propres enjeux. Certes, les sujets discutés – tels que la transition écologique, la rareté de la liquidité et la gouvernance économique – sont cruciaux, mais comment la Guinée compte-t-elle intégrer ces enjeux à ses propres besoins nationaux ? Cette omission peut refléter une absence de stratégie claire dans la défense des intérêts nationaux face à ces débats internationaux.
En somme, l’heure est aux faits, aux chiffres, et à une vision claire du développement.
Aboubacar NAÏS OIHAB
Ingénieur Statisticien Économiste, spécialiste des questions macroéconomiques.
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