Deuil national : Quand la douleur collective devient l’instrument d’une politique sans scrupules

La tragédie survenue au stade de Nzérékoré, ce dimanche 1er décembre 2024, a plongé notre nation dans un profond deuil. Des dizaines de vies ont été fauchées lors d’un événement censé célébrer le sport et l’unité nationale. En ces heures sombres, la Guinée a besoin de compassion, de solidarité et d’une réflexion collective pour prévenir de tels drames à l’avenir.

Cependant, à peine le choc et la douleur ressentis par les familles des victimes se sont-ils installés que certains, mal intentionnés et en quête de retours politiques faciles, se sont empressés d’instrumentaliser cette tragédie. Ces acteurs politiques, à la risée d’une partie de l’opinion publique, ont transformé un moment de deuil en opportunité pour accuser, diffamer et détourner l’attention des responsabilités qu’eux-mêmes ont eues dans la situation actuelle.

Quand l’indignation devient sélective

La responsabilité morale impose à chacun d’entre nous, en particulier aux anciens et actuels décideurs, de regarder dans le rétroviseur avant de pointer un doigt accusateur. Ceux qui aujourd’hui dénoncent l’absence d’infrastructures modernes et de protocoles sécuritaires adéquats ont eu, pour certains, des années pour y remédier lorsqu’ils étaient en charge. Ces mêmes voix, qui s’élèvent aujourd’hui avec une indignation affichée, oublient opportunément que le déficit d’infrastructures et d’organisation trouve ses racines dans leur propre gestion.

Combien de stades modernes ont été construits dans nos régions pendant plus d’une décennie de pouvoir absolu ? Combien d’efforts ont été déployés pour assurer la sécurité des foules lors des événements de masse ? La réponse, malheureusement, est amère.

L’urgence d’un débat constructif

En dépit de ce triste constat, ce drame doit nous pousser à transcender les querelles partisanes et les attaques politiciennes. La priorité aujourd’hui n’est pas de désigner des boucs émissaires ou de s’engager dans une guerre de mots, mais d’agir collectivement pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.

• Investir dans les infrastructures : Le déficit d’infrastructures sportives modernes dans les régions est criant. Des stades bien équipés, conformes aux normes de sécurité, sont une nécessité et non un luxe.

• Renforcer les mesures de sécurité : La planification et l’exécution des grands événements doivent respecter des protocoles stricts pour garantir la sécurité des participants et des spectateurs.

• Assurer une gestion responsable : Il est impératif de promouvoir une culture de responsabilité à tous les niveaux. Cela inclut tant les décideurs que les organisateurs.

L’héritage que nous devons construire

Le drame de Nzérékoré est un signal d’alarme. Il ne doit pas être un prétexte pour exacerber les divisions, mais une opportunité pour réévaluer nos priorités en tant que nation. Nous devons faire preuve de respect envers les victimes et leurs familles, ne pas les utiliser comme des outils de manipulation ou de règlement de comptes politiques.

Le deuil est sacré. La douleur collective n’est pas un terrain de jeu pour des ambitions personnelles ou partisanes. Que cette tragédie serve à éveiller nos consciences et à mobiliser toutes les énergies pour construire une Guinée meilleure, où la vie de chaque citoyen sera toujours une priorité absolue.

 

Badra Aliou Cheickna Koné

Président de la Délégation Spéciale de Matam

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