Conakry: à la rencontre des jeunes peintres et dessinateurs
Peindre sur un mur, dessiner des portraits ou des sujets sur un papier, est l’art pratiqué par certains jeunes Guinéens depuis tant d’années. Mis à l’ombre par la musique qui est le seul métier culturel à être sous les feux des projecteurs, les métiers de peintre et de dessinateur deviennent aujourd’hui un secteur pour beaucoup de jeunes.
Dans un quartier de Nongo où les restaurants et écoles occupent les bordures des routes, Guinée Challenge a trouvé son espace juste à côté de l’université UNC. Introduit dans la cour les locaux du label attirent rapidement les yeux par son apparence. Entourés par des pneus peints avec les couleurs du drapeau guinéen « rouge, jaune et vert », les peintres apprenants échangent autour de leur dernière exposition.
Aujourd’hui, ils sont quatre à avoir effectué le déplacement pour peindre certains tableaux. Djeinab Savane, diplômée en Linguistique Communication est une apprenante au sein de Guinée Challenge. Pourtant, elle n’est pas passée par une école d’art :
« Je dessine par passion, je suis une amoureuse d’art. Quand je m’ennuie, le plus souvent quand je suis chez moi, je fais des dessins, et Lefa c’était un très bon ami à moi, c’est également notre manager. À chaque fois que je fais un truc, je l’envoyais les photos de mes dessins. Un jour, j’étais chez moi, il m’a appelé et m’a dit de venir, on va travailler. Tout a commencé comme ça, on est parti faire les fresques au Centre Culturel Franco-Guinéen. » Depuis, la jeune passionnée évolue au sein de Guinée Challenge.
Le secteur n’est toutefois pas prisé, mais Djeinab ne regarde pas cela « C’est un métier comme les autres, ce n’est pas mal, c’est juste que les gens ne poussent pas à fond pour aider les artistes. Notre manager fait de son mieux, pour avoir des projets un peu partout. Mais ça va, on vit avec. »
Côté rémunération, elle n’est pas bavarde : « C’est quand on gagne un projet. » Lance-t-elle. Même attitude chez son copain avec lequel elle travaille, « j’aurais aimé vous dire plus, mais je ne suis pas le mieux placé », se désole Bangoura Nfa Moussa, étudiant sortant de l’institut des Arts Mory Kanté de Dubreka. Côté projet et argent, on va devoir s’en tenir au projet qu’ils obtiennent comme seule source de revenus.
Moussa, sortant de la licence peinture dans un institut spécialisé du domaine, ne rêvait pourtant pas peindre au début :
« Moi et la peinture, je n’ai pas choisi du tout. » Se remémore-t-il. Mais orienté dans cette filière qu’il l’a étudiée pendant trois ans, peindre est aujourd’hui une partie de sa vie : « J’ai dit que je ne vais rien faire si ce n’est pas l’art maintenant. » s’exclame-t-il.
C’est bien cette formation et la passion qui lui a ouvert les portes de Guinée Challenge « C’était lors de leur festival, la série Graffiti 4, donc il y avait un concours de dessin. Du coup, j’ai participé et on m’a appelé pour dire que je suis admis, que je devais suivre une formation graffiti avec eux. Formation après laquelle on m’a proposé de rester. »
Le label Guinée Challenge qui fait la promotion du graffiti et de peinture compte une dizaine d’artistes en son sein en dépit des difficultés.
Diarouga Aziz Baldé pour Planete7.info