Chronogramme de la transition, suspension de la participation de la Guinée à l’OMVS, récente visite du vice-président de la BM : le président de la LDRG s’exprime

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C’est depuis le Canada que le président de la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée (LDRG), s’est exprimé sur l’actualité sociopolitique de la Guinée. Dans cet entretien avec notre rédaction, Mamadou Oury Diallo évoque des sujets importants dans la conduite de la transition notamment la suspension de la participation de la Guinée à l’OMVS, le chronogramme de la transition ou encore la récente visite du vice-président de la Banque Mondiale en Guinée. Suivez !

Tout d’abord, je tiens à vous remercier de l’invitation sur votre média à m’exprimer sur les sujets d’actualité.

 Concernant la suspension de la participation de la Guinée à l’Organisation de la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Je crois qu’il est important de dédramatiser la situation. Premièrement, il s’agit d’une mesure temporaire. Conakry cherche à revitaliser cette organisation en faisant en sorte que la Guinée aussi y gagne quelque chose. Notamment, l’avancement de la construction du barrage hydroélectrique en Moyenne Guinée et la représentativité de la Guinée au sein des instances de l’organisation. Vous conviendrez que pour des autorités dont le credo est la refondation, cette mesure est légitime et compréhensible. Deuxièmement, je ne crois pas que les intentions des autorités de la transition sont de créer une crise avec nos pays voisins, pour la simple et unique raison que les premières mesures prises par le CNRD à son avènement au pouvoir furent l’ouverture des frontières terrestres avec nos pays voisins et le re-confirmation de l’engagement de la Guinée pour le maintien de la paix et de la sécurité au Mali. Donc ces deux éléments pris ensemble me disent qu’il vaut mieux percevoir cette décision de Conakry comme un cri d’amour envers l’OMVS. C’est une crise passagère. Cependant il est important pour l’organisation de mettre immédiatement en place un comité pour résoudre cette mini-crise afin d’éviter un enlisement et une crispation durable.

 Concernant le chronogramme de la transition. Pour le moment il n’y a pas d’inquiétudes à se faire. Les deux premiers éléments du chronogramme ont déjà démarré, notamment Recensement général de la population et le Recensement administratif à vocation d’état-civil. Le financement du premier recensement est déjà bouclé. Ça c’est une excellente nouvelle car ce recensement-là sera extrêmement utile pour tous les programmes de développement locaux et nationaux de notre pays au cours des 10 ou 15 prochaines années. Le financement du second recensement qui servira à avoir le fichier électoral n’est pas encore bouclé. Mais il n’y a pas d’inquiétudes à se faire à ce stade car une avons suffisamment de temps pour mobiliser les fonds nécessaires pour cet autre recensement. Il faut simplement inviter tout le monde à la sérénité et inviter le gouvernement à prévoir un plan B advenant que les partenaires financiers de la Guinée tardent à concrétiser leur promesse. Il est aussi important pour le gouvernement de communiquer avec les acteurs politiques membres du Cadre de Dialogue Inter guinéen afin d’éviter des incompréhensions. Par ailleurs, il y a un autre élément du chronogramme qui est bien avancé, il s’agit de la rédaction du projet de constitution. Tous les autres éléments du chronogramme dépendent de ces trois premiers éléments que je viens de citer. Donc vous voyez bien que, certes ce n’est pas parfait, mais ça avance. Il faut donc encourager le gouvernement dans ce sens. C’est ce que je fais avec mon parti la LDRG.

 Par rapport à la récente visite en Guinée du Vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique l’Ouest et du centre, c’est un signal très encourageant à saluer. La Banque Mondiale est un partenaire technique et financier traditionnel de la Guinée. Les déclarations du Vice-président Mr Ousmane Diagana sont très encourageantes et prometteuses. Cependant il faut aller au-delà des mots et comprendre que la Guinée n’arrive toujours pas à utiliser pleinement les fonds mis à sa disposition par la Banque Mondiale parce que tout simplement notre capacité à monter des projets viables et bancables, de même que notre capacité à gérer ces projets et à produire des rapports d’évaluation fiables, ne sont toujours pas optimisés. Donc même si la Banque Mondiale annonce de nouveaux financement, ces nouveaux fonds ne peuvent être pleinement utilisés que nous nous améliorons notre capacité d’absorption. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé au gouvernement d’inclure dans le cadre des priorités présidentielles et celles de la refondation la nécessité absolue d’améliorer la capacité d’absorption de notre pays. Je suis donc ravi que le Président de la République ait récemment pris des décisions allant dans le sens de l’amélioration de l’efficacité institutionnelle et opérationnelle de l’agence de gestion des grands projets de notre pays.

 Concernant l’interdiction de l’exportation de certaines denrées, certes c’est une mesure conjoncturelle, donc à court terme, cependant il faut bien comprendre le problème auquel nous cherchons à apporter des solutions. Ce problème, ce n’est pas le manque de denrées dans notre pays mais plutôt l’inflation (la hausse généralisée des prix). Et je dois vous dire que pour lutter contre l’inflation la pire des choses à faire est justement d’interdire les exportations. Parce que, non seulement les exportations créent de l’emploi, mais de plus, elles ramènent des devises étrangères dans notre pays. Donc les exportations sont plutôt une solution pour lutter contre l’inflation et ses effets. S’il y avait une pénurie dans nos marchés, en ce moment l’interdiction d’exportation pourrait être justifiée. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. En interdisant les exportations, c’est plutôt des jeunes qui vont bientôt perdre leurs emplois et se rajouter à la grogne sociale.

 Par ailleurs, il y a plusieurs autres leviers pour lutter contre l’inflation, notamment réduire au maximum possible les intrants nécessaires pour la production agricole, que ça soit les semences ou les engrais. Cela suppose des investissements suffisants dans le domaine des semences et des engrais. Pour le moment disons que le gouvernement fait des pas un peu timide dans ce sens. Puis, naturellement, pour lutter contre l’inflation, il y a aussi la politique industrielle et la politique monétaire du pays.

 Donc voyez-vous, l’interdiction d’exportation est peut-être une mesure populaire parce que ça parle au commun des mortels. Mais en réalité il s’agit de lutter contre l’inflation. Et pour ce faire, il n’y a pas de solution magique, il faut faire comme je viens de le détailler pour vous.

 

 

Entretien réalisé par Pathé Diallo pour Planete7.info

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