Agriculture : immersion à FABIK, cette ferme agricole leader dans la culture de l’ananas en Guinée !

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« Seule l’agriculture est productive, car elle seule crée plus de richesse qu’elle n’en consomme. L’air est plus pur à la campagne parce que les paysans dorment les fenêtres fermées. Les agriculteurs veulent nourrir, mais pas mourir ». Voici une citation bien comprise et appliquée par ce jeune entrepreneur Guinéen qui a décidé de tout ranger pour s’offrir le luxe qui va avec dans l’agriculture plus précisément dans l’ananas. Ce dimanche 23 juin 2024, notre rédaction a été invitée par le patron de cette ferme agricole bâtie sur 72 hectares avec toute la chaine de valeur qui va avec. Nous avons encore compris pourquoi il a tout claqué pour se mettre au service de la terre.

Situé dans la sous-préfecture de Samouya, à 2h et demie de Conakry et à 30 kilomètres de la ville de Kindia, FABIK se trouve à 15 kilomètres de la route nationale. Ici un jeune-homme de 37 ans, a tout claqué pour venir bâtir ce qu’on peut appeler un empire agricole et spécialement sur la culture de l’ananas avec toute sa chaîne de valeur. Après avoir accumulé plusieurs échecs dans sa vie, Amadou Chico Cissoko n’a pour autant pas baissé les bras et a continué à explorer des pistes pour gagner sa vie et maintenir l’équilibre de sa famille. D’où son engagement résolu dans l’agriculture notamment la plantation de l’ananas. Loin de tous les conforts, il a préféré rentrer dans son pays et s’occuper de la terre qui comme on le dit souvent ne trahit jamais.

 » Je suis Amadou Chico Cissoko, Guinéen et fier de l’être mais aussi un citoyen du monde. Depuis ma jeune enfance quand j’avais 8 à 12 ans, mes parents m’ont envoyé aux États-Unis pour étudier où j’ai fait 4 ans avant de revenir en Guinée pour continuer mes études ici, le lycée, une année d’université en médecine, mais je n’ai pas y trouvé ma vocation que j’ai quittée après.  Ensuite j’ai eu une bourse d’étude pour la République Tchèque où je suis allé mais sans réussir à faire la médecine aussi, j’ai quitté l’Ingénierie, j’ai traversé l’Europe pour venir m’installer en France pour publier mon livre, je voulais être un coach en développement personnel, j’ai échoué dans ça. Je me suis retrouvé dans la rue à Paris et de là-bas je suis encore revenu en Guinée où on m’a considéré comme un échec, les gens ont pensé que je n’avais aucun avenir parce que je n’avais pas de diplôme, pas d’argent (…) rien ! J’ai essayé assez de choses sans succès ».

Mais le déclic viendra de la terre. Celle avec laquelle nous sommes faits et où nous retournerons un jour. Amadou Chico va se tourner vers l’agriculture et là c’est la bonne.

 

« C’est qui a marché pour moi c’était l’agriculture. C’est lorsque je suis venu ici dans un bas-fonds où j’ai planté de l’aubergine, je l’ai récoltée et j’ai eu l’argent pour la première fois pour acheter les couches de ma fille. Et ça changé ma vie. En même temps je voyais mes parents qui souffraient à bien gérer leur entreprise c’est là que je me suis dit si eux ne peuvent pas peut-être que moi je peux. À 24 ans déjà je gérais plus de 100 personnes ici. De là on a créé le premier site agro-touristique, ensuite j’ai créé avec certains amis le mouvement oser innover et en 2014 j’ai été sélectionné pour le programme du président Obama de Mandela Washington« , explique-t-il.

Un programme qui lui permettra encore beaucoup plus de s’aguerrir pour être un as dans l’agriculture en Guinée mais ce après plusieurs années de galère mais aussi d’expérience au Kenya avec à son actif 3 Tedex.  » Mes 8 ans au Kenya ma vision c’était d’aider le pays à être le Hub de l’innovation en Afrique et j’y ai contribué notamment à former les plus grands entrepreneurs et startups du pays. J’ai formé les jeunes considérés par les États-Unis comme étant les futurs leaders du continent », a soutenu Chico Cissoko.

Malgré toute cette expérience et toutes ces opportunités à saisir, le boss du réseau « Les Jeunes Influents » se sentait coupable par le fait d’aller donner tout son potentiel ailleurs en laissant sa Guinée natale notamment ses parents qui avaient du mal à développer leur domaine agricole. Il décide donc de rentrer et la première initiative qu’il lance c’est de créer la cité baronne pour trouver des investisseurs dans le secteur de l’ananas pour essayer de protéger les intérêts des personnes qui y travaillent.

C’est l’ensemble de toutes ces expériences accompagnées de hauts et de bas qui permettent à la cité FABIK d’évoluer pour être leader dans la production de l’ananas en Guinée.

 » Nous sommes spécialisés dans la production de semences d’ananas, de bananes et de manioc. Nous sommes les leaders dans l’accompagnement des entreprises privées et des investisseurs agricoles dans le secteur de l’ananas », a brièvement présenté le directeur des investissements de FABIK.

Pour Amadou Chico Cissoko, la Guinée peut bien être une puissance mondiale dans le secteur de l’agriculture et spécifiquement dans l’industrie de l’ananas. D’où l’acquisition de ce domaine de 72 hectares.

 » Cette ferme a été créée en l’an 2000 par ma mère Hadja Mballou Fofana. Sa vision c’était de créer un centre autour duquel gravitent des paysans indépendants. Notre activité principale c’était la production du palmier où nous avons 30 hectares qui sont transformés en huile de palme rouge. Mais au-delà de ça elle organisait de groupements autour des paysans pour les former dans les cultures industrielles. Donc on a formé des groupements et on leur a donné des semences améliorées en travaillant avec les centres de recherche pour identifier les meilleures semences. Notre entreprise durant les 10 premières années entre 2000 et 2010, on a permis à toute la communauté de Condéya et aussi aux producteurs de bananes et d’ananas à travers la Guinée d’avoir les semences de qualité, des intrants. Nous avons créé ici une banque rurale pour permettre aux communautés d’avoir accès au financement, nous avons créé une école, nous avons fait des aménagements hydro-agricoles dans certaines zones autour pour que les gens puissent avoir accès à l’eau et l’irrigation.  Donc notre activité a été vraiment sociale et entrepreneuriale. Entre 2010 et 2020, on s’est focalisé sur la formation en créant la première école d’entreprenariat agricole en Guinée : FABIK ferme école qui a formé la première génération de jeunes entrepreneurs agricoles qui sont aujourd’hui soit à leurs propres comptes ou travaillent pour certaines entreprises. Entre 2020, 2030, 2050 notre vision maintenant c’est d’aller vers l’industrie. Ici nous avons toute la chaîne de valeurs de l’ananas. Nous produisons les semences, les fruits et nous les transformons en jus naturel d’ananas, les déchets aussi nous les transformons en compost », réagit le responsable de FABIK.

Poursuivant, Amadou Chico Cissoko pense qu’il est encore possible de relancer le secteur de l’ananas en Guinée. C’est pourquoi il se donne tous les moyens possibles pour atteindre ses objectifs.

« Parce que l’ananas est un produit de qualité, un produit consommé partout dans le monde mais qui n’est pas produit partout dans le monde. Quand on prend la Guinée si vous rentrez dans un supermarché vous allez trouver des jus d’ananas qui sont fabriqués en Arabie Saoudite, Hollande pourtant qui ne produisent pas de l’ananas. Donc il est important pour un pays qui a le potentiel comme la Guinée depuis les années coloniales d’être l’un des grands dans l’ananas, de pouvoir produire de l’ananas, le transformer et l’exporter en créant de la richesse en devises pour son pays qui puissent permettre des emplois. Je me dis que Dieu m’a créé uniquement pour contribuer à ça, je veux mettre le restant de ma vie à être l’un des piliers dans ce secteur« , promet-il.

Pour réussir le paris, FABIK entretient de bons rapports avec l’Etat, les partenaires au développement mais aussi les agriculteurs.

 » Nous collaborons avec le gouvernement depuis le début de notre activité dans le sens où notre domaine sert de lieu d’expérimentation pour les projets (ministère de l’agriculture, élevage, commerce) qui sont passés par là. En ce moment même on travaille avec le ministère du commerce sur un projet de chaîne de valeur dont l’objectif est de renouveler les variétés de bananes, d’ananas, de manioc, de patate douce en Guinée notamment la basse côte. Notre serre d’acclimatation est la seule dans toute la région ouest-africaine qui produit les vitroplants d’ananas. Nous travaillons également avec le ministère de l’agriculture à travers le projet de développement de l’agriculture commerciale en Guinée qui vient de nous donner une dotation pour la production de plus de 4 millions de rejets d’ananas qui peuvent servir à produire plus de 80 hectares d’ananas. Nous-mêmes à notre propre niveau on a notre projet d’investissement où nous permettons à ce que la diaspora et des étrangers investissent dans les champs d’ananas. Nous avons travaillé avec l’ambassade des États-Unis, OIM, Enabel, l’ASCAD…Pour nos ambitions futures, nous souhaitons produire mille hectares d’ananas dans les 10 prochaines années. Et notre objectif ce n’est pas le faire seul, l’Etat à des terres, il y a des Guinéens qui ont envie d’investir, nous avons l’expertise », a rassuré Amadou Chico Cissoko.

Pour finir, il va également prodiguer des conseils précieux aux entrepreneurs Guinéens opérant dans n’importe quel secteur de l’agriculture. Il insiste surtout sur la chaîne de valeur.

« Si vous êtes dans le manioc, l’arachide, la banane, tomate…, spécialisez-vous d’abord dans une culture et maintenant diversifiez d’autres pour avoir d’autres sources de revenus. Au-delà de ces spécialités pensez aux différents éléments de cette chaîne-là dans laquelle soit vous pouvez vous intégrer ou créer des partenariats ».

Avec toutes les péripéties de la vie, Amadou Chico Cissoko constitue aujourd’hui un vrai modèle de réussite dans l’agriculture. Avec son courage et sa persévérance, il a su percer le plafond de verre et réussir dans un domaine qu’il développe avec toute sa science. C’est dire qu’avec conviction et amour, l’on peut réussir dans un domaine qui n’était pas forcément notre prédestination.

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