La RTG : entre allégeance et amalgames, il est possible de faire mieux ! (Tribune)

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Première vitrine de la République de Guinée comme dans tous les États africains d’ailleurs, en quête de visibilité et d’audience depuis la fin de la colonisation, la Radiodiffusion Télévision Guinéenne a toujours su répondre « Présente ! » et semble désormais s’accommoder parfaitement de la mission qui est devenue la sienne : l’allégeance et la servitude. L’expression est grave certes mais force est de reconnaitre qu’elle participe plus que jamais de l’ADN de cette immense entreprise de presse dite tantôt média d’État tantôt média de service public à côté d’autres organes comme le Journal Horoya et l’AGP (Agence Guinéenne de Presse).

Certains vous diront qu’il y a conformité en la démarche dès lors que pour le commun des mortels ‘’servir l’État c’est servir la nation et tous ceux qui la composent’’. D’où le subtil slogan « Vous servir est notre mission » qui s’affichait jusque-là sur « La lucarne joyeuse » ou encore l’unité centrale des médias tel que se plaisait à dire un vieux loup. Les régimes politique se succèdent, fut-il à pas de caméléon, chaque dirigeant en place avec son équipe selon ses ambitions et en fonction de son propre agenda, a toujours su s’offrir les bons offices de la généreuse « voix du peuple » habituée des grands bouleversements qui ne sont pas faits pour l’engloutir mais pour la faire porter ses nouveaux maîtres soucieux de consolider leur pouvoir, se donner une certaine légitimité et user de tous les moyens pour s’assurer un temps de survie.

Aussi longtemps qu’ils le peuvent, ils s’appuieront sur la RTG qu’ils ont du coup l’obligation de protéger tels des parents qui trouvent leur salut dans leurs capacités à bien prendre soin de leur progéniture. Cependant, quand on doit se méfier parce qu’on n’est pas d’accord avec la méthode, la seule arme à ne jamais perdre de vue est l’obligation de réserve qui commande toute action en tout service.

Dans une administration qui se veut sérieuse et chez tout cadre mû par la volonté de servir à la fois « l’État et la nation », il y a une dose de conscience à ne pas perdre de vue. De plus en plus, la télévision guinéenne a du mal à assumer cet indispensable besoin de conciliation sans laquelle, il lui est difficile, voire impossible de plaire à la patrie. A peine arrivé au pouvoir, Alpha Condé avait à l’époque lancé un sacré défi aux responsables de cette chaine, celui d’aller percer le mystère du monde paysan et relever ses préoccupations entre autres. Par cet appel, l’ancien Chef de l’État guinéen affichait une certaine frustration face à une approche télévisuelle plus fondée sur les flatteries que sur la vision d’un pouvoir qui croit devoir sa légitimité aux pauvres et non pas être l’ombre d’une élite bureaucratique égocentrique et corrompue.

Mais quand une institution comme la RTG ne se bouge pas et qu’on se voit toujours obligé de recourir à ses services, on en tire ce que l’on peut : la propagande, rien que ça ! Dans cette voie, les responsables de la radiodiffusion télévision guinéenne aussi longtemps qu’ils se succèdent, savent pertinemment qu’ils font tout sauf aider le pouvoir dont ils contribuent à ternir souvent l’image tout en entretenant les frustrations du peuple. Revenir sur terre et savoir distinguer la bonne graine de l’ivraie, est ce à quoi l’institution tout comme chaque Guinéen doit s’atteler car le sentiment étatique fait d’allégeance trompeuse ne saurait justifier que l’on s’accroche indûment à son poste contre vents et marées sous prétexte d’épouser et défendre la vision des hautes autorités, celle du président de la République en particulier. « En Guinée plus le mensonge est gros plus les gens y croient » lâchait Alpha Condé grand témoin du fonctionnement chaotique de l’administration guinéenne qui à force de trainer les pieds en voulant la remettre au pas, repart presque les mains vides. « Là où j’ai été nul peut-être nul c’est bien ici, mentir pour mieux vivre et ignorer la feindre d’ignorer la souffrance peuple. Le devoir nous commande à la loyauté dans la dignité et les succès unanimes », me confiait un citoyen à bout de rage. Comme dans un avion en panne dans l’air et qui fonce tout droit vers le précipice, avec son « Mayday » déconcertant, le pilote doit s’efforcer de vite redresser au risque de voir tout voler en éclats.

Ainsi chacun de nos faits et gestes doivent refléter le besoin de construction et de survie notre nation au peuple meurtri. Il nous appartient de faire les meilleurs choix pour le bien de la Guinée et pour notre avenir commun. Notre pays en a si besoin qu’il est temps pour nous d’agir. Pour ce faire, nous devons savoir dire oui quand c’est oui et non quand c’est non ! Dans tous les cas pour l’heure et depuis plusieurs années l’honnêteté n’est vraiment pas guinéenne. Nous devons refuser de sombrer dans la facilité, de jouer les patriotes quand on ne sait même pas rendre à la patrie le minimum qu’elle attend de nous : la servir pour nous-mêmes et non nous en servir ! « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays » disait JFK, un des illustres ex-présidents américains victime de sa droiture. En plus d’évoquer la question de l’emploi à l’époque, ce patriote convaincu rappelait l’immense sacrifice dont chaque citoyen doit faire montre en participant activement à la construction de son pays et à l’édification d’une nation digne des hommes honnêtes.

A nous Guinéens de nous approprier cet appel historique avant que l’histoire ne nous rattrape ! Le chemin est encore long quand on sait que le vrai travail doit commencer par la RTG, là où il y a plus que jamais confusion entre le devoir de protéger l’État et celui d’œuvrer sans relâche à l’unité de la nation sans amalgame ni aliénation. Au CNRD de savoir se distinguer dans les réformes à venir et qui s’imposent à tous les services de l’administration pour être honnête !

Habib Thiam

 

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