Aliou Bah à Emmanuel Macron :  » Ne voyez le Tchad différemment que le Mali, la Guinée, la côte d’ivoire »

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Le président du MoDel, Aliou Bah faisait partie des jeunes leaders africains à animer le sommet Afrique-France à Montpellier. Face au président de la France, le jeune leader guinéen a dit ses quatre vérités au président Macron.

Ci-dessous son discours:

Montpellier le 8 octobre 2021, sommet Afrique-France :

« Je perçois ce sommet comme étant celui de la clarification sur certains sujets qui sont très sensibles et qui cristallisent l’attention de l’opinion publique africaine et française par endroits. Peut-être que nous n’avons pas la même perception de ce qu’on appelle « régime démocratique ». Parce qu’il me semble qu’il suffit de s’adosser sur des lois, donc sur ce qui est légal, pour considérer un régime démocratique. Etant donné que nous sommes tous d’accord qu’il faut une prééminence de la légitimité sur la légalité pour que nos actions portent.

C’est vrai qu’il y a certains de nos dirigeants qui sont légitimes et d’autres qui ne le sont plus. Je ne vous demande pas de vous occuper de nos dictateurs. Nous le faisons et continuerons de le faire. Pour preuve, moi je viens d’un pays, la République de Guinée, qui vient de se débarrasser de quelqu’un qui voulait mourir au pouvoir. Je fais partie de ces jeunes qui étaient en première ligne et je suis fier d’avoir mené ce combat, parce que ça ramène de l’espoir auprès de notre jeunesse.

Ce que nous essayons de vous demander M. le président, ce de ne pas de vous occuper de nos problèmes internes. C’est plutôt, en tant que partenaire, de refuser de collaborer et de considérer comme étant un interlocuteur quelqu’un qui utilise des manières subversives, les tripatouillages constitutionnels pour rester au pouvoir. N’en faites pas un partenaire.

Parce qu’habituellement, ce qui arrive M. le président, on utilise beaucoup de subtilités politiques dans le langage. Aussi longtemps qu’on va continuer à traiter cette question au cas par cas, comme on le dit en Afrique, selon la tête du client, on ne s’en sortira pas. Ne voyez pas le Tchad différemment que le Mali, la Guinée, la Côte d’ivoire. Cette question, traitons-la de façon transversale.

Vous vous êtes prononcés sur les questions de droits de l’Homme, il y a des valeurs que nous partageons et qui sont universelles. Le droit à l’alternance, c’est quelque chose qui représente l’oxygène de la démocratie. Peut-être que ça ne se résume pas à une histoire de nombre de mandats. Vous allez peut-être dire que nous sommes, bien entendu, disposés à gérer nos lois, définir le nombre de mandats, nous sommes d’accord sur tout ça.

Mais encore une fois, il n’y a pas d’amalgame dans nos démarches. Il ne s’agit pas de dire à la France : « Empêchez que tel fasse ceci ou cela ». Nous le ferons nous-mêmes et nous n’attendrons personne pour le faire à notre place. Nous continuerons à le faire, mais n’en faites pas des partenaires selon les cas en rapport avec des intérêts politiques, stratégiques ou militaires. C’est ce que l’Afrique ne comprend pas.
Admettez avec nous que cette subtilité entretient la suspicion.

Pour ce que nous allons rebâtir à partir d’aujourd’hui, la confiance mutuelle est fondamentale. Mettons de côté tout ce qui peut entrainer le préjugé, la suspicion, les petits calculs. Certes, c’est politique. Mais les questions de ce type, nous africains, nous voulons que vous vous positionniez comme étant un partenaire des peuples africains et non celui des syndicats de dirigeants africains ».

Aliou BAH
Africain de la République de Guinée

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