Assainissement du paysage politique en Guinée : 99 partis validés, 28 suspendus

La scène politique guinéenne connaît un tournant décisif. Ce vendredi, à l’hôtel Noom, Mme Camara Djenabou Touré, directrice nationale des affaires politiques et de l’administration électorale, a levé le voile sur les résultats de l’évaluation des partis politiques. Un exercice qui reconfigure le paysage politique avec, à la clé, des suspensions et des mises en observation.

En trois ans, le nombre de formations politiques en Guinée a connu une chute vertigineuse. De 350 partis recensés à l’arrivée de la transition, ils étaient 211 lors de la prise des fonctions du général du deuxième section Ibrahima Khalil Condé. Aujourd’hui, après une évaluation approfondie, seuls 99 partis restent en activité.

« Vous voyez aujourd’hui que nous nous retrouvons dans un espace assaini parce que 28 partis politiques sont suspendus, 4 sont en observation et 99 peuvent exercer », a déclaré Mme Touré.

Désormais, la Guinée compte officiellement 130 partis politiques, bien que certains soient encore en phase de régularisation.

Cette reconfiguration ne fait pas l’unanimité, mais pour l’administration électorale, elle repose sur des critères précis. Parmi les formations politiques concernées, certaines n’ont pas organisé de congrès depuis plus de dix ans, un manquement qui va à l’encontre des principes de fonctionnement démocratique. D’autres peinent à présenter des états financiers à jour, un impératif légal pour toute entité politique.

« Quand vous créez une association et que vous ne renouvelez pas vos instances, ce n’est plus de la démocratie », a précisé Mme Touré, insistant sur la nécessité pour chaque parti de respecter ses propres statuts.

Au-delà des aspects administratifs, des lacunes dans la gestion interne des documents ont également pesé dans la balance. « Un parti ne doit pas être une entreprise privée où seul le leader détient tous les documents. Ces éléments doivent être accessibles aux instances dirigeantes », a-t-elle ajouté.

Dans un contexte politique marqué par des crispations, cette évaluation suscite déjà des réactions. Si pour certains, elle s’inscrit dans une volonté d’assainir et de structurer le paysage politique, d’autres y voient une manœuvre de restriction du pluralisme.

« Ce n’est pas une chasse aux sorcières », a tenu à clarifier Mme Touré, insistant sur le fait que les partis en suspens ont la possibilité de régulariser leur situation dans un délai de trois mois.

Cette opération, qui bouleverse l’équilibre politique en Guinée, interroge sur ses implications à moyen et long terme. Entre rigueur administrative et répercussions politiques, l’application de ces mesures sera scrutée de près.

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info 

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