Calebasses : Un patrimoine en sursis face à l’oubli
Objet ancestral aux multiples usages, la calebasse demeure un symbole de respect et de tradition dans la société guinéenne. Pourtant, son usage tend à se raréfier face à la modernisation des ustensiles domestiques. Malgré ce déclin, certaines commerçantes, à l’image de Joséphine Leno, continuent de perpétuer cette tradition et de promouvoir les bienfaits de cet objet aux valeurs culturelles profondes.
Longtemps utilisée pour servir et conserver les aliments, la calebasse joue un rôle central dans de nombreuses coutumes guinéennes. Joséphine Leno, vendeuse de calebasses rencontrée sur un marché de Conakry, déplore la désaffection progressive de cet ustensile pourtant emblématique. « Les calebasses ont de nombreuses utilités, surtout en Guinée. Dans nos mariages religieux, elles servent à présenter le riz du pays, agrémenté de colas, à la belle-famille lors de la cérémonie. Nos ancêtres mangeaient également dans des calebasses, et cela reste une pratique bénéfique. Contrairement aux glacières modernes, qui conservent la chaleur des aliments, la calebasse est plus naturelle et sans inconvénient. »
Si la demande existe encore, la concurrence entre commerçantes s’intensifie. Malgré tout, Joséphine Leno continue d’écouler entre quatre et cinq calebasses par jour, notamment lors des périodes de cérémonies et de réceptions où elles sont utilisées pour présenter les colas. « À l’aéroport, une femme accueille les étrangers avec une calebasse remplie de colas, un geste symbolique d’hospitalité en Guinée. Il n’existe aucun commerce sans difficulté, mais nous n’avons pas d’autre choix que de persévérer. Nous nous approvisionnons en calebasses auprès de fournisseurs venant de Dabola et Bissikrima, ou encore dans un grand magasin à Madina. »
Consciente des enjeux liés à la préservation de cet objet culturel, Joséphine Leno interpelle les autorités et la population sur la nécessité de soutenir cette activité. « Nous sollicitons l’aide de l’État pour encourager la culture des calebasses, au même titre que le riz ou les aubergines. Dans nos coutumes, rien ne se fait sans la calebasse. Nous invitons également la population à en faire usage, car au-delà de son aspect pratique, elle reste un symbole de notre identité culturelle. »
Si la calebasse peine à rivaliser avec les contenants modernes, elle demeure ancrée dans le patrimoine guinéen. Son commerce, bien que confronté à des défis, reste un témoignage vivant des traditions locales que des vendeuses comme Joséphine Leno s’efforcent de maintenir.
Mohamed Diallo pour Planete7.info
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