Analyse du deuxième mandat de Donald Trump : enjeux et implications pour l’Afrique

L’investiture de Monsieur Donald Trump ce jour comme 47e président des États-Unis est une occasion à ne pas rater pour les analystes stratégiques géopolitiques africains, afin d’évaluer son impact potentiel sur l’Afrique.

La présente note d’analyse souligne deux hypothèses principales : un Trump fidèle à sa doctrine pragmatique et un Trump transformé, prêt à relever le défi africain.

  1. UNE GRILLE DE LECTURE BASÉE SUR LE PREMIER MANDAT

Cette première hypothèse de travail se base sur le pragmatisme américain centré sur les intérêts des États-Unis.

Le premier mandat de Donald Trump a démontré une doctrine pragmatique centrée sur le principe de « America First ». La poursuite de ce positionnement pourrait constituer une menace majeure pour les relations traditionnelles entre les États-Unis et l’Afrique, en raison d’un désintérêt possible pour le continent.

Contrairement à George W. Bush, qui a lancé un programme ambitieux de lutte contre le VIH/SIDA, et Barack Obama, avec son initiative Power Africa, le premier mandat de Trump a été marqué par une réduction des engagements américains en Afrique. N’eût été l’intervention du Congrès américain, l’aide publique au développement en faveur de l’Afrique aurait été réduite à sa portion congrue lors de son premier mandat.

Même l’initiative Prosper Africa, lancée en 2019, n’a pas eu l’impact escompté.

Fidèle à sa doctrine, Trump pourrait s’attaquer à des leviers tels que l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) et l’aide publique au développement, qu’il juge peu bénéfiques pour l’économie américaine. Cela pourrait ouvrir la voie à des programmes moins avantageux pour les pays africains, dans un contexte de rivalité croissante avec la Chine.

Au plan diplomatique et commercial, une politique d’écrémage sélective pourrait être privilégiée au lieu d’une politique de pénétration massive en Afrique. Trump pourrait opter pour une approche ciblée, en privilégiant des pays comme le Ghana, le Nigeria, l’Éthiopie, le Kenya, le Maroc et l’Afrique du Sud. Pourquoi pas le Sénégal, au nom de son alternance démocratique et de sa position géopolitique stratégique ?

La rivalité sino-américaine et le retrait des bases françaises pourraient pousser Trump à conclure des accords bilatéraux de libre-échange avec ces nations clés.

Au plan commercial, Trump pourrait maintenir une approche axée sur l’exploitation des ressources naturelles africaines (pétrole, gaz, minerais) sans favoriser l’industrialisation du continent à travers des programmes structurants. Cela risque de perpétuer une dépendance des économies africaines.

LA RIVALITÉ ÉTATS-UNIS/CHINE

Il est évident que le président Trump ne ménagera aucun effort pour contrer la Chine sur l’échiquier africain.

La Chine, premier partenaire commercial du continent africain, exporte une grande partie de ses produits et biens d’équipement vers l’Afrique. Elle joue également un rôle stratégique dans les politiques d’infrastructure et de financement en Afrique.

Évidemment, au nom de cette guerre commerciale contre la Chine, le nouveau locataire de la Maison Blanche cherchera inévitablement à casser ce cercle commercial sino-africain.

Je crains qu’il n’accentue certaines pressions sur les gouvernements africains, notamment sur des questions stratégiques comme les télécommunications, les infrastructures et l’énergie.

Cette rivalité pourrait aussi se traduire par une dénonciation des conditions non transparentes entourant les stratégies d’endettement de l’Afrique.

L’Afrique, exportatrice de matières premières (pétrole, minerais, etc.), pourrait être affectée par une telle rivalité, notamment par une baisse de la demande chinoise et des cours des matières premières plus volatiles si la rivalité commerciale ralentit l’économie mondiale.

Cependant, une telle rivalité pourrait également faire naître de nouvelles opportunités de négociation pour les pays africains, qui pourraient tirer parti de cette compétition entre les deux principales puissances mondiales.

Sur la question migratoire, le deuxième mandat de Trump pourrait durcir les conditions d’accès aux États-Unis pour les immigrés clandestins, les étudiants et autres migrants économiques.

UNE LECTURE ALTERNATIVE : UN TRUMP TRANSFORMÉ

Un Trump conscient des enjeux mondiaux après quatre ans hors du pouvoir pourrait adopter une posture plus constructive face aux défis mondiaux tels que la guerre russo-ukrainienne, les conflits au Proche-Orient et le sous-développement persistant de l’Afrique.

En tant qu’homme de défis, il pourrait vouloir initier un véritable « Plan Marshall » pour l’Afrique afin de faire du continent un partenaire stratégique privilégié. Il pourrait enfin effectuer une première visite historique sur le continent, marquant ainsi une rupture avec le passé.

CONCLUSION

Au final, les stratèges africains devraient se préparer à toutes ces éventualités et envisager des plans d’action basés sur l’anticipation et la réflexion stratégique.

Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.

Accueil
Radio
Tv
Replays