Rationalisation des EPA : la réforme avortée de Bah Oury ? (Par Facely Konaté)

La rationalisation des établissements publics à caractère administratif (EPA) reste l’un des projets les plus ambitieux – peut-être même le seul – initiés par le Premier ministre Amadou Oury Bah depuis sa nomination en février 2024. Cette réforme, reconnue pour son audace, avait pour objectif de réduire drastiquement les coûts de fonctionnement en fusionnant ou supprimant des structures redondantes. Sur les 177 EPA recensés au départ, seulement 86 devaient être maintenus. Pourtant, aujourd’hui, force est de constater que ce projet, porteur de grands espoirs, s’est effondré sous le poids de l’inertie administrative et des intérêts opposés.

Une réforme aux ambitions étouffées

Présentée comme un outil de transformation, la réforme reposait sur deux étapes clés. La première, à caractère administratif et juridique, devait s’étendre de juillet à décembre 2024 pour redéfinir les attributions des ministères et des EPA sélectionnés. La seconde, plus opérationnelle, devait débuter le 1er janvier 2025 avec l’entrée en vigueur des nouvelles mesures, en parallèle de la loi de finances initiale (LFI) de l’année.

Cependant, à ce jour, aucun des objectifs fixés n’a été réalisé. Les cadres organiques n’ont pas été actualisés, les structures redondantes n’ont pas été supprimées, et, dans un paradoxe troublant, certaines EPA censées être fusionnées ont même vu leurs budgets augmenter.

Des coûts qui freinent le développement ?

Le maintien des EPA dans leur configuration actuelle illustre un échec aux conséquences lourdes pour les finances publiques. Ces entités, souvent qualifiées de « budgétivores », consomment des ressources considérables sans produire de résultats proportionnels. Nombre d’entre elles présentent des missions similaires, entraînant des chevauchements de compétences et une dispersion des moyens. Et le nombre considérable de structures laisse supposer une méconnaissance de leur effectif réel par les autorités. L’absence de conseil d’administration au sein d’un nombre significatif d’entre elles en atteste. Lors de sa dernière session, le Conseil National de Transition (CNT) a réitéré avec force sa recommandation au gouvernement, par l’intermédiaire du Premier ministre, de garantir la mise en place, avant la fin du premier trimestre 2025, des conseils d’administration pour tous les organismes concernés, notamment l’ANAFIC et l’ANGUCH.

L’échec de cette réforme reflète un problème systémique plus profond : une gouvernance incapable de se transformer en profondeur, combinée à un Premier ministre qui semble dépourvu de réelle marge de manœuvre.

 

Facely Konaté, Journaliste | Spécialiste Médias & Communication

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