Crise en Guinée : Le Bloc Libéral propose une feuille de route pour sauver la transition

La salle de la Maison de la Presse était bondée ce mardi matin, où le Bloc Libéral (BL) a tenu une conférence pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état actuel de la transition guinéenne. Au cœur de son intervention : un constat sévère sur la gouvernance du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), des propositions concrètes pour sortir le pays de la crise, et un appel vibrant à la communauté internationale.

« La Guinée est au bord du précipice », a martelé le porte-parole du Bloc Libéral d’une voix grave, ouvrant la session par une mise en garde. Trois ans après le coup d’État du 5 septembre 2021 qui avait évincé Alpha Condé, l’espoir suscité par la junte militaire s’est effrité. « Le peuple guinéen avait cru à un changement véritable, mais aujourd’hui, ce changement s’est transformé en désillusion », a-t-il poursuivi.

Dressant un tableau sombre de la transition actuelle, le Bloc Libéral a pointé du doigt l’absence de dialogue entre le CNRD, les partis politiques et la société civile. Selon lui, cette exclusion a nourri des tensions croissantes et polarisé le climat sociopolitique. « Une transition ne peut réussir sans un consensus national », a rappelé le parti, soulignant que la gestion unilatérale de la transition par le CNRD mène droit à l’impasse.

Pour remédier à cette fracture, le BL propose la mise en place immédiate d’un dialogue national inclusif, rassemblant toutes les forces vives de la nation : partis politiques, société civile, syndicats, et même des leaders religieux. « La seule voie pour sortir la Guinée de cette spirale est de se parler, d’écouter toutes les voix et de reconstruire le tissu social autour d’un projet national commun », a plaidé le porte-parole.

Le Bloc Libéral a dénoncé avec vigueur l’aggravation de la corruption sous le régime du CNRD, malgré la création de la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières). S’appuyant sur des chiffres accablants, il a cité le récent détournement de 700 milliards de francs guinéens à la Douane, resté impuni, et les scandales de faux diplômes qui gangrènent l’administration publique.

Par ailleurs, l’insécurité grandissante a été largement évoquée, illustrée par des cas tragiques tels que le meurtre de la petite Aïcha BAH ou encore l’enlèvement de Saadou NIMAGA. « La junte a failli à son rôle régalien : assurer la sécurité des citoyens », a fustigé le représentant du BL. Il a appelé à une refonte urgente des politiques sécuritaires, combinée à un renforcement de la justice pour que les coupables soient traduits devant les tribunaux.

L’une des préoccupations majeures du BL reste la question de la candidature éventuelle du Général Mamadi Doumbouya. « L’histoire nous enseigne que les velléités de s’éterniser au pouvoir conduisent toujours à des drames nationaux », a rappelé le parti, évoquant les tragiques évènements du 28 septembre 2009 sous la junte précédente. Le BL exige un engagement formel du CNRD à respecter la Charte de la transition et à ne pas présenter de candidats issus de ses rangs aux prochaines élections.

Pour le BL, le retour à l’ordre constitutionnel passe par deux étapes incontournables : l’adoption rapide d’une nouvelle constitution par référendum et l’organisation transparente d’élections locales, législatives et présidentielles avant le 31 décembre 2024, comme promis dans les engagements initiaux.

Le Bloc Libéral a également fustigé ce qu’il appelle l’« indifférence coupable » de la communauté internationale face à la crise guinéenne. Le parti estime que certains acteurs étrangers privilégient leurs intérêts économiques – notamment dans le secteur minier – au détriment des valeurs démocratiques. « La Guinée ne peut pas être un terrain d’exploitation sans contrepartie pour les populations », a martelé le porte-parole.

Les propositions clés du Bloc Libéral

1. Organisation immédiate d’un dialogue inclusif sous l’égide d’un médiateur neutre.

2. Adoption rapide d’une nouvelle constitution et définition claire d’un calendrier électoral.

3. Renforcement de la lutte contre la corruption et poursuites judiciaires transparentes.

4. Mesures urgentes pour garantir la sécurité des citoyens et la protection des droits humains.

5. Engagement formel du CNRD à ne pas participer aux élections.

6. Implication active de la communauté internationale pour soutenir le processus de transition.

Le BL a appelé à une mobilisation générale des acteurs nationaux et internationaux pour éviter que le pays ne sombre dans un chaos encore plus profond. « Il est temps que la Guinée rompe avec ses démons du passé. Les souffrances des populations ne peuvent plus attendre. Nous devons agir, et agir maintenant », a lancé le parti, sous les applaudissements nourris de l’assemblée.

 

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info 

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