L’AXEGN suspend les festivités de l’indépendance : Un acte de dénonciation pacifique face aux violences récurrentes

Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction ce mercredi 11 septembre, Mamadou Habib Bah, président du comité d’organisation de l’AXEGN66, a annoncé une décision marquante pour le mouvement : la suspension des festivités traditionnelles prévues pour célébrer le 66ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée. Cette mesure, qui a été officiellement communiquée le 10 septembre, résulte des graves violations des droits humains et des violences qui continuent d’affecter la nation.

« Depuis 2020, nous avons fait de l’Axe un lieu de festivités, notamment pour la fête de l’indépendance, afin de transformer l’image de violence qui lui collait à la peau », déclare Mamadou Habib Bah. L’Axe, historiquement considéré comme une zone de contestation, a vu les enfants et citoyens de la ville se mobiliser pour changer cette perception en organisant des événements festifs. Toutefois, cette année, le contexte politique et sécuritaire a poussé l’AXEGN à revoir sa position.

Lors de leur Assemblée générale tenue le 7 septembre, les membres de l’AXEGN ont pris la décision unanime de suspendre les festivités. Mamadou Habib Bah explique que plusieurs facteurs, notamment les violences continues sur l’Axe, l’enlèvement et la détention arbitraire de jeunes leaders comme Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, Mamadou Billo Bah, ainsi que la condamnation de Mamadou Ramadan Diallo, membre actif du mouvement, ont rendu cette décision inévitable.

« Comment pouvons-nous faire la fête alors que nos compatriotes sont kidnappés, emprisonnés injustement, ou contraints à l’exil par peur d’être arrêtés ? » s’interroge le président. Pour lui, la situation actuelle ne permet pas d’organiser des réjouissances comme les années précédentes. Les jeunes leaders de l’AXEGN estiment que ces violences, loin d’être anecdotiques, sapent les fondements mêmes de la liberté pour laquelle les ancêtres guinéens se sont battus.

Si les festivités traditionnelles sont suspendues, cela ne signifie pas que la commémoration de l’indépendance est annulée. L’AXEGN a décidé de célébrer cette année autrement, en redirigeant les fonds collectés à travers la vente de leurs T-shirts vers des actions humanitaires et sociales. « Les fonds serviront, par exemple, à scolariser des enfants et à soutenir les orphelinats », précise Mamadou Habib Bah.

Ce changement de stratégie vise à montrer que la fête de l’indépendance ne se limite pas aux danses et aux chants. « Faire la fête peut aussi se traduire par des actions qui apportent du bien à la communauté », insiste le président. Pour l’AXEGN, l’indépendance guinéenne doit s’inscrire dans un cadre plus large, celui de la solidarité, de l’entraide et de l’engagement citoyen.

Mamadou Habib Bah a lancé un appel solennel à la jeunesse guinéenne. « Unissons-nous ! L’Axe ne se limite pas à une zone géographique, c’est un état d’esprit citoyen. Si nous, les jeunes, restons unis, nous pourrons obtenir ce que nous désirons du gouvernement », clame-t-il, rappelant que la division des forces vives ne ferait que freiner le développement du pays.

Pour l’AXEGN, le refus de célébrer l’indépendance de manière traditionnelle est un acte de protestation pacifique. « Rester chez soi le jour de l’indépendance enverra un message fort aux autorités », explique-t-il. Selon lui, face à la répression croissante et la restriction des libertés individuelles, il est devenu impossible de manifester ou de s’exprimer sans crainte de représailles.

Le président de la comité de l’AXEGN66 a également tenu à rappeler que la fête de l’indépendance ne concerne pas les dirigeants actuels, mais la nation guinéenne dans son ensemble. « Nos ancêtres se sont battus pour une Guinée libre, juste et en paix. Que penseraient-ils de la situation actuelle, où les citoyens sont emprisonnés ou contraints à l’exil ? » s’interroge-t-il avec gravité.

L’AXEGN, par cet acte symbolique, affirme son engagement à poursuivre le combat pour la paix, la justice et la liberté. « Nous croyons que nos ancêtres ne seraient pas satisfaits de l’état actuel de notre pays », conclut Mamadou Habib Bah, déterminé à faire entendre la voix de la jeunesse et à rappeler que l’indépendance doit être vécue au quotidien, à travers des actions concrètes en faveur du bien commun.

Ce choix de suspendre les festivités traditionnelles et de rediriger les efforts vers des actions humanitaires reflète une volonté profonde de replacer l’indépendance guinéenne dans un contexte de responsabilité citoyenne et de solidarité. En se positionnant ainsi, l’AXEGN adresse un message clair aux autorités : la jeunesse guinéenne est consciente de ses droits et refuse de se plier face à l’injustice.

 

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info 

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