Déclaration finale du 3ème Sommet des citoyens ouest-africains sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie

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Nous, acteurs de la société civile des Etats membres de la CEDEAO et de l’ESA, réunis au sommet citoyen consacré aux crises de gouvernance démocratique en Afrique de l’Ouest, affirmons avec force notre engagement en faveur de la promotion de la démocratie, de la stabilité, du développement durable et de l’Etat de droit dans notre région. Dans ce contexte, le sommet a exprimé sa profonde préoccupation suite à l’enlèvement de deux acteurs de la société civile guinéenne par des éléments de la garde présidentielle. Les deux membres de la coalition FNDC et Tournons La Page Guinée sont MM. Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla alias Foniké Menguè. Le Sommet exige des clarifications urgentes de la part des autorités guinéennes et demande la libération immédiate des deux militants.

Depuis 2020, la CEDEAO traverse une période d’insécurité et d’instabilité sans précédent. Les attaques terroristes répétées ont coûté des milliers de vies humaines, entraîné des déplacements massifs de populations, fragilisé nos États et produit des conséquences négatives sur la résilience de nos communautés. Par ailleurs, quatre pays de la région ont été victimes de coups d’État militaires, tandis que deux autres ont été victimes de coups d’État constitutionnels, abolissant la limitation des mandats et mettant en péril l’équilibre démocratique de la région.

A l’approche du 50ème anniversaire de la CEDEAO en mai 2025, notre principal défi est de lancer une réforme en profondeur au sein même de notre communauté afin de faire face aux défis contemporains et de donner une meilleure réponse aux aspirations légitimes de nos populations. Ces réformes doivent être menées de manière réfléchie et rigoureuse, avec comme priorité le respect des principes démocratiques, notamment la limitation des mandats des chefs d’Etat et de gouvernement. L’obsession de certains dirigeants de prolonger indéfiniment leur pouvoir est un facteur clé de déstabilisation politique et sociale.

Le Togo en est un exemple. Premier pays africain à avoir procédé à un coup d’Etat militaire, il a par la suite également procédé à une succession de violations constitutionnelles et institutionnelles et de coups d’Etat électoraux pour maintenir son régime au pouvoir. Enfin, en violation des textes de la CEDEAO et de l’Union africaine, le Togo a procédé en mai dernier à un coup d’Etat constitutionnel, concentrant tous les pouvoirs entre les mains du chef du gouvernement, président du conseil des ministres, sans aucune consultation référendaire. Cette dérive nous rappelle l’impérieuse nécessité d’instituer l’alternance démocratique comme pilier de la gouvernance.

Nous réaffirmons notre vision d’une CEDEAO des peuples, rassemblant tous les pays d’Afrique de l’Ouest. Celle-ci doit être façonnée par les peuples eux-mêmes, véritables acteurs et garants de leur avenir commun. Les décisions sur l’avenir de la CEDEAO ne doivent plus émaner exclusivement de la conférence des chefs d’État et de gouvernement, mais doivent inclure la voix et la volonté des citoyens ouest-africains.

A la veille de son 50e anniversaire, la CEDEAO doit évoluer pour devenir une institution plus forte, plus juste et plus connectée aux préoccupations de ses citoyens. Nous devons tirer les leçons du passé pour construire une CEDEAO de demain capable de garantir la paix, la sécurité, la séparation des pouvoirs et le développement durable dans notre région. Pour atteindre cet objectif, il est impératif d’accorder une attention particulière au respect des textes communautaires par les États et l’organisation elle-même.
Seule une communauté réformée, bâtie sur des bases démocratiques solides et centrée sur les intérêts de ses peuples, sera en mesure de relever les défis de demain et d’assurer un avenir de prospérité pour tous.

Au terme de nos travaux, nous appelons la CEDEAO à :

  1. Une réforme profonde et structurelle de la CEDEAO pour limiter l’hégémonie et le pouvoir démesuré de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, pour une plus grande efficacité structurelle de l’institution.
  2. L’adoption d’une disposition limitant définitivement le mandat des chefs d’État et de gouvernement, afin de consolider davantage les principes de convergence constitutionnelle et de démocratie dans notre communauté.
  3. L’implication forte et urgente des plus hautes autorités dans la libération des prisonniers politiques, notamment Mamadou Billo Bah et Oumar Sylla en Guinée, et le Prince Fadel au Togo.
  4. La poursuite incessante des discussions avec les pays frères de l’ESA, pour la mise en œuvre de réformes susceptibles de garantir le maintien de ces pays au sein de la grande communauté des 15 Etats membres.

Enfin, le Sommet exhorte la société civile ouest-africaine à continuer d’œuvrer en solidarité pour que la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie deviennent une réalité tangible dans chaque État membre et au sein de notre institution commune.

Accra, le 27 août 2024

 

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