N’Zérékoré : Le métier de tisserand permet de subvenir aux besoins familiaux, selon Kolou Koivogui, enseignante et tisserande

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Le tissage, un métier artisanal ancré en Guinée depuis plusieurs années, consiste à fabriquer des étoffes de coton ou de satin. Dans la région forestière, Kolou Koivogui, enseignante et l’une des rares femmes tisserandes de la commune urbaine de N’Zérékoré, perpétue cette tradition. Lors d’une rencontre avec notre correspondant régional le week-end dernier, elle a partagé les raisons qui l’ont poussé à exercer ce métier, ainsi que les avantages et les défis qu’elle rencontre.

Kolou Koivogui a expliqué ce qui l’a motivée à reprendre un métier autrefois réservé aux hommes : « Dans notre enfance, nous voyions nos parents pratiquer ce métier. Aujourd’hui, beaucoup ont arrêté ou sont décédés, et la nouvelle génération ne s’y intéresse plus. Les gens doivent maintenant acheter des vêtements traditionnels à l’étranger pour les mariages. Je me suis donc demandé pourquoi nous ne continuons pas à exercer cette pratique ici. J’ai alors sollicité un ancien, le vieux Maoro, qui a accepté de m’apprendre. Depuis octobre 2017, je pratique ce métier. »

Kolou Koivogui souligne les bienfaits de son métier : « Au début, nos vêtements ne se vendaient pas car les gens ne connaissaient pas notre atelier. Mais aujourd’hui, beaucoup viennent acheter des habits traditionnels pour des mariages, et même des chefs coutumiers passent commande. Cela nous permet d’acheter du matériel et de subvenir aux besoins de ma famille. Les avantages de ce métier ont même poussé certains de mes enfants à l’apprendre en plus de leurs études. Récemment, un client a commandé trois complets à ma fille cadette, ce qui lui a permis de garder les bénéfices. »

Kolou Koivogui souhaite moderniser son atelier et solliciter l’appui de l’État et des particuliers : « Les équipements traditionnels que vous voyez ici proviennent en partie des villages. Mon maître n’a pas vécu assez longtemps pour m’apprendre à fabriquer les outils. J’ai donc dû me rendre dans mon village de Koyama pour trouver des familles qui pratiquaient encore ce métier et obtenir ces équipements. J’ai également suivi des formations avec des Burkinabés pour moderniser quelque peu notre matériel. Je continue de chercher des moyens d’améliorer nos équipements de travail. J’appelle donc à l’aide de l’État, des ONG et des personnes de bonne volonté pour rendre notre travail plus attractif. »

Avec plus de vingt apprentis, Kolou Koivogui encourage d’autres femmes à se former dans son atelier : « L’ONFPP nous a envoyé soixante personnes à former. Après la fin de la formation, une quinzaine sont revenues pour continuer. Avant cela, j’avais 13 apprentis. Aujourd’hui, je forme 28 personnes. Toutes celles qui travaillent avec moi parviennent à subvenir aux besoins de leurs enfants et à aider leurs maris. Je demande à toutes les femmes de venir apprendre ce métier. »

Kolou Koivogui incarne la résilience et la transmission des savoir-faire traditionnels, tout en adaptant son activité aux besoins modernes.

 

Pépé Blaise Théa pour Planete7.info

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