NOTE : Toute analyse politique de la Guinée actuelle qui ne tient pas compte des facteurs ethniques est dénuée de substance. On ne peut pas mener une véritable analyse de la situation actuelle de la Guinée sans aborder la question ethnique. C’est la réalité. Cela ne signifie pas que parler d’ethnicité soit de l’ethnocentrisme. C’est la réalité qui s’impose pour mener des analyses académiques rigoureuses. Ci-dessous l’intégralité du document à lire!
Les Treize Scénarios Prospectifs de la Transition Militaire en Guinée
Compte tenu de la conjoncture sociale et politique actuelle en Guinée, marquée par une transition militaire, il est impératif d’analyser les faits et d’envisager les divers dénouements possibles. La question primordiale qui hante l’esprit des Guinéens est la suivante : quel sera l’aboutissement final de cette transition ? Pour y répondre, il est crucial d’examiner les dynamiques sociales, ethniques et politiques contemporaines du pays et d’en déduire les scénarios envisageables.
Avant de procéder à une analyse approfondie, il convient de contextualiser historiquement la situation :
En 2010, la Guinée a organisé sa première élection libre et transparente, que Cellou Dalein Diallo (UFDG/Peul) a remportée au premier tour, comme le reconnaît aujourd’hui une grande partie de la classe politique. Cependant, la naïveté politique de Diallo à l’époque, combinée au fardeau qu’il portait en tant que dignitaire du régime corrompu de Lansana Conté, a conduit à une pression internationale, notamment de la France et d’autres puissances, en faveur de son adversaire, Alpha Condé (RPG/ Malinké). Condé était perçu comme « non corrompu » et « propre », offrant une rupture avec les systèmes corrompus, tandis que Cellou Dalein représentait une continuité avec l’ancien régime.
De plus, le général Sékouba Konaté, un Malinké, était chargé d’organiser l’élection après que le capitaine Moussa Dadis Camara ait été blessé par balle et interdit de retour au pays. Une pression ethnique a été exercée sur le général Konaté pour qu’il transfère le pouvoir à Alpha Condé, également Malinké, ce qui a conduit à des fraudes électorales. Alpha Condé a été déclaré vainqueur des élections et a accédé à la présidence. Bien que cette élection ait été marquée par des controverses et des contestations, accentuant les divisions ethniques, elle a aussi suscité un espoir considérable. Condé, perçu par beaucoup comme le « Mandela » guinéen, incarnait l’espoir de renouveau même pour ceux qui ne le soutenaient pas initialement. Il avait la possibilité de réformer le système et de tracer une nouvelle voie pour la Guinée et son peuple.
Cependant, le règne d’Alpha Condé de 2010 à 2021 a été caractérisé par la corruption, la fraude électorale, les assassinats, une exacerbation des divisions ethniques et des troubles civils. La volonté inébranlable de Condé de se maintenir au pouvoir à tout prix, à l’instar de ses prédécesseurs Sékou Touré et Lansana Conté, a conduit à de nombreux cas de fraude électorale, à la mort de centaines de Guinéens pendant et après les élections, et à des troubles civils persistants. Condé est demeuré au pouvoir jusqu’à son renversement par un coup d’État militaire dirigé par le colonel Mamady Doumbouya (Malinké/CNRD) en septembre 2021.
Réfléchissons maintenant aux événements qui ont conduit à ce coup d’État militaire dirigé par le colonel Mamady Doumbouya (Malinké/CNRD) :
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Les Treize Scénarios Prospectifs de la Transition Militaire en Guinée
Abdourahamane Diallo
Scholar guinéen-américain.
Spécialisé en géopolitique et en conception de scénarios macroéconomiques.