Nouveau rapport de force entre la CEDEAO et les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) : Burkina Faso, Mali et le Niger. Quel enjeu pour la CEDEAO et pour la Guinée ?

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Le rapport de force entre la CEDEAO et les pays en transition notamment, ceux du sahel prend une nouvelle dimension géopolitique et diplomatique. Le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la communauté, fragilise davantage l’instance sous-régionale dans sa diplomatie préventive et coercitive. Elle se décrédibilise du jour au lendemain avec des crises naissantes (crise institutionnelle au Sénégal) autrefois, model démocratique, de stabilité et un levier diplomatique de l’organisation dans la gestion des crises.

A ces pays, s’ajoute, la Guinée en transition également, après la prise du pouvoir par l’armée le 05 septembre 2021. Elle fait objet de sanction de la part de la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de la CEDEAO.

Toutefois, cette énième crise au sein de la CEDEAO peut changer la donne dans les relations entre Conakry et Abuja (CEDEAO). En effet, la Guinée intéresse désormais de près l’instance sous régionale, non pas pour évaluer les mesures de restrictions et du processus de transition amorcé depuis quelques mois, voire, années. Mais surtout et avant tout pour faire de la Guinée un levier diplomatique pour la CEDEAO dans ses rapports avec les pays de l’AES.

La diplomatie guinéenne doit saisir cette opportunité pour se replacer au centre de la diplomatie sous régionale. Ainsi, les enjeux sont énormes à la fois pour la Guinée et pour la CEDEAO.

*Pour ce qui est de la Guinée dans ses relations avec la Communauté, elle doit :

– Relancer le dialogue et rétablir la confiance avec la CEDEAO. Cela va permettre de sortir le pays de l’isolement et l’éviter des sanctions supplémentaires contraignantes ;

– Être un relais diplomatique entre les pays de l’AES et la CEDEAO dans une éventuelle négociation pour le maintien de ces pays au sein de l’organisation ;

– Porter la cause des pays en transition auprès de la CEDEAO afin de redéfinir toutes les relations et évidement, une sortie de crise inclusive dans ces trois (3) pays.

*Quant à la CEDEAO

Le maintien de la Guinée en son sein est fondamental pour l’organisation pour plusieurs raisons :

– Garder la Guinée dans l’organisation est une garantie de la continuité territoriale entre les Etats membres se situant à l’ouest et à l’est des pays en transitions ;

–  Convaincre la Guinée d’adopter une posture différente des pays de l’AES afin d’ouvrir des nouvelles perspectives au pays dans ses relations avec la CEDEAO.

– Eviter que Conakry adopte une politique de « suivisme » pour prévenir la discontinuité territoriale, car, en cas d’une éventuelle sortie de la Guinée qui, il faut le rappeler n’est pas à l’ordre du jour, il y aura forcément une discontinuité entre les pays membre de la CEDEAO se trouvant géographiquement au Nord -Est de la Guinée (Sénégal, Guinée Bissau, Sud-Est du pays (Siéra Léone, Liberia et la Cote d’ivoire).  Cette dernière est d’ailleurs, le relais entre la Guinée et les autres membres de la CEDEAO (Benin, Ghana, Nigeria et Togo).

La diplomatie Guinéenne doit vite saisir cette reconfiguration géopolitique et diplomatique pour entre autres :

– Être au centre de la diplomatie ouest africaine, en dépit de son statut de pays en transition ;

– Sortir le pays de l’isolement diplomatique ;

– Eviter au pays des sanctions supplémentaires sévères ;

– Obtenir une garantie de l’accompagnement de la CEDEAO et de ses partenaires : Union Africaine, Organisation des Nations Unies, Union Européenne, France, Etats Unies du processus de transition.

– Rétablir la confiance entre elle et l’organisation et par ricochet, l’UA, l’ONU et l’UE, pour une transition inclusive et crédible.

 

Amadou Lamarane Bah

Diplômé en Relations Internationales

Doctorant en droit public/ FSJP/UCAD

amadoulemaire@yahoo.fr

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