Notre Simandou, l’éléphant arrive-t-il avec un pied cassé ? (Par Oumar Totiya Barry)

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Le PCA de Rio Tinto Simfer a annoncé cette semaine l’abandon de la construction du port en eau profonde de Moribaya, au profit de l’évacuation du minerai par des barges. La construction de la jetée de 18 km reliant la haute mer au fleuve de Moribaya est abandonnée, très peu rentable, dit il.

Un raccourci dans les projets miniers propre à la Guinée; En 2014, une entreprise minière s’installe dans la région et entame la production de la bauxite avec des méthodes rudimentaires : sans EIES, transport par route minière au travers des villages, flots ininterrompus de barges reliant les points de chargement de Katougouma et de Dapilon à la haute mer. Bref, ce sont les erreurs du passé.

Le projet du Simandou est annoncé depuis 2020, tambour battant, comme structurant et moteur de croissance pour l’économie guinéenne. C’est évident.

Le port en eau profonde de Moribaya servirait, à ce titre, aussi bien à évacuer le minerai qu’à désengorger le port de Conakry, tout en développant un nouveau pôle économique dans le corridor sud de la Guinée. Ce qui ne semble plus être le cas, Conakry et les miniers ont l’air pressé de brandir l’éléphant, au bout d’une année ou deux. Le transport par barges, l’expérience de Boké l’atteste, soulèvent des préoccupations environnementales et sociales énormes. Pour le Simandou, ce serait plus de 100 millions de tonnes de fer à évacuer, chaque année, sur ces plateaux géants, dans une zone où se pratiquent de fortes activités de pêche et agricoles.

Que deviendront ces milliers de personnes qui vivent de ces activités à Singuelin, Madinagbe, Kaback, Moribaya, Matakang ?

Les agendas politiques pressent, c’est vrai. Mais la Guinée ne peut profiter entièrement de son secteur minier, sans une stratégie globale qui associe les projets miniers à un développement régional intégré.
La captation rapide de la rente pour alimenter les caisses de l’État est au cœur des motivations qui sous tendent l’essentiel des projets miniers en Guinée. Quoique, cette logique est bien vernie dans le discours politique par ce qu’on appelait au nord de la France, dans le bassin minier, par l’expression « mythologie minière ». En Guinée, ce mythe s’appelle « Contenu local.

Oumar Totiya Barry

 

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