Nouvelle Constitution : la Guinée s’écrit au pluriel (par Boubacar Koyla DIALLO)

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La Guinée, ce beau pays niché dans la partie ouest de l’Afrique au sud du Sahara avec ses 300 kilomètres de côte maritime le long de l’océan Atlantique, avec une superficie de 245 857 km2. Premier pays à sonner le glas de la colonisation. La Guinée a tout, mais le Guinéen a besoin de tout. Alors, comment sortir de ce bourbier ? De quelle Guinée voulons-nous ?

Eh bien, comme en 1958, le pays a besoin d’un sursaut patriotique. Un nouvel élan pour tracer les sillons du progrès. Une Guinée prospère dans l’unité est bien possible. Cela commence par les lois qui nous gouvernent. D’où l’intérêt de prendre part à l’initiative du Conseil National de la Transition. Pour la première fois de l’histoire, les Guinéens de toutes les obédiences et sensibilités, sont invités à participer aux différentes étapes de l’élaboration de la Constitution. Le Président du CNT ne cesse d’interpeller ses compatriotes : « venez, nous allons écrire ensemble, une Constitution qui nous rassemble et nous ressemble » insiste Dr. Dansa KOUROUMA. Car, pour lui, la légitimité d’une Constitution dépend de la transparence dans le processus de son élaboration. Depuis son installation, l’organe législatif de la Transition, pied sur l’étrier, s’est lancé dans une démarche d’inclusivité. Des missions de Consultation des populations guinéennes sur l’ensemble du territoire national, l’organisation du symposium sur le Constitutionalisme (branche académique du processus) et la tenue depuis ce lundi, 15 mai 2023 pour deux semaines, du débat d’orientation constitutionnel, sont entre autres, des actions qui visent à impliquer tout le monde.

Avec cette démarche, le CNT envoie un signal fort aux Guinéens. Celui de dire que la Constitution est si importante, qu’elle ne saurait être une affaire d’un groupe de personnes pour rédiger un texte en fonction de leurs propres perceptions pour soumettre aux citoyens qui n’ont pour simple moyen d’action, que de dire ‘’ oui ou non’’ lors du référendum. Dans un passé récent, à la place du peuple, un simple décret a suffi pour valider la Constitution. Pour justement éviter une malformation congénitale, il est important de prendre les dispositions nécessaires. Avant d’accorder son blanc-seing au collège de rédacteurs à visages découverts, de notre Loi mère, le peuple doit dire son Mot ! C’est ce que le Constituant (CNT) veut nous faire comprendre. Car, comme un mirador, il revient au peuple, de veiller au grain. Et la meilleure façon de le faire, est de prendre part à l’élaboration du texte qui doit nous régir.

Dans la nouvelle Constitution, il nous est demandé de définir la forme républicaine de l’État, le mode d’élection et les pouvoirs du Président de la République. Faut-il garder le rôle assez présidentialiste du chef de l’État ? Notre représentation nationale doit-elle être d’une ou deux chambres ? Doit-on ouvrir les candidatures indépendantes aux élections nationales (présidentielle et législatives) ? Que faut-il pour éviter une constellation des institutions ? Quelle place pour nos langues et les légitimités traditionnelles (chefs coutumiers) ? Autant de questions parmi tant d’autres qui nous interpellent tous. L’occasion est offerte à chaque citoyen de contribuer au débat.
La Constitution doit être ce miroir où chaque citoyen se reconnaît et se regarde pas pour contempler sa beauté, mais pour cerner les enjeux de l’heure.

Est-il besoin de préciser que dans la construction de la Guinée nouvelle, il est important de travailler également pour l’instauration d’une conscience patriotique et républicaine. Car, il a été malheureusement constaté que nous avons souvent de bons textes, mais les hommes chargés de les appliquer ont manqué de courage voire même d’intégrité vis-à-vis de l’État.

C’est pourquoi, il faut créer le « nouveau Guinéen ». Ce nouveau Guinéen n’est pas un postulat pré fabriqué qui viendra changer les choses. Cela passe par une prise de conscience collective et un engagement patriotique en vue d’inverser la tendance et surtout l’éducation et la culture de l’exemplarité de l’élite. Les dirigeants, leaders d’opinion et les autres entités qui ont une influence sur la société, doivent être vertueux et défendre cette vertu. Grâce à un leadership éclairé et assumé, la Guinée a toutes les chances de s’en sortir. C’est un défi qui nous interpelle. Et, il est bien possible de relever ce défi. Il suffit d’y croire et travailler ardemment.

Boubacar Koyla DIALLO, journaliste

Tél : 00224 620 72 54 86

 

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