Sécurité sociale : 10 années après, des pensionnés et veuves rétablis dans leurs droits (Par Bhoye GOUMBA)

C’est sans doute l’une des meilleures nouvelles qui soient arrivées à la population de Fria depuis les contingences économiques et sociales à l’usine de Rusal FRIGUIA en 2012 qui ont été à la base d’une injustice sociale aux conséquences néfastes.

En effet, depuis 2012, les populations de Fria en général, les travailleurs et veuves d’anciens salariés de l’usine Rusal en particulier, ont mené un combat pour que les assujettis à la CNSS qui travaillent à Rusal puissent jouir de leurs droits à la sécurité sociale. Toutes les tentatives menées à cet effet n’ont abouti à rien car, il y avait un manque de volonté politique de régler cette affaire. Nous nous souvenons tous d’ailleurs des multiples grèves que les populations de Fria avaient fait à cause de cette situation, jusqu’à ce que les femmes de la cité d’alumine déménagent dans les rues de Fira, y cuisinent leur repas en y passant des nuits.

Le 05 janvier 2023, les veuves des anciens travailleurs de Rusal, au regard de la rectification de l’injustice subie par les guinéens que prône le CNRD, se sont données rendez-vous au palais Mohamed 5 pour se faire entendre par le Président de la transition, afin qu’une solution heureuse soit trouvée à leurs problèmes.

Aussitôt saisi de la situation, le Chef de l’Etat a instruit le gouvernement et la CNSS d’agir pour qu’une rectification soit opérée afin de rétablir les concernés dans leurs droits.

C’est dans ce cadre que le Directeur Général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale a séjourné à Fria les 07 et 08 janvier 2023 pour toucher du doigt les réalités des travailleurs retraitables et veuves des anciens travailleurs de l’usine Rusal FRIGUIA.

Un mois après cette mission du DG de la CNSS à Fria, la maison des jeunes de la cité de l’alumine a servi de cadre pour l’indemnisation des pensionnés et des veuves des anciens travailleurs de Rusal, le vendredi 08 février 2023.

Bakary SYLLA, Directeur Général de la CNSS, dans un discours qui a fait couler les larmes de certaines veuves, s’est dit heureux et enthousiasmé d’être à Fria à l’occasion de la rectification de cette injustice sociale « Je suis très heureux et enthousiasmé d’être à Fria aujourd’hui pour partager avec vous cet instant de grande solennité, à l’occasion de la rectification de l’injustice sociale dont est victime depuis 2012, les veuves et orphelins des anciens travailleurs mais aussi des travailleurs retraitables de l’usine de Rusal FRIGUIA. En effet, depuis plus d’une dizaine d’années, des mères de famille qui ont perdu leurs époux, avec à leur charge des orphelins sans aucune source de revenu, des personnes du troisième âge privées de faire valoir leur droit à la retraite, s’interrogent sur leur sort car, toutes leurs tentatives d’être rétabli dans leur droit, s’étaient soldées par un échec. Durant ces années d’attente, certaines des personnes qui devaient être rétablies dans leur droit aujourd’hui, ont malheureusement perdu la vie. Ils ne vont pas donc, de façon directe, jouir de leur droit à une pension de retraite ou à une allocation de vieillesse ».

Poursuivant son intervention, M. SYLLA en vrai technicien de sécurité sociale, a tenu à rappeler que malgré le rappel à Dieu des anciens travailleurs de Rusal, leurs ayants droit bénéficieront de la réversion car dit-il « la beauté de la sécurité sociale est que, quand un assuré cotise, il se protège mais aussi protège ses ayants droit des risques sociaux. C’est pourquoi, les ayants droit des assurés décédés à savoir leurs conjointes ou conjoints et leurs enfants mineurs à charge, bénéficieront de la réversion ».

Si depuis 2012 ces assurés ne sont pas rentrés en possession de leur droit, c’est parce que d’une part il y avait un manque de volonté politique, d’autre part la non application du code de sécurité sociale.

C’est pourquoi dira le DG de la CNSS « Pour le Chef de l’État et le CNRD, aucun guinéen ne doit être victime d’une injustice, surtout quand il s’agit des orphelins, veuves et personnes du troisième âge ».

 Pour Bakary SYLLA, si la CNSS a pu rétablir ses assurés dans leurs droits, c’est parce que des réformes ont été engagées à la CNSS, chose qui a permis d’avoir des moyens financiers pour le faire « Cela est sans aucun doute, le fruit des réformes qui ont été engagées au sein de l’administration publique en général, à la CNSS en particulier, depuis l’avènement du Comité National du Redressement pour le Développement (CNRD) est au pouvoir ».

 Le Ministre Julien YOMBOUNO, Ministre du Travail et de la Fonction Publique, Ministre de la Tutelle Technique de la CNSS qui avait présidé, a précisé dans son intervention « La rectification, celle institutionnelle et celle de toute sorte d’injustice sociale à tous les niveaux, est l’une des valeurs prônées par le Chef de l’État, Chef suprême des Armés, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA et le CNRD ».

Pour le Ministre, malgré la violation du droit de ces personnes, il a fallu l’arrivée du CNRD au pouvoir pour qu’une solution heureuse soit trouvée « il a fallu l’arrivée au pouvoir du CNRD à sa tête le Colonel Mamadi DOUMBOUYA, Président de la Transition, Chef de l’État, pour qu’une solution immédiate soit trouvée à ce problème ».

Pour le porte-parole des retraités, M. Joseph Gnakoye, mis à la retraite depuis 2014, cette date du 08 février est un jour historique pour eux. Il a tenu à remercier DIEU et les autorités de la transition « Aujourd’hui est pour nous un jour de gloire. C’est pourquoi nous rendons grâce à Dieu. Nous remercions nos braves veuves qui ont eu le courage d’aller devant le chef de l’Etat, le Colonel Mamadi Doumbouya. Nous nous sommes battus, nous avons écrit, réécrit, fait beaucoup de mémos et plusieurs délégations sont venues… Mais la solution tardait à venir. Merci aux braves veuves… ».

Il est à noter que sur un total de 450 personnes concernées par ce dossier, 198 ont été rétablies dans leurs droits. Les autres concernés seront rétablies dans leurs droits au fur et à mesure que leurs dossiers seront déposés à la CNSS.

Bhoye GOUMBA, spécialiste en sécurité sociale.