Administration : Des décisions de la haute hiérarchie, non exécutées au Ministère de la Sécurité et de la Protection civile ? (Tribune) !!!

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Le 05 septembre 2021 les Guinéens se sont réveillés au petit matin avec un nouveau régime à la tête du pays. Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya, renversait le régime de l’ancien Président de la République, Pr Alpha Condé. Ce changement fut salué par les guinéens désireux de sortir de la décennie de « Gouvernance Alpha Condé » largement écornée par un 3ème mandat arraché au forceps avec son corollaire de victimes. Ainsi s’ouvrait pour la Guinée de nouvelles perspectives dans le cadre d’une nouvelle Transition que tout le monde espère la dernière.

Les nouvelles autorités se sont engagées devant la communauté nationale et internationale à doter la Guinée d’Institutions solides articulées autour des cinq valeurs du CNRD à savoir : « La Rectification institutionnelle ; la Refondation de l’Etat ; le Rassemblement ; le Redressement et le Repositionnement ».

Quatorze mois plus tard, force est de reconnaitre que beaucoup a été fait en si peu de temps, mais, beaucoup reste à faire car les anciennes pratiques qui ont plombé le pays n’ont toujours pas complètement disparues dans la sphère de la gouvernance étatique. C’est peu de le dire !

Tenez par exemple, le Colonel Mamadi Doumbouya, homme d’action qui a pris la mesure du problème guinéen, a fixé plusieurs objectifs prioritaires qui s’inscrivent dans le cadre du développement de la Guinée. Plusieurs hauts cadres guinéens ont été nommés à cet effet dans différents Départements ministériels, Etablissements Publics à caractère Administratif (EPA), et Structures d’appui.

L’une des premières priorités annoncées par le Président de la Transition, Chef de l’Etat et Chef suprême des armées fut « le toilettage de l’Administration guinéenne » complétement gangrénée par la corruption, le clientélisme et le népotisme. La nomination du Ministre de la Fonction Publique et du Travail, Julien Yombouno répondait à cet objectif de ce département. A date : « La suppression de près de 12 mille agents qui percevaient leurs salaires sans être postés ; le toilettage du fichier de l’Administration publique qui a permis de libérer 11.000 postes. Suite à l’assainissement de ce fichier, la Guinée fait une économie mensuelle moyenne de près de 32 milliards de francs guinéens ». Et l’objectif de l’assainissement du fichier se poursuit comme en témoigne la radiation, le 30 novembre 2022 de 244 fonctionnaires qui étaient en position du double mandatement.

La seconde priorité et non des moindres concerne la sécurisation des frontières du pays et la sécurisation des populations et de leurs biens.

Malgré une volonté indéniable de la part du CNRD, les mauvaises pratiques perdurent encore dans certains Départements ministériels notamment celui de la Sécurité et de la Protection Civile. En dépit des instructions données par le Chef de l’Etat et les efforts fournis par le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile pour le redressement de son Département, certains cadres tiennent mordicus à leurs privilèges malsains acquis dans un passé plus ou moins récent. Ces cadres tapis dans l’ombre ne veulent point entendre parler de changement, à plus forte raison l’appliquer pour le bien des populations.

La réticence au changement, le mépris affiché de la hiérarchie, l’arrogance et le refus de certains cadres d’appliquer correctement les Décisions de leur responsable hiérarchique, sont autant de tares qui sapent la volonté de chargement en cette période de Transition et donc d’exception.

Tout porte à croire que les hautes Autorités du pays commencent à prendre la mesure du problème de réticence au changement ; comme en témoigne le récent limogeage au sein du département de l’Administration du territoire et de la décentralisation de certains hauts cadres indélicats dont des (Préfets de Mandiana, Siguiri), suivi de la révocation des sous-préfets.

Les regards sont donc tournés vers le Ministère de la Sécurité et de la Protection civile que dirige le Ministre Bachir Diallo dont la réputation d’« homme de poigne » est connue de tous.

Le Ministre Bachir Diallo a dans le cadre de la refondation de l’Etat, lancé plusieurs réformes visant à moderniser son Département afin de répondre aux objectifs sécuritaires qui lui ont été assignés par le Président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya.

Parmi les reformes phares du Département de la Sécurité et de la Protection civile, figure celle relative à la création de l’Office National d’Identification (ONI) qui est chargé désormais de la délivrance des documents d’identité, de voyage et de séjour.

A la suite de la nomination d’un Directeur Général et d’un Directeur Général Adjoint par Décret présidentiel en date du 12 mai 2022, à la tête de l’Office National d’Identification (ONI), un siège a été mis à disposition et entièrement aménagé et équipé. L’objectif de cette réforme est de décharger la Direction Centrale de la Police aux Frontières (DCPAF) de certaines tâches quotidiennes liées à la production des documents de voyage.

Cette réforme en tant que priorité majeure du Président de la Transition, vise à renforcer et permettre à la Direction Centrale de la Police aux Frontières (DCPAF) de jouer pleinement son rôle régalien de surveillance des frontières guinéennes. La DCPAF avec l’appui des partenaires de la Guinée, sera renforcée ; elle veillera efficacement au respect de la réglementation relative à la circulation transfrontalière et coordonnera la lutte contre l’immigration irrégulière, la circulation des personnes aux frontières terrestres, maritimes, ferroviaires et aéroportuaires (émigration, immigration).

De l’avis de plusieurs personnes ayant visité le siège de l’Office National d’Identification ‘’ONI’’, cette réforme est attendue avec impatience car celle-ci apportera des solutions concrètes et novatrices aux problèmes de délivrance des passeports et cartes d’identités. Elle soulagera par ailleurs nos compatriotes vivant tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Malheureusement, nous avons appris auprès des sources introduites au sein du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, que cette réforme majeure est très mal perçue par certains cadres de la DCPAF qui ne veulent guère en entendre parler.

Pour rappel, le Président de la Transition dénonçait le 17 novembre 2022, lors du Conseil des ministres dont le compte rendu a été diffusé par la télévision nationale je cite : « Le dernier point du message du Chef de l’État a consisté en un constat regrettable selon lequel l’émission des passeports de services guinéens est manifestement soumise à des manœuvres frauduleuses permettant à des personnes étrangères et non habilitées à se faire procurer des ordres de missions et des visas de voyage. Le Président de la Transition a instruit à cet effet les Ministres Secrétaire Général de la Présidence, de la Sécurité, de l’Administration du Territoire et des Affaires Étrangères, à lui déposer à bref délai un projet de décret règlementant l’émission des passeports de service. Monsieur le Président de la Transition a mentionné au passage que les passeports qu’ils soient ordinaires, de services ou diplomatiques ne sont pas que de simples documents de voyage, ils engagent également la crédibilité de la Guinée à l’international ».

Il y’a lieu d’attirer l’attention des hautes autorités de la Transition, afin qu’elles situent les responsabilités des uns et des autres dans lesdites ‘’manœuvres frauduleuses’’ qui entourent l’émission des passeports qu’a dénoncé le Chef de l’Etat.

Pour mettre fin aux mauvaises pratiques héritées de la ‘’gouvernance Alpha Condé’’ et de  faire appliquer les réformes initiées par le CNRD, le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile Bachir Diallo a décidé, le 16 novembre 2022, à la veille du Conseil des ministres du 17 novembre 2022, de transférer les activités de production des documents d’identité de voyage et de séjour, de la Direction générale de la police nationale (DGPN qui coiffe la DCPAF) à l’Office National d’Identification (ONI) dont le site est désormais prêt à être opérationnel.

Selon des sources internes à la DCPAF qui ont requis l’anonymat, des cadres ‘’refusent’’ l’exécution effective de cette décision du Ministre pour des raisons qui leur sont propres. Une manière de dire que les anciennes pratiques continuent de plus belles à la DCPAF.

Quant au siège de la nouvelle Direction de l’Office National d’Identification ‘’ONI’’, les préparatifs vont bon train, les locaux ont été rénovés et équipés, un personnel compétent composé essentiellement de jeunes policiers universitaires pour la plupart, sortant de l’Ecole Nationale de Police et de Protection Civile vient d’être formés. Ces derniers attendent avec impatience leur prise de fonction. Ils seront encadrés par des cadres expérimentés de la police qui n’ont pas trempé dans le petit business entourant la production des passeports. C’est une farouche exigence des autorités de la Transition qui veulent tourner la page des pratiques malsaines qui n’honorent pas la Guinée.

Dans le cadre de la mise en œuvre de cette réforme majeure, nous avons appris qu’un plan de déploiement de l’ONI à l’intérieur du pays et dans les Ambassades est en cours d’élaboration avancée ayant pour objectif d’apporter une réponse aux instructions du Chef de l’Etat qui ne veut plus voir des Guinéens de l’intérieur ou de la Diaspora venir jusqu’à Conakry, attendre des mois et après moult raquettes obtenir dans la douleur le fameux passeport.

Le Président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya est formel : il veut que les Capitales des quatre (4) régions naturelles du pays soient dotées de Centres modernes d’enrôlement pour les passeports afin de soulager nos populations. Il veut également que la carte nationale d’identité biométrique soit disponible et accessible sur l’ensemble du territoire national.

Un des objectifs assignés à l’ONI par la tutelle technique et par les hautes autorités est d’: « offrir un service public de qualité aux guinéens dans un délai raisonnable en alliant efficacité et efficience », a indiqué notre interlocuteur qui estime d’ailleurs, qu’une collaboration entre leur Service et celui de l’Etat Civil relevant du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) est indispensable notamment dans le cadre de l’octroi du Numéro d’Identification Personnel (NIP) et de l’interopérabilité entre les différentes bases de données des services concernés.

En cette phase de refondation de l’Etat et de rectification institutionnelle, il est primordial que la volonté affichée par le Chef de l’Etat et ses instructions se matérialisent sur le terrain par leur application effective. Tous les hauts cadres doivent s’inscrire dans cette dynamique nouvelle pour sortir notre pays de l’ornière.

Oumar M’Böh

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